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Beauté animale – De Dürer à Jeff Koons – Grand Palais

2 décembre 2011
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Grand Palais

A travers des œuvres majeures, l’exposition explore les rapports que les artistes, souvent les plus grands peintres et sculpteurs, entretiennent avec les animaux. Elle montre que le lien entre art et science, entre notre soif de connaissance de l’animal et notre fascination pour sa beauté, continue d’être étroit.

Peintures, dessins, sculptures, photographies, célèbres ou insolites… La manifestation réunit environ 130 chefs-d’œuvre de l’art occidental, de la Renaissance à nos jours, avec un parti pris radical et inédit : ne montrer que des oeuvres où l’animal est représenté seul et pour lui-même, hors de toute présence humaine. Cette merveilleuse ménagerie, scénarisée dans un souci de clarté et d’accessibilité à tous les publics, mêlera le sauvage et le domestique, l’étrange et le familier.

L’attention à l’animal

Comme la beauté humaine, la beauté animale doit répondre à des critères précis, qui varient selon les époques et les milieux. C’est à la Renaissance que se produit une révolution : des artistes exceptionnels, comme Dürer, puis des pionniers de la zoologie se penchent sur les animaux et les décrivent avec minutie. C’est aussi le moment où la découverte du Nouveau Monde révèle de nouveaux animaux, comme les perroquets ou les dindons.

Très vite se constituent des répertoires. Dès qu’ils peuvent observer des animaux, les peintres les consignent dans des albums. Il leur arrive de reprendre certains motifs ayant déjà inspiré d’autres œuvres. Ils ont également recours à l’étude de l’anatomie et s’efforcent de décomposer les mouvements, comme le galop du cheval. Mais l’homme ne se contente pas de représenter la beauté animale, il agit sur elle en transformant les bêtes elles-mêmes. Pour cela, il convoque tous les moyens de la science. De nouvelles races de vaches, de chiens, de chats, apparaissent dans les œuvres d’art. A l’inverse, des tableaux nous restituent des races passées de mode.


Préjugés esthétiques et moraux

Nous sommes tous marqués par Buffon et son Histoire naturelle, publiée peu avant la Révolution, à cause des irrésistibles portraits d’animaux qu’elle contient. Mais Buffon fait aussi le tri entre les animaux nobles et les animaux ignobles. Le bon et le beau se confondent. Ces classifications arbitraires peuvent expliquer nos phobies par exemple pour les insectes. De fait, certaines espèces sont négligées des scientifiques et des artistes. Aujourd’hui, l’art bouleverse ces valeurs et les artistes s’attachent à des animaux longtemps dénigrés. C’est le cas de La Chauve-souris de César ou de L’Araignée de Louise Bourgeois.


Le singe et l’homme

La publication de L’Origine des espèces par Charles Darwin en 1859 est un choc pour la civilisation judéo-chrétienne. Le naturaliste y développe sa théorie de la sélection naturelle, fondée sur la lutte pour la vie ; il affirme le cousinage de l’homme et du singe. Des artistes s’intéressent à ces théories. L’image du singe, jusque-là dérisoire et convenue, s’en trouve bouleversée et il en résulte de troublants portraits, comme l’extraordinaire Orang-outan de Pompon.

Une nouvelle sensibilité

Les récits bibliques racontent la création des animaux et leur sauvetage sur l’arche de Noé. Ces mythes nous parlent d’un droit de vie et de mort que les hommes auraient sur leurs prétendus « frères inférieurs ». Longtemps niée, la souffrance des animaux est enfin reconnue sous l’impulsion de Montaigne ou de La Fontaine. La question de l’âme animale est posée, puis l’empathie finit par l’emporter avec la création d’associations protégeant le droit des animaux (SPA en France en 1845) et d’un arsenal légal (loi Grammont en France en 1850). Les œuvres d’art démontrent la sensibilité des animaux et toute leur gamme d’expressions irrésistibles.


A la rencontre de l’autre : les animaux exotiques

A la Renaissance, les animaux exotiques sont très recherchés par les grands de ce monde. Les rois et les papes les collectionnent dans des ménageries auxquelles certains artistes ont un accès privilégié. Leurs œuvres sont devenues des témoignages précieux. Le public découvrira ainsi le destin extraordinaire du rhinocéros de Léon X ou de la girafe de Charles X, dont la traversée de la France, de Marseille à Paris, a fait sensation.

En 1793, la Ménagerie du Jardin des Plantes donne le signal de l’essor des zoos, dont la popularité ne se dément pas. La France permet ainsi aux artistes d’accéder aux animaux : c’est l’origine de l’« art animalier », sous l’impulsion de Barye et de Delacroix. Les artistes y trouvent des modèles de plus en plus variés.

Beaucoup de créateurs s’interrogent aujourd’hui sur le rapport homme/animal et s’alarment de la menace qui pèse sur la biodiversité. Après le panda de Chine puis le bébé phoque, l’ours polaire est devenu le symbole de cette menace. A lui seul, il alerte l’homme sur l’avenir de la planète. Une sculpture aussi magnifique que L’Ours blanc de Pompon finira-t-elle par avoir avant tout une valeur de témoignage, celui d’une espèce disparue ? La beauté animale ne sera-t-elle bientôt plus qu’un souvenir ?

Aux mêmes dates au Grand Palais :
Helmut Newton (du 24 mars au 17 juin 2012
)

Beauté animale De Dürer à Jeff Koons

Commissaire : Emmanuelle Héran, conservateur du patrimoine, directeur scientifique adjoint de la RMN – Grand Palais

Du 21 mars au 16 juillet 2012
Tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h et le mercredi jusque 22h
Fermée le 1er mai

Grand Palais
Entrée Clemenceau
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
M° Franklin Roosevelt ou Champs-Elysées Clémenceau

[Visuel : Vue depuis la Tour Eiffel, le Grand Palais, Paris, (France). Auteur : Gérard Ducher (user:Néfermaât). Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 2.5 générique]

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