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“J’aurais mieux fait d’utiliser une hache” : entre frisson et fascination

© Stéphane Gaillochon

Passionné d’horreur et de sueur froide ? Le collectif Mind the Gap au Monfort Théâtre vous propose un hommage réussi à tous ces films d’épouvante que l’on a adoré regarder. Et ne vous habillez pas en blanc, vous risqueriez de vous tacher…

Comment proposer un spectacle reprenant le code du cinéma de genre en provoquant les mêmes sensations aux spectateurs ?

C’est l’objectif du collectif Mind the Gap avec leur nouveau spectacle J’aurais mieux fait d’utiliser une hache, présenté au Monfort Théâtre du 8 au 18 mars.

Le résultat est là. Avec ces deux histoires s’entremêlant pour nous faire revivre ces histoires qui nous ont empêché de dormir le soir, la pièce bascule entre effroi et humour, gore et absurde, pour ravir notre fascination pour ce qui glace le sang. Et non sans imagination.

Une première partie infiniment créative pour rentrer doucement dans l’horreur

Nous sommes en forêt, dans un camp scout des années 70. Mais sur le plateau : quasiment rien ! Ce sont les comédien.nes qui nous font imaginer la scène, il suffit d’écouter. La nuit au dehors, les animaux sauvages, le feu qui crépite, autant de bruit que l’on reconnaît, et tous sont produits par les outils mis à disposition des comédien.nes directement sur scène. Transportant les spectateur.trices dans la narration et dans l’excitation du dénouement. Car rien ne semble se passer comme prévu. 

Le collectif lui-même explique que cette partie de la pièce «s’inscrit dans une recherche sensorielle du récit où les sons, les mots activent un imaginaire collectif».

Cette invitation au spectateur.trices, de se projeter dans un décor fictif inquiétant est chose aisée. Tant il ne manque pas de nous rappeler toutes formes de fiction, ou faits divers qui ont pu nous marquer avec les années. Sans réellement de décor, sans dialogue construit du début à la fin, nous sommes déjà rentrés dans l’horreur.

Mais c’est dans la deuxième partie du spectacle que l’on plonge complètement dedans.

Une seconde partie emplie de références cinématographiques, pour un plongeon dans la peur

Cette fois, le décor est bien placé. Nous sommes dans une cuisine, et la suite est sanglante. À la manière des “slashers movies” (film ou le meurtrier tue avec une arme tranchante), nous sommes destinés à revivre encore et encore le meurtre de la femme se trouvant dans la cuisine. Au fur et à mesure que son meurtre recommence, les modalités changent pour laisser apparaître tous les mécanismes qui composent le cinéma d’horreur. 

© Stéphane Gaillochon

Et alors que le faux sang jaillit de toute part, que l’on regarde et revit encore et encore le même meurtre, le public ne peut se retenir de rire. Car plus la scène se répète, plus celle-ci rentre dans le gore, a en devenir presque absurde. Mais là semble être tout le but du collectif, qui affirme : “Nous nous amusons à flirter avec le gore. Nous jouons avec les attentes spectatorielles en questionnant la position voyeuriste du public et en interrogeant la fonction du rire face à la violence”. 

Et en sortant de la salle, on peut dire que l’objectif a été atteint. Car aucune des personnes que j’ai pu observer n’avait pas ce sourire satisfait, face à un spectacle ambitieux, infiniment créatif, faisant revivre ce que l’on ressent face aux meilleurs films du cinéma de genre.

Tom Aït Brahim

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