Sorties ciné – 27 février 2013

Ce fut un des pires naufrages de l’histoire du cinéma et un tournage qui vira au cauchemar pour les studios United Artists qui mirent la clé sous la porte à l’issue. Retards énormes, metteur en scène maniaque jusqu’à l’obsession, refaisant infatigablement des dizaines de prises pour une même scène, dépassements en tous genres et four monumental à sa sortie. La Porte du Paradis qui rapporta 30 fois moins que son coût, stoppa la carrière de Michael Cimino pour quelques années alors qu’il sortait tout juste du triomphe de Voyage au bout de l’enfer. La ressortie de ce western crépusculaire et poétique est un événement à ne pas manquer. La copie restaurée est somptueuse et le film est présenté dans sa version d’origine de 3h40 qui passent à la vitesse d’un cheval au galop.

Trois films français cette semaine. Möbius, thriller signé Eric Rochant (Un monde sans pitié, Les patriotes) amène Jean Dujardin à jouer un Russe parlant russe, ce qu’il réussit aussi piètrement que lorsqu’il baragouine l’anglais, comme tout le monde l’a vu pour les Oscars l’an dernier. On retrouve dans cette histoire d’espionnage Cécile de France, Tim Roth et Emilie Dequenne. Boule et Bill écrit et réalisé par Alexandre Charlot et Franck Magnier qui cumulent un joli nombre de navets à leur filmo, met en scène Dubosc qui fait du Dubosc et Marina Foïs qui va ramer pour rehausser le niveau de cette adaptation de la célèbre BD et qu’on rebaptiserait volontiers « Boule et Débill ». Enfin, Ouf réunit Eric « Gainsbourg » Elmosnino et Sophie Quinton pour une histoire familiale où le premier tente par tous les moyens de reconquérir la seconde. Avec Luis Rego et Anémone dans les seconds rôles. Une belle affiche pour un premier film.

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Une ado dotée de pouvoirs surnaturels qui ne sait pas encore si elle sera ange ou démon. Un copain de classe charmée par la damoiselle en tombe raide dingue, peu soucieux que Satan l’habite. Sublimes créatures est le nouveau film de Richard LaGravenese, auteur d’Ecrire pour exister il y a sept ans. Avec une pléiade de jeunes comédiens et Jeremy Irons en guest. Les papys font de la résistance avec Du Plomb dans la tête qui voit le sexagénaire Sylvester Stallone dans le rôle d’un tueur à gages forcé de faire équipe avec un flic, le tout sous la direction de Walter Hill, 71 ans, qui fut un des grands spécialistes de l’action musclée (Driver, Sans retour). Ca va faire mal, mon colonel ! Les têtes couronnées ont le vent en poupe, notamment George VI qui après Le Discours d’un roi multi récompensé s’invite pour un Week-end royal chez Roosevelt, sous la direction de Roger Michell (Coup de foudre à Notting Hill). La guerre s’annonce entre Britanniques et Allemands, mais l’hôte de la Maison Blanche n’en a cure. Le comédien qui joue le monarque de la perfide Albion et époux de sa très gracieuse Victoria aura-t-il ce mot fameux que lui prêtent les déconneurs, « I bègue your pardon » ? Réponse mercredi.

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Une amitié qui va naître entre un gamin palestinien et un pilote israélien dont le coucou s’est crashé : un sujet pas décoiffant d’imagination mais le traitement réserve probablement une belle surprise. Ca s’appelle Zaytoun et c’est le nouveau film d’Eran Riklis, auteur d’un petit chef d’œuvre il y a cinq ans, Les Citronniers. Avec Stephen Dorff et Alice Taglioni.

Battle of the Year. Sous ce titre ô combien belliciste ne se cache pas un film de guerre avec la fine fleur des gueules cassées du tout cinéma mais le parcours d’une équipe de danseurs de B-boy (ou break danse) qui se préparent pour le championnat du monde. Le scénario vole moins haut que les danseurs mais les séquences de chorégraphies semblent valoir le coup d’œil.

Le film choc de la semaine s’intitule As if I’m not there et suit le parcours d’une institutrice de Sarajevo pendant la guerre lorsqu’elle est enlevée par des Serbes pour servir d’amusement aux soldats d’un camp. Avec notamment Stellan Skarsgard. Ce film, le premier de la cinéaste Juanita Wilson et interdit aux moins de 12 ans, reprend mais de manière plus radicale encore le thème du « Au pays du sang et du miel » qu’avait réalisé la comédienne Angelina Jolie.

En 2011, Ivan de Matteo avait remporté un joli succès critique (mérité) pour La bella gente. Il revient avec Les Equilibristes, un drame de la vie conjugale qui met en scène un homme, mari et père de famille, qui voit sa vie basculer lorsque sa femme le quitte. Avec Valério Mastandrea, vu dans Piazza Fontana et Barbora Bobulova vue tout récemment dans l’excellent Scialla ! 

Deuxième film d’Ameer Sultan, Aadhi Bhagavan propose de passer plus de deux heures trente (format court donc pour un film indien) en compagnie d’un flic qui veut démanteler un réseau d’évasion fiscale. A quand la version française avec quelques vedettes bien choisies dans leurs propres rôles pour jouer les évadés ? Casting royal en perspective…

Le documentaire de la semaine n’en est pas vraiment un, son cinéaste Denis Côté s’en défendant et préférant parler d’un film allant « au-delà des étiquettes ». Ca s’appelle Bestiaire et on y voit des animaux et des hommes qui s’épient dans un zoo. Ca se veut poétique et décalé. « J’ai filmé le zoo comme une entité ‘doucement absurde’ » résume le cinéaste de ses intentions…

La ressortie de la semaine est un western, genre qui reprend du poil de la bête avec le dernier Tarantino et La Porte du Paradis. El Dorado, un des grands classiques d’Howard Hawks, confronte un aventurier (John Wayne) à sa conscience lorsqu’il apprend qu’il a pour mission d’aller déloger des gens de leurs terres dans une contrée dont le shérif (Robert Mitchum) est son meilleur ami. En version restaurée.

Franck Bortelle

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