La Fée – film de Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy
Après L’Iceberg et Rumba, il semble que les trois pieds Nickelés avaient encore quelque chose à dire, car ils accouchent d’un beau bébé bien constitué, avec ses dix doigts de main et ses dix doigts de pied. Encore plus structuré que les précédents films, le présent opus doit se savourer d’urgence.
Dans La Fée, Fiona est le personnage éponyme, Clochette brindezingue en jogging, en cavale de son asile. Dominique, veilleur de nuit dans un hôtel miteux du Havre, (mais situé rue des Amoureux) tombe par chance sous son charme. C’est le début de péripéties et de prestidigitations prestigieuses.
Dominique-Fiona-Bruno, c’est toujours la même histoire, mais jamais dans le même sens ; dans L’Iceberg, Fiona et Dominique rompent. Dans Rumba, ils s’aiment malgré les pires déboires. Et dans La Fée, ils se rencontrent. Et Bruno dans tout ça ? Et bien Bruno filme l’ensemble, et apparaît par-ci par-là. Tout ceci semble manquer de cohérence, mais ne vous arrêtez pas à ce vernis artificiel ; les compères ont compris quelque chose d’essentiel ; chaque gag est à venir, déjà présent dans chaque situation, dans chaque corps, dans chaque endroit, et surgit comme en un accouchement. Le proverbe dit vrai quand il parle de la sagesse du fou, surtout quand il joue le rôle de sage-femme.
Alternant les moments de pure burlesque (la scène d’ouverture, l’évasion de l’asile, l’accouchement) et de sublime poésie (la danse sous-marine, une interprétation bluffante du classique « Yukali »), le film hérite courageusement des influences de Buster Keaton et Jacques Tati. Ça aurait pu être pire, quand même.
La comédie se targue même d’évoquer des sujets graves (les sans-papiers en transit) et effleure même un humour un brin plus trash (la femme enceinte qui croque à plaisir des gélules multicolores, un bébé abandonné sur une voiture en marche).
Les protagonistes parviennent à métamorphoser l’esthétique froide, l’architecture immédiatement reconnaissable du Havre, en un lieu étrange, où tout peut arriver, grâce à un chien cavaleur, un patron de bar myope (Bruno Romy himself) et une équipe de police un rien incompétente. DominiqueFionaBruno, ces trois-là ont déjà tout compris à la magie du cinéma.
Mathilde de Beaune
A lire sur Artistik Rezo :
– Interview de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy
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International de cinéma de Vernon 2011
- 1 prix : Meilleur long métrage international
- 1 nomination : Mention spéciale du jury
Festival du Film de Cabourg 2011
- 1 nomination : Prix premiers rendez-vous/Meilleure interprétation
Quinzaine des Réalisateurs 2011
- 3 nominations : Prix Europa Cinema, Prix SACD et Art Cinema Award
La Fée
Un film réalisé par et avec Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy
Sortie le 14 septembre 2011
A découvrir sur Artistik Rezo :
– les films à voir en 2011
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