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Rencontre avec Eléonore Levai, co-directrice de Chapelle XIV, un lieu d’expression artistique pluridisciplinaire à Stalingrad

Chapelle XIV

Ouvert en octobre 2020, Chapelle XIV est un lieu d’arts et de rencontres situé dans le XVIIIe arrondissement à Paris. Concentrant à la fois un disquaire vinyle, Yoyaku, une galerie d’art et de design, un atelier de sérigraphie et de création artistique, l’Atelier 14 et un café, Chapelle XIV a pour vocation de faire dialoguer différentes disciplines artistiques au sein d’un même lieu, convivial et ouvert à tou.te.s.

La programmation est rythmée par de nombreuses expositions temporaires et évènements culturels. Ils permettent à chacun.e de découvrir des artistes d’horizons différents, d’échanger lors d’ateliers ou de vernissages mais aussi de se rencontrer à l’occasion de lives musicaux autour d’un verre.

Nous sommes partis à la rencontre d’Eléonore Levai Belaga, directrice de Chapelle XIV pour lui poser quelques questions afin de mieux comprendre les objectifs et le fonctionnement de ce nouveau hub culturel.

Qu’est-ce qui t’a poussée à ouvrir une galerie ?

Je n’ai jamais vraiment rêvé d’ouvrir ma propre galerie. Pour être sincère, je ne pensais pas que c’était possible sans avoir développé un réseau solide dans le marché de l’art au préalable. Le projet s’est dessiné naturellement lorsque nous avons visité l’espace. Benjamin Belaga et moi avions envie de créer un lieu qui puisse faire rencontrer différents publics passionnés par la création (musicale ou visuelle), et nous souhaitions qu’il soit chaleureux et propice aux échanges.

Pourquoi exposer de l’art contemporain plutôt que d’autres genres ?

On expose de l’art contemporain mais aussi du design et des pièces “craft” (entre l’artisanat et l’art décoratif). L’idée est vraiment de mettre à l’honneur la création émergente, qui ne finit pas de m’émerveiller et dont je pense qu’elle n’est pas assez accessible au public (seul un petit cercle d’habitué.e.s des résidences d’artistes et des centres d’art est confronté à ces artistes, il fallait casser cette barrière). Notre différence est peut-être d’offrir un prisme “domestique” fort dans la scénographie comme dans les œuvres et pièces proposées, afin que les potentiel.le.s acheteur.euse.s puissent se projeter avec.

Tu suis un calendrier, combien as-tu accueilli d’expositions depuis l’ouverture ?

Depuis notre ouverture en octobre 2020, nous avons présenté 6 expositions collectives (dont Chlorophiles, qui est en cours). Les expositions sont souvent très longues (entre 2 et 3 mois) mais cela nous permet d’organiser une programmation d’événements assez riche sur le thème de chaque exposition. Et aussi d’avoir plus de temps pour visibiliser les œuvres et les vendre ! On pourrait dire que c’est une “slow gallery”.

Le milieu de l’art est redoutable, ça n’a pas dû être facile d’ouvrir une galerie pendant ces temps difficiles de Covid, comment est-ce que ça se passe depuis l’ouverture ?

Quand nous avons ouvert, nous pensions que la crise du Covid-19 était sur la fin… Clairement, nous n’avons pas eu le nez creux. Évidemment, les restrictions nous ont obligés à nous adapter (le café a été fermé pendant des mois par exemple, nous devons faire des événements en jauge limitée etc…). Mais d’un autre côté nous avons bénéficié d’énormément de visibilité et de beaucoup de couverture presse parce qu’il y a eu très peu d’actualité d’ouvertures de nouveaux lieux pendant cette période. Cela nous a beaucoup portés, et nous a fait connaître plus vite que ce que nous imaginions. Au final, il y a du positif dans chaque moment difficile, et cela nous a poussé à être très souple et créatif.ive.

L’événementiel vous tient à cœur, vous organisez régulièrement des concerts, performances, en venant à Chapelle XIV à quoi peut-on s’attendre ?

À tout !

On essaie d’avoir une programmation assez diversifiée, qui représente un peu toutes les activités de Chapelle XIV : des concerts lives, des marchés d’illustration thématiques, des performances drag, de la danse, des projections de clip ou de vidéo. Notre équipe est très curieuse et passionnée, et cela se traduit dans une variété de propositions événementielles.

Un bref mot sur l’exposition en cours ?

Chlorophiles est une exposition collective autour du rite, du corps et de la nature. Les artistes présenté.e.s sont Jérémie Cosimi, un peintre exceptionnel basé à Marseille dont l’univers oscille entre l’hyperréalisme et l’esthétique du vestige, Rebekka Deubner qui présente sa série Tempête après tempête sur la jeunesse de Fukushima post-2011, Victor Levai et ses sculptures végétales hyper-poétiques et enfin Han-Chiao Yang qui propose une série de céramiques à la fois mystérieuses et menaçantes.

Vous lancez en parallèle un label de musique avec Chapelle XIV, peux-tu nous dire quelques mots dessus ?

Une compilation avec des artistes d’univers musicaux éclectiques est prévue pour le printemps. La pochette sera réalisée par une artiste que nous adorons. Et peut-être un mini-festival Chapelle XIV Music à la rentrée 2022 !… Stay tuned !

Sculpture d’Hugo Vessiller—Fonfreide exposée la deuxième semaine du festival ”I Wanna See All My Friends At Once”

En parallèle, depuis le 9 février et ce jusqu’au 5 mars, Chapelle XIV accueille un festival de création contemporaine I Wanna See All My Friends At Once, pensé et organisé par Paulin Barthe qui s’occupe de la direction artistique de Yoyaku et curaté par le collectif curatorial emploi fictif. Comme son nom le sous-entend, ce festival ne se veut pas élitiste, un festival qui met à l’honneur des jeunes artistes contemporains parisiens. Paulin Barthe souhaitait offrir une vitrine à ses amis-artistes qui se distinguaient par leurs travaux ingénieux et futuristes.

Le festival se déroule en 4 temps sur un mois. Chaque mercredi vous pourrez assister à un nouveau vernissage, la première exposition était dédiée à l’atelier Niveau 0 composé d’artistes visuels, de designers et d’architectes qui conçoivent des installations mêlant design industriel et minéral de mobilier, caractéristique de leur écologie de travail.

La seconde exposition a mis les œuvres de l’artiste Hugo Vessiller—Fonfreide qui à travers l’usage d’objets appartenant au répertoire des biens de grande consommation, interroge nos modes de vie productivistes au sein d’une installation à l’échelle de la galerie.

La troisième exposition mettait en avant le travail performatif de Balthazar Heisch, retranscrit à travers une succession de séquences vidéographiques. Torrents, failles, montagnes, chapelles, rivières et abysses, l’exploration d’un décor intemporel ou s’enchaînent gestes pluriels et actions protéiformes.

À ne surtout pas louper, le vernissage de l’exposition d’Elisa Florimond & Noémie Pilo ce mercredi 2 mars qui clôtura le festival. On y découvrira leurs installations symbiotiques témoignant de leurs recherches plastiques sur la traduction de temporalités insondables et les infimes changements de la nature dont leur travail est inspiré.

Le festival se clôturera le lendemain avec la projection des moyens métrages de Alice Brygo et Mathias Mary, traitant du rapport à la ville et de l’environnement urbain.

À chaque vernissage, un concert et/ou dj set est prévu pour accompagner les œuvres, il n’y a donc aucune bonne excuse de ne pas répondre présent. Vous êtes prévenus, on vous recommande fortement d’aller faire un tour à Chapelle XIV pour découvrir l’exposition en cours !

Propos recueillis par Romain Riem-Vis

Chapelle XIV
14 Boulevard de La Chapelle
75018 Paris

Du mardi au samedi de 11h à 19h

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site Internet de Chapelle XIV

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