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10 courts métrages d’art urbain qu’il faut avoir vus

Nicolas Gzeley 6 janvier 2020
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Si les acteurs du street art et du post-graffiti se sont emparés des nouvelles technologies – notamment des réseaux sociaux – pour diffuser leurs œuvres aux quatre coins du monde, nombreux sont ceux qui usent des derniers instruments technologiques comme autant d’outils artistiques. En témoigne la profusion de courts métrages dédiés à l’art urbain qui pullule sur la toile depuis près de quinze ans. La part belle revient au time-lapse et au stop-motion, ces films réalisés à partir de photographies qui défilent une à une de manière à créer une animation saccadée. La démocratisation de nouvelles caméras – du simple téléphone portable au drone – et des outils de montage numérique permet aujourd’hui à un grand nombre d’artistes touche-à-tout de réaliser eux-mêmes leurs films, alors conçus comme des œuvres à part entière. Artistik Rezo a sélectionné pour vous un petit florilège de courts métrages d’art urbain où la vidéo ne sert plus seulement à montrer une peinture ou son processus de création, mais à véritablement produire une œuvre indépendante et originale.

Muto – Blu

Depuis 2001, l’artiste italien connu pour ses fresques géantes et son engagement politique s’est essayé à plusieurs reprises au court métrage d’animation. En 2007, il amorce un nouveau concept avec des animations peintes directement sur les murs. Dans un bâtiment désaffecté ou sur les murs blancs d’une galerie, Blu peint une à une chaque image, immédiatement effacée et remplacée par la suivante, créant ainsi une animation in situ. Avec Muto, Blu investit un quartier entier de Buenos Aires où l’on suit durant près de sept minutes les mutations morphologiques de ses personnages, tour à tour humains, animaux, insectes ou robots.


Ossario – Alexandre Orion

Les interventions urbaines d’Alexandre Orion ont toutes pour dénominateur commun la place de l’homme dans la ville. Dans son film Ossario réalisé en 2006, on suit l’artiste dans un tunnel autoroutier du centre ville de São Paulo où il dessine à l’aide d’un simple chiffon un ossuaire composé de centaines de crânes. Frottant la suie déposée sur la paroi par les milliers d’automobiles qui circulent chaque jour, Alexandre Orion révèle les stigmates de l’activité humaine et ses conséquences sur l’environnement.


Heavy Sleepers – Ella & Pitr

Depuis près de sept ans, les géants d’Ella & Pitr se nichent sur les toits de nos villes. Recroquevillés sur eux mêmes, ils semblent s’être réfugiés sur les hauteurs des bâtiments pour mieux fuir le tumulte de nos métropoles. Comme un album de famille, Heavy Sleepers passe en revue les dernières créations du couple stéphanois. Filmés au drone, les colosses endormis nous font un dernier clin d’œil avant de tirer leur révérence, effacés au Kärcher ou ensevelis sous la pierre.


Mausolée – Lek & Sowat

En 2010, Lek et Sowat investissent un ancien supermarché abandonné près de la porte de la Villette. Pendant près d’un an, dans la clandestinité et le secret le plus total, ils invitent une quarantaine de graffeurs à les rejoindre quotidiennement pour recouvrir les 40 000 mètres carrés de murs vierges qui s’offrent à eux. Sur une musique de Philip Glass, ce court métrage dévoile leur projet à travers 8000 images d’archives qui défilent durant sept minutes dans un flot hypnotique. Sept minutes d’innovations visuelles et de poésie où se conjuguent graffiti et art contextuel.


Vhils – M.I.R.I.A.M.

Explorant les différentes strates des murs de nos villes comme autant de pages d’histoire, Vhils s’est rapidement imposé sur la scène street art avec une technique inédite. Pour l’artiste portugais, il ne s’agit pas de peindre ni de sculpter, mais de creuser la matière pour y faire apparaître ses portraits. En 2011, il réalise pour le groupe Orelha Negra un clip sublime et dévoile un nouveau mode opératoire : l’usage d’explosifs intégrés aux murs. Une prouesse technique filmée au ralenti où l’artiste révèle ses créations picturales par la destruction du support.


Limitless – Sofles & Selina Miles

Originaire de Brisbane en Australie, Sofles est une véritable machine à graffer, capable de décliner une multitude de styles, du plus simple au plus compliqué, du plus kitsch au plus stylé. En 2013, la vidéaste australienne Selina Miles met en exergue la personnalité versatile du graffeur avec Infinite puis avec Limitless. Tourné en hyper-lapse dans une usine abandonnée, le film montre Sofles en compagnie de ses amis Fintan Magee, Treas et Quench qui recouvrent un à un tous les murs du bâtiment. Avec une technicité et une inventivité remarquable, la vidéaste enchaîne les travellings syncopés et met en scène les quatre artistes qui vont jusqu’à se dédoubler, léviter ou peindre la tête en bas.


Bone Bame – Antwan Horfee

À l’occasion de la sortie du nouvel album du groupe 10LEC6 en mars 2016, l’artiste parisien Antwan Horfee et le réalisateur Armand Béraud signent un vidéo-clip à la fois surréaliste et plein d’humour. Sur les notes du morceau Bone Bame, créatures mutantes et formes psychédéliques s’enchaînent dans un rythme aussi fluide qu’effréné. Véritable prouesse au regard des 7000 dessins et de la trentaine de décors peints à la main qui le composent, ce film résonne comme un hommage aux dessins animés d’antan, lorsque l’ordinateur n’avait pas encore supplanté le travail manuel.


Letter to the President – The Barnstormers

Alors que l’administration de George W. Bush part en guerre contre l’Irak, l’artiste américain David Ellis réunit en 2003 une quinzaine d’artistes – parmi lesquels West One, Doze Green, Rorstarr ou José Parla – afin de réaliser une œuvre évolutive en forme de pamphlet pacifiste. Tour à tour, parfois ensemble, les protagonistes peignent à même le sol, s’effacent, se repassent et se mélangent, créant une image en constante mutation signée The Barnstormers.


Web 0.0 – Biancoshock

Pour Biancoshock, qu’importe la technique ou le médium utilisé, il s’agit avant tout d’interagir avec l’environnement et sa population. Depuis 2004, l’artiste milanais distille dans l’espace public diverses interventions tantôt ludiques, tantôt engagées, mêlant peintures, sculptures, installations, détournements urbains, performances et vidéos. Avec Web 0.0, Biancoshock illustre le regard sarcastique qu’il porte sur Internet et la place envahissante que prend l’espace virtuel sur notre quotidien, transposant les principaux acteurs du web dans un contexte réel, qui plus est rural.


Rewild – Escif

Trois ans après le projet Breath, qui amorçait la reforestation du mont Olivella au sud de l’Italie, l’artiste espagnol Escif s’associe cette fois avec l’ONG Splash & Burn pour dénoncer le désastre environnemental causé par la production d’huile de palme en Indonésie. Dans une narration inversée, ce film remonte progressivement le temps depuis l’actuelle industrialisation de la terre jusqu’au florissant écosystème qui s’y trouvait jadis, illustrant ainsi la campagne de restauration forestière récemment menée par l’ONG.

 

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