Cold Open d’Hugo Avigo – La prochaine exposition de la galerie Chloé Salgado
Hugo Avigo, 2020
Du 9 janvier au 13 février prochain, la galerie Chloé Salgado accueille l’artiste Hugo Avigo, pour une exposition personnelle intitulée Cold Open.
“Les choses ne m’ont pas attendu pour avoir leur signification. La signification s’inscrit objectivement dans la chose : il y a du fatigant, par exemple, et c’est tout. Ce gros soleil rond, cette route qui monte, cette fatigue au creux des reins. Moi je n’y suis pour rien. Ce n’est pas moi qui suis fatigué. Moi je n’invente rien, je ne fais rien venir au monde, je ne suis rien, pas même un néant, surtout pas : rien qu’une expression. Je n’accroche pas sur les choses mes petites significations. L’objet n’a pas une signification, il est sa signification : du fatigant.”1
C’est ainsi que Gilles Deleuze commence son article, non pas sur la fatigue, mais sur la féminité. En parlant de son propre épuisement venant de nulle part, n’ayant rien à voir avec son objet d’analyse, il nous propose un “cold open” (ouverture à froid, ou séquence teaser), une tactique narrative utilisée à la télévision et au cinéma consistant à amener le.la spectateur.trice au beau milieu d’une intrigue, ou encore, à raconter une histoire indépendante de la narration.
Pour son exposition personnelle à la galerie Chloé Salgado, Hugo Avigo nous offre également un “cold open”. Mais ici, le soleil est carré, la route qui monte nous échappe, et le creux des reins est transporté au milieu d’un cœur. Décoratives de l’ordre du pop, et inquiétantes de l’ordre de l’absence, les œuvres d’Avigo nous basculent dans une histoire qui ne fut jamais, une narration sans début ni fin, un “cold open” à l’ambiguïté et au doute.
Il ne faut pas aller chercher plus loin la signification des choses ici présentes – couchers (ou levers ?) de soleil, ascenseurs – car elles évoquent quelque chose d’intangible : un état liminal et transitoire, le seuil de quelque chose. La fatigue ? Peut-être. Ou une oscillation entre l’optimisme et scepticisme. Mais ce qui est en jeu, c’est la fugacité – qu’il s’agisse d’une évasion en mer, de l’embarquement pour un voyage dans le sommeil, de la montée ou de la descente, ou encore, d’un amour avant qu’il ne soit advenu.
L’on retrouve cette même fugitivité dans les gestes. Les toiles s’échappent de leurs formes habituelles, le soleil de la sienne, laissant donner l’impression que le créateur de ces scènes à la fois “feel-good” – avec leurs palettes de couleurs qui rappellent les dégradés lumineux des couchers de soleil – et troublantes – avec leurs formes vertigineuses, à la limite de l’abstraction – se prépare pour une folle aventure, ou un déplacement désespéré.
L’incertitude fatigue. Rêvons donc d’un “cold open” qui pourrait nous réchauffer, nous bercer à l’heure du crépuscule, sans se demander où nous sommes, ni quand ce sera fini.
Katia Porro
À propos de l’artiste
Né en 1988, Hugo Avigo vit à Paris et travaille au sein des ateliers de l’Orfèvrerie à Saint-Denis. Après un diplôme à la Central Saint Martins School à Londres en 2011, Hugo Avigo sort diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris avec les félicitations du jury en 2015.
Dès lors, il développe une pratique audacieuse jouant sur une exagération maîtrisée des codes de la sculpture, de la peinture et de l’installation. Ses œuvres, à l’échelle souvent extravagante, habitent l’espace de façon inattendue et viennent bousculer nos idées préconçues sur les corps et leurs pesanteurs, les lieux et leurs fonctions, et plus généralement, sur la représentation, afin de déstabiliser notre perception du quotidien.
Source de l’extrait :
1 Gilles Deleuze, “Description de la femme, Pour une philosophie d’autrui sexuée”, Poésie 45, Paris, Pierre Seghers, 1945, p. 29.
[Source : communiqué de presse]
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