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Lombre : “Je souhaite mettre en lumière nos noirceurs pour y chercher de l’espoir”

24 septembre 2020
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© Kevin Spadafora

Rencontre avec un artiste prometteur aux tonalités pop, rap et électro. C’est la sincérité de Fauve mélangée à la rage de son modèle Georgio, la sagesse de Ben Mazué ou de Gaël Faye avec les valeurs – l’honnêteté et l’humilité – de Bigflo et Oli. Son premier EP est sorti le 10 septembre dernier.

Parle-nous de tes débuts dans le monde de la musique et de ta rencontre avec Bigflo et Oli. 

J’ai commencé a écrire à l’âge de 12 ans, à une période un peu difficile pour moi. J’avais besoin d’un exutoire et ça a été révélateur. Sans oublier que la musique, c’était un rêve de gosse pour moi… J’ai mis toutes les chances de mon côté pour pouvoir développer mon projet et en vivre. Ma rencontre avec Bigflo et Oli s’est faite en 2016 au Prix d’écriture Claude Nougaro à Toulouse. J’ai été lauréat et eux étaient les parrains de cette édition. Ils ont aimé ma proposition et on ne s’est jamais lâchés. 

Lombre est le premier titre de ton nouvel EP. Chanson éponyme, on la perçoit comme une affirmation de ton identité et une introduction à ton projet artistique, est-ce le cas ? 

Oui c’est exactement ça. Ce titre, je l’ai écrit au début du projet. J’avais besoin de mettre sur papier le “pourquoi du comment”, m’expliquer à moi-même qui était “Lombre”, et ça a donné ce titre. La prod, c’est un ami qui me l’a l’envoyée, et c’est le seul titre de mon répertoire que je n’ai quasiment pas touché depuis sa création. Il était évident, efficace et hyper direct. C’est ce que je voulais. 

L’intégralité de tes morceaux font référence au paradoxe de l’obscurité et de la lumière. Quel est le message qui se cache derrière l’utilisation de ce champ lexical ? 

C’est une inspiration éternelle. Ces paradoxes marquent l’identité de mon projet. J’adore jouer avec les opposés, les faire se rencontrer, parfois se déchirer, parfois les faire communiquer et les lier. Je n’avais pas envie de développer un projet qui tire vers le bas, je voulais garder cette dimension de rêve et d’espoir.

© GAB Photographe

La lumière du noir est un hommage à l’artiste peintre Pierre Soulages. D’où vient cette fascination ?

J’ai la chance de venir de la même ville que Pierre Soulages, alors vous vous doutez bien que j’entends parler de lui depuis petit. Plusieurs fois, des gens m’ont dit : “C’est fou car ta théorie se rapproche vraiment de celle de Pierre Soulages, c’est un peu du Soulages en musique que tu fais”. Alors j’ai réfléchi là-dessus et me suis rendu compte qu’inconsciemment, sa philosophie avait dû m’inspirer. L’année dernière, il fêtait ses 100 ans alors moi qui avais déjà cette idée de morceau “hommage”, j’ai précipité sa création. À la base, il ne devait pas être dans l’EP. Au final, il occupe une place centrale puisqu’il porte le nom de cet EP. Malheureusement, je ne pense pas qu’il l’ait écouté, même si j’ai tenté de lui faire passer.

Dans Crypté, tu dénonces la perte d’authenticité et le lissage de nos émotions qui accompagnent le fait de grandir et de devenir adulte. Comment l’as-tu ressenti ? Est-ce un moyen de décrypter tes émotions et de lever le tabou autour du mal-être ? 

Oui, Crypté c’est un titre important pour moi. Souvent, on se cache derrière un paraître, un manque d’authenticité et c’est quelque chose qui me gêne profondément. C’est tellement dommage de ne pas s’assumer avec ses défauts alors que ça rend parfois nos qualités encore plus belles. J’ai toujours eu cette impression d’être quelqu’un de différent, de réfléchir à des choses auxquelles personne ne pense. À l’inverse aussi, j’ai toujours eu ce syndrome du “gars pas normal”, et ce titre m’a aidé à extérioriser cela, à mieux m’assumer je crois. 

Parle-nous du morceau La Colombe

C’est un titre très imagé. J’avais envie de faire un morceau “bande dessinée” dans lequel on pouvait suivre l’aventure d’un personnage. Puis m’est venue cette idée de colombe qui s’envole, peut-être pour exprimer une naissance ou un départ. Ce que j’aime dans ce titre, c’est la notion d’envol, de libération. Je trouvais ça magique alors avec Clément Libes (ndlr : réalisateur de l’EP), on a décidé d’en faire une production très cinématographique. J’en suis ultra fier. 

Dans ton dernier clip Espoir noir, on retrouve un hommage au monde de la danse. Quel est ton lien avec cet univers ? 

Le lien est très fort. Mon père est metteur en scène d’une compagnie de théâtre amateur et grand passionné du spectacle vivant en général. Depuis tout petit, j’ai été bercé par le monde du spectacle, et j’adorais aussi bien la musique que le théâtre ou la danse. Puis un jour, au début du lycée, un copain m’a proposé d’essayer la danse hip-hop. Je me suis pris au jeu et, résultat des courses, j’ai commencé un cursus appelé “formation” avec 16h de danse par semaine, avec de la danse hip-hop mais aussi jazz, classique et contemporaine. J’ai adoré, et adore toujours la danse. Elle m’a aidé à m’assumer en tant qu’homme, à assumer mon corps et à apprendre à gérer la pression avant de monter sur scène. Aujourd’hui j’adore me produire, je vis clairement pour la scène. Alors quand Jérémie Brivet (ndlr : réalisateur du clip Espoir noir) m’a proposé cette idée de scénario, je n’ai pas hésité longtemps. Je voulais qu’on y trouve de l’humanité, avec un message universel. Je suis très fier de ce clip. Il a été tourné à Londres car Jérémie habite là-bas et avait toutes les idées de lieux et d’acteurs.

Tes projets à venir ?

L’idée est de défendre au maximum cet EP qui vient de sortir, essayer d’agrandir le cercle, la communauté, autour du projet. Et dès que cela est possible, l’idée est de remonter sur scène pour partager ma musique avec les gens, retrouver cet échange qui me manque tant. 

Plus d’informations sur le compte Instagram de Lombre. 

Propos recueillis par Philippine Labrousse

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