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Gérard Fromanger – Centre Pompidou

12 avril 2016
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centrepompidou copie

Gérard Fromanger

Du 17 février au 16 mai 2016

Tarifs : 14€ / TR 11€

Centre Pompidou
Galerie d’art graphique – Niveau 4 
75004 Paris
M° Hôtel de Ville ou Rambuteau

www.centrepompidou.fr

centrepompidou copie copieAu nom de Gérard Fromanger est attachée une série de motifs, de figures et d’événements qui tissent une histoire artistique, culturelle et sociale d’un demi-siècle : l’amitié de Jacques Prévert, Mai 68, des silhouettes rouges, des passants dans la ville, le jeu des couleurs, un film-tract culte réalisé avec Jean-Luc Godard, des textes de Gilles Deleuze, Michel Foucault et Félix Guattari, la figuration narrative, peinture et politique.

Si une pareille liste suffit à recomposer le décor, à recréer l’atmosphère dans lesquels l’œuvre de Fromanger gagne une large reconnaissance dans les années 1970, elle ne saurait toutefois définir le projet qui, par-delà les mutations fréquentes que l’œuvre a connues, affirme sa permanence : une peinture à la fois ouverte sur le monde et pleinement consciente d’elle-même. De 1964 à 2015, au travers d’une cinquantaine d’œuvres, dont certaines méconnues, l’exposition s’attache à rendre sensibles les différentes expressions de ce projet.

Michel Gauthier – Depuis vos débuts et votre entrée, en 1964, à la galerie Maeght, alors la plus grande galerie du monde, jusqu’à aujourd’hui, y a-t-il une constante dans votre œuvre ?

Gérard Fromanger – Il y a plusieurs constantes dans mon œuvre, « depuis mes débuts et mon entrée dans la plus grande galerie du monde, la galerie Maeght ». Entre le marché de l’art et l’histoire de l’art, j’ai toujours choisi l’histoire. De la « plus grande galerie du monde » à la plus modeste, la principale activité, la nécessité, pour elle, est de trouver une place dans le marché. Ma première constante est ma fidélité au territoire de l’histoire et du risque. La fascination de l’image et de son questionnement est une autre constante. Sans doute par opposition à l’abstraction triomphante de la génération qui me précède, mais surtout par admiration pour la lignée qui va de Giotto à Picasso et Giacometti en passant par Cézanne, et de Marcel Duchamp à Bruce Nauman – avec le désir d’ajouter un caillou blanc à cette recherche perpétuelle. La couleur est la troisième constante. Après une courte pratique de l’infini des tons entre le blanc et le noir, j’ai très vite choisi comme alphabet le spectre des couleurs. L’arc-en-ciel est toujours venu à mon secours dans les périodes de doute comme dans les moments d’évidence. Les claires et les foncées, les primaires, les complémentaires et leurs intensités font socle, code et gamme permanents.

MG – Quel rôle ont joué les événements de Mai 68 ainsi que vos rencontres avec quelques-uns des grands intellectuels de l’époque dans le développement de votre travail ?

GF – Comment traduire en bonheurs de peinture les bonheurs d’une grande fête collective comme Mai 68, sinon par un langage-couleur capable de donner à l’image une fraîcheur, une nouveauté, un enchantement ? Mai 68 confirme, enrichit et stimule la nécessité de mon code couleur. Quand Mai 68 clamait « l’énergie, c’est nous », j’y trouvais une force pour peindre l’énergie du monde. Quand les philosophes (Sartre, Deleuze, Foucault, Guattari ou Lyotard) ou les poètes (Jouffroy, Bulteau ou Bailly) me parlent de cette « énergie du monde », ils me donnent envie de leur parler en peinture, c’est ainsi à travers l’échange des langages que se crée l’amitié.

MG – Le motif qui traverse toute votre œuvre est celui du passant. Quel sens faut-il lui prêter ?

GF – Oui, le motif du passant traverse tout mon œuvre, encore une constante. Les passants dans les rues des villes. Je sors de chez moi, où je connais beaucoup de choses, pour entrer dans la rue où tout est mystérieux et mouvant. L’extrême banalité du passant est l’« horizon d’attente » le plus puissant. Ici l’image vide du spectacle peut se remplir de toutes les couleurs de la vie.

MG – Êtes-vous un peintre pop ?

GF – Si la question est « êtes-vous pop ? » comme on disait « êtes-vous cubiste, surréaliste ou dadaïste ? », ma réponse est négative. En France, seuls quelques artistes passés par Londres ou New York entre 1958 et 1965 peuvent revendiquer cette appartenance. Je n’en suis pas. En revanche, je me situe volontiers dans cette mouvance culturelle mondialisée qui se sentit en rupture avec le monde esthétique et idéologique d’avant les années 1960.

Propos recueillis par Michel Gauthier Conservateur, musée national d’art moderne, commissaire de l’exposition

Commissaire : Mnam/Cci, Michel Gauthier

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