Orelsan et “Yoroï” : un nouvel art de se raconter
Orelsan dans le film "Yoroï" © Sony Pictures Releasing France
Avec Yoroï, Orelsan dépasse la musique pour façonner un univers cinématographique dense et personnel. L’artiste brouille les frontières entre fiction et réalité pour mieux se réinventer. Un tournant qui redéfinit sa place dans la culture contemporaine.
Un peu plus d’un mois après sa sortie, Yoroï s’impose comme l’une des sorties culturelles les plus intrigantes de cette fin d’année. Avec ce premier long-métrage, Orelsan confirme qu’il n’est plus seulement un rappeur à succès ou un documentariste improvisé, il devient un artiste capable d’élargir son langage et de renouveler la manière dont il raconte son monde. Yoroï n’est pas un simple ajout à sa discographie visuelle mais un pivot discret et ambitieux vers une nouvelle forme d’expression.
Dès sa première semaine, le film a bénéficié d’un bouche-à-oreille solide, porté par la curiosité d’un public fidèle mais aussi par des spectateurs découvrant pour la première fois l’univers du Normand. Sans chercher les grosses sorties, Yoroï s’est installé dans la durée confirmant qu’il répond à un besoin de cinéma personnel, atypique mais accessible. Son esthétique sobre, nourrie d’influences pop-culture et de touches quasi graphiques fait résonner ce que l’on connaissait déjà des clips et projets visuels d’Orelsan tout en affirmant un ton plus posé, plus contemplatif.

Clara Choï et Orelsan dans le film “Yoroï” © Sony Pictures Releasing France
Loin des attentes d’une autofiction complaisante, Orelsan propose une œuvre qui parle de lui sans se replier sur son image. On y retrouve ses thèmes récurrents, l’ironie, le doute ou encore l’inadéquation face au monde. Le film élargit le cadre adoptant une sensibilité générationnelle qui dépasse la simple chronique intime. Yoroï fonctionne parce qu’il parvient à articuler humour, mélancolie et observation lucide des paradoxes contemporains, sans lourdeur ni cynisme forcé.
Sur le plan narratif, l’artiste surprend. Sa mise en scène, modeste mais précise, témoigne d’une vraie compréhension du rythme, du silence et de l’émotion. On sent l’héritage du documentaire Montre jamais ça à personne, mais dépouillé des contraintes du réel comme libéré d’un cadre qu’il maîtrise désormais. Le film ne veut pas convaincre ou impressionner. Il veut surtout explorer et regarder plus en profondeur.
Un mois après, Yoroï apparaît ainsi comme une prise de position artistique. Orelsan ne se contente plus de naviguer entre musique, image et récit, il tente de les fusionner. Cette démarche qui pourrait annoncer une nouvelle étape de sa carrière, ouvre des perspectives passionnantes. Inattendu, parfois fragile mais profondément cohérent, Yoroï confirme une intuition déjà perceptible. Orelsan est en train de devenir un créateur à part entière, dont l’univers n’a jamais été aussi vaste.
Noah Puyodebat
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