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“Va aimer !” : Eva Rami s’envole comme un oiseau du Théâtre du Train Bleu à Avignon jusqu’au Théâtre Lepic à Paris, dès le 26 septembre

Hélène Kuttner 23 juillet 2023
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© Gaëlle Simon

Gouaille méditerranéenne, physique de brune tonique aux grands yeux de velours, la comédienne Eva Rami explose en ce moment au Festival Off d’Avignon avec le dernier volet de sa trilogie “Va aimer” sur la question du désir et de l’emprise, après avoir exploré l’adolescence dans “Vole !” et l’affirmation de soi dans le monde du travail avec “T’es Toi !”. Aujourd’hui, c’est la question de l’amour, consenti ou pas, qui est traitée dans un spectacle très réussi qui enjoint femmes et hommes à se respecter mutuellement.

Un oiseau dans le cœur

Elsa Ravi, le double scénique d’Eva Rami, est une jeune femme ardente mais effacée que la gentillesse pousse à tout accepter. Choyée par sa mère psychologue qui l’encadre un peu trop en lui fournissant recommandations et explications sur tout, avec cette tendance des mères copines qui profitent d’une recréation partagée autour d’un apéro et d’une petite fumette, tandis que le père laisse couler, à la manière des hommes pour qui les femmes appartiennent à un autre monde. Elsa possède un cœur très gros qui bat la chamade, ne comprend pas pourquoi le petit oiseau de la maison reste en cage, ni que sa grand-mère ait attendu si longtemps pour lui avouer que son grand-père avait le sang chaud et qu’elle devait le satisfaire, très régulièrement, dans le lit conjugal. Où se situe la différence entre désir et violence ? Jusqu’à quel stade une fille, une femme, doit tout accepter ? Et le désir dans tout cela, mène-t il toujours au consentement ?

Une comédienne explosive

© Gaëlle Simon

Eva Rami campe tous les personnages, de manière assez étourdissante, de la mère à la meilleure amie, du thérapeute new-âge au petit ami supérieurement malin, supérieurement macho, jusqu’à la juge qui instruit un procès pour viol. À travers un florilège de scènes enlevées et très comiques, sur le fil aigu et périlleux d’expériences qui nous concernent tous, école, lycée, jeux vidéos, après-midi entre potes, premières soirées, la comédienne parvient à nous tenir en haleine avec un spectacle très écrit, jouée de manière virevoltante, où la fantaisie, la légèreté et l’humour ne prennent jamais le dessus sur l’émotion et la gravité. Derrière le rire de la vie, il y a les larmes de la douleur, et celles qui permettent de la surmonter. C’est de tout cela dont le spectacle nous parle, qui fait que l’on ressort les yeux embrumés. Preuve que cette demoiselle possède un sacré talent, et qu’on va la suivre.

Théâtre du Train Bleu, 17h35 puis à Paris au Théâtre Lepic, les mardis à 20h

 Hélène Kuttner

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