0 Shares 1556 Views

August Sander – Voir, Observer et Penser – Fondation HCB

14 septembre 2009
1556 Vues
Fondation HCB

Aucune place pour le hasard dans l’œuvre d’August Sander (1876-1964). Ce photographe allemand s’attache inlassablement à restituer objectivement et précisément le monde qui l’entoure. La Fondation HCB propose ainsi des portraits, des paysages et des études botaniques, signes déchiffrables d’un temps empreint d’une culture, d’un mode de vie, d’une civilisation. Au fil du parcours, réparti sur deux étages, les propos d’August Sander détaillent son ambition.

La démarche de l’artiste approche la classification topographique et typologique : « En voyant, en observant, en pensant, avec l’aide de l’appareil photo et en ajoutant une indication de date, nous pouvons fixer l’histoire universelle et, grâce aux possibilités d’expression de la photographie en tant que langage universel, influencer l’humanité entière. » La mosaïque de la société allemande se confond donc entre les représentations de boxeurs, d’un huissier, de mendiantes à l’allure digne, d’artistes, d’un marchand d’allumettes assis dans un renfoncement de trottoir, d’invalides de guerre, d’un pasteur de village avec sa famille ou encore d’un instituteur à l’élégance respectueuse.

Prise de conscience

L’enjeu substantiel à cet archivage existentiel se pose également sur les paysages. A partir des années 1920, afin d’intéresser le public, August Sander s’engage dans la réalisation de portfolios, notamment sur la région rhénane. Avec l’idée sous-jacente d’observer l’emprise humaine sur l’environnement naturel, puisque la collectivité façonne inévitablement son décor vital.

La boucle du Rhin, près de Boppard, 1938, illustre l’adaptation de l’homme au tracé circulaire du fleuve. Les petites villes s’étirent au bord du lit arrondi du Rhin, dont l’aménagement des berges permet le transport fluvial. Au plus près de l’eau, l’agriculture se développe alors que la route opère un demi-cercle en longeant la rive. Le cliché Carrière de basalte dans le Siebengebirge, vers 1938, montre, lui, les rails et les chariots abandonnés au pied d’une falaise déchirée par les travaux.

Si ce cheminement métaphysique s’articule parfois au détriment de la réflexion esthétique, le photographe allemand se pose en théoricien du genre. En 1931, il anime une conférence sur le thème : La photographie, langage universel. A propos de cette universalité, de cette globalité, « Voir, Observer et Penser » encourage le visiteur à un léger recul. Soit l’observation des dispositions de l’environnement pour une prise de conscience de notre univers le plus proche.

Le dessein d’August Sander, « influencer l’humanité entière », agit comme une injonction aux contemporains à s’inscrire dans leur réalité. De surcroît, ce considérable travail sociologique pourrait se renouveler sans cesse au rythme des évolutions étroitement liées de l’homme et de la nature.

Cyril Masurel

August Sander – Voir, Observer et Penser 

Jusqu’au 20 décembre 2009
Du mardi au dimanche, de 13h à 18h30
Le samedi de 11h à 18h45
Nocturne le mercredi jusqu’à 20h30

Plein tarif : 6 € // Tarif réduit : 3 € 
Gratuit en nocturne le mercredi de 18h30 à 20h30

Fondation Henri Cartier-Bresson
2, Impasse Lebouis
75014 Paris
M° Gaité ou Edgard Quinet 

www.henricartierbresson.org
 

Articles liés

“LGBT COMEDY CLUB”, le dernier né “Absolutely”, célèbre l’humour LGBT+ sous toutes ses formes !
Agenda
79 vues

“LGBT COMEDY CLUB”, le dernier né “Absolutely”, célèbre l’humour LGBT+ sous toutes ses formes !

Depuis cinq ans, les plateaux d’humour “Absolutely” mettent en lumière la nouvelle génération du rire, tous styles et âges confondus. Des spectacles éclectiques, où se côtoient le stand-up, la magie, et les sketchs à personnages… Ce vendredi, c’est avec...

Jewly, une artiste sans filtre
Agenda
192 vues

Jewly, une artiste sans filtre

Rencontre avec Jewly à l’occasion de la sortie de son nouvel album “Rebellion”. Qu’est ce qui t’a donné envie de faire de la musique et de monter sur scène ? La musique s’est plutôt imposée à moi en fait....

“Reines” : le premier long-métrage de Yasmine Benkiran au cinéma le 15 mai
Agenda
161 vues

“Reines” : le premier long-métrage de Yasmine Benkiran au cinéma le 15 mai

Casablanca, Maroc. Zineb s’évade de prison pour sauver sa fille de la garde de l’État. Mais les choses se compliquent rapidement lorsqu’elle prend en otage la conductrice d’un camion, Asma… La police aux trousses, les trois femmes se lancent...