0 Shares 1533 Views

Christian Vincent, le discret

19 novembre 2015
1533 Vues
hermine

L’Hermine

De Christian Vincent

Avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen,
Éva Lallier

Sortie le 18 novembre 2015

vincentSortie le 18 novembre 2015

Peu de gens connaissent son nom, et encore moins son visage ; pourtant, Christian Vincent fait partie des réalisateurs français les plus réguliers et les plus appréciables. Chantre d’un cinéma accessible mais pas simpliste, il revient aujourd’hui avec L’Hermine.

Peut-être est-ce dû à son patronyme, alliance un peu passe-partout de deux prénoms très communs : on ne sait pas qui est Christian Vincent. L’immense majorité des spectateurs français a vu au moins l’un de ses films, sans pour autant savoir qu’il en est le réalisateur. C’est la marque des grands cinéastes discrets, qui savent se mettre intégralement au service de leurs films sans jamais tirer la couverture à eux.

Pourtant, Christian Vincent a réalisé La Discrète, La Séparation, Quatre étoiles, Les Saveurs du palais… Des films souvent ciselés, qui véhiculent de jolies valeurs et donnent surtout à rencontrer des personnages attachants et profonds. Généralement, les héros de Christian Vincent passent eux aussi un peu inaperçus, jusqu’à ce qu’ils finissent par se révéler, aux yeux de quelqu’un d’autre ou du monde entier, comme des personnes extraordinaires. C’est le cas de la cuisinière du Président de la République, incarnée par Catherine Frot dans Les Saveurs du palais ; c’est aussi le cas du personnage d’Isabelle Carré, femme un peu effacée devenant une reine de l’arnaque pour redonner du peps à sa vie dans Quatre étoiles.

Christian Vincent, c’est aussi un observateur avisé du couple, de son fonctionnement et de ses dysfonctionnements. En témoigne son diptyque autour du couple, de sa fission et de sa fusion, écrit avec le romancier Dan Franck : La Séparation puis Les Enfants montrent deux facettes diamétralement opposées de la vie sentimentale, du sentiment profond de solitude à l’impression d’être soudain trop nombreux. Dans Quatre étoiles ou La Discrète, il réexploite des schémas de comédie romantique pour montrer avec une perversité pudique que, non, les êtres humains ne sont pas des marionnettes que l’on manipule à tout va. C’est dit sans leçon de morale supplémentaire, donc c’est délicieux.

Vingt-cinq ans après La Discrète et son légendaire César du meilleur espoir féminin remis à Judith Godrèche (euh… pardon, Judith Henry), Christian Vincent et Fabrice Luchini se retrouvent enfin pour une Hermine couronnée de succès (un prix pour le scénario de l’un, un prix pour l’interprétation de l’autre). Le discret et le bavard font visiblement bon ménage, pour le plus grand bonheur des spectateurs et des critiques. Gageons sans aucun doute que l’on continuera à ne pas entendre parler de Christian Vincent, lequel poursuivra sa réjouissante œuvre avec tout le doigté qu’on lui connaît.

 
Lucile Bellan

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=JXs2ToS-3Mg[/embedyt]


[Image 2015 © Jérôme Prébois / Albertine Productions – Gaumont ]

Articles liés

« Six personnages en quête d’auteur » : le Pirandello magnifique de Marina Hands
Spectacle
202 vues

« Six personnages en quête d’auteur » : le Pirandello magnifique de Marina Hands

La comédienne Marina Hands signe sa première mise en scène avec la captivante pièce de Pirandello, qui avait fait scandale dans les années 1920. Avec l’auteur Fabrice Melquiot qui a réalisé une traduction nouvelle, elle adapte le texte et...

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”
Agenda
3699 vues

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”

À partir du 12 juin 2024 et pour la première fois, le Petit Palais ouvrira ses portes aux artistes d’art urbain, les invitant à engager un dialogue subtil avec ses collections permanentes et son architecture. Une véritable exploration d’art...

“Symfolia” : une ode à l’art, à la musique et à l’environnement à voir à la Philharmonie de Paris
Agenda
155 vues

“Symfolia” : une ode à l’art, à la musique et à l’environnement à voir à la Philharmonie de Paris

À l’occasion des Jeux Olympiques 2024, la Philharmonie de Paris dévoile la sculpture monumentale de l’artiste américaine Rachel Marks. Visible jusqu’au 8 septembre, cette œuvre s’inscrit dans le cadre des Olympiades Culturelles, une initiative visant à faire dialoguer l’art...