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L’art urbain en bord de Seine, 10 artistes investissent le Tunnel des Tuileries

25 juillet 2022
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Photo : Nico Giquel

Du 11 au 24 juillet, 10 artistes européens sont invités à réaliser de grandes fresques de 40 x 4 m tout au long des 800m du Tunnel des Tuileries.

Démocratique par excellence, l’expression urbaine se trouve exaltée par la Ville de Paris, qui confie à des artistes un terrain de jeu exceptionnel, le Tunnel des Tuileries. Situé en plein centre de Paris, en bord de Seine, sous le Louvre et à proximité immédiate de tant de lieux historiques… Les interventions artistiques se font ici monumentales et jalonneront les 800 mètres du Tunnel : chacune s’étale sur 40 mètres de long et monte jusqu’à 4 mètres de haut.

Work in progress Erell & Hydrane – Photo : Lionel Belluteau

À partir de l’été 2022, ce parcours artistique, gratuit et ouvert à tous, crée une véritable galerie d’exposition dans ce lieu marqué par la Seine et le Louvre, et où Paris bat désormais au rythme de l’art urbain. En préfiguration de l’arrivée des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, ces oeuvres constituent un défi et une invitation à plonger dans le coeur de la Ville. Ces réalisations in situ seront visibles au moins un an, jusqu’à l’été 2023.

10 artistes européens issus de l’art urbain ont réalisé plus de 2000 m2 de fresques : 

Bault

© Thomas Von Wittch

Bault commence le graffiti en 1997 dans le sud de la France. Il fait ses armes à Sète en formant le groupe TK puis à Avignon avec les membres des TSH et des FDP. Bault délaisse alors le graffiti pendant plus de 10 ans et se concentre sur la vidéo d’art, le graphisme et l’illustration. La frénésie du dessin ne l’ayant jamais quitté, il développe depuis plusieurs années un cabinet de curiosités peuplé de monstres, de personnages grotesques et d’environnements pollués. Les créatures sont souvent amputées, hypertrophiées et inachevées. Fantasmagorie contemporaine, les formes coulent, se superposent et s’entremêlent, créant des peintures rupestres 2.0.

Erell

© Nicolas Giquel

Actuellement designer et artiste, Erell expérimente au grand jour une forme d’appropriation éphémère de l’espace urbain. Son travail est issu du graffiti et plus précisément du tag. Au fil du temps et de ses études artistiques, sa signature a évolué pour devenir son écriture. Ses motifs adhésifs – les particules – sont une schématisation du tag qui, comme lui, prolifèrent et se répandent dans la rue. Leur forme est pensée pour se démultiplier afin de générer une infinité de motifs « moléculaires » et de compositions géométriques qui interagissent avec l’architecture ou le mobilier urbain.

Romain Froquet

© Nicolas Giquel

Romain Froquet, artiste autodidacte, dirige sa passion pour le dessin vers des médiums divers sans préjugés. Il est aussi à l’aise en faisant de la peinture sur chevalet que dans la rue, recouvrant les murs des quartiers perdus et lugubres de la ville ou créant des œuvres in situ. Il crée son propre langage pictural à travers ses oeuvres, par l’utilisation de la boucle, de la sphère et de l’ellipse. Il définit son travail comme un travail de spontanéité, de lâcher-prise, ouvert à toute liberté d’interprétation.

Hydrane

© Nicolas Giquel

Après avoir été diplômée Architecte à l’école de Paris-Belleville, elle décide de revenir à sa passion première, le dessin et de se développer sous différents médias. Ses dessins sont des automatismes inconscients qui peuvent expliquer les mouvements, les différentes énergies et périodes de la vie. Ce langage graphique abstrait rempli de détails reste une énigme pour son propre créateur. Plus tard, elle part chercher dans ses racines Péruviennes et lui font découvrir que les formes dessinées dans le désert de Nazca et tout l’art primitif sud-américain ont des traits communs. Abstrait et énigmatique, commence alors un travail entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, l’échelle visuelle nous échappe pour nous remettre à notre propre conscience d’être humain, poussière de l’univers.

Jussi Twoseven

© Thomas Von Wittch

Les antécédents de Jussi TwoSeven (né en 1983) se situent dans l’art du graffiti des années 1990. Après avoir fréquenté l’école d’art d’Espoo (en Finlande) depuis l’âge de 5 ans, il développe à l’adolescence une fascination pour les graffitis après avoir entendu ses aînés partager des histoires de leurs incursions créatives nocturnes. Après une première expérience de graffeur, il décide d’abandonner ses outils pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’il découvre l’art du pochoir et recommence au milieu des années 2000. Jussi TwoSeven a découvert son propre style, sous la forme d’une technique très compliquée et chronophage. Non content d’un pochoir et d’une bombe aérosol, il esquisse ses images à l’aide d’un appareil photo ; selon lui, rien ne vaut de parcourir une ville à vélo la nuit, armé d’une caméra.

Lek & Sowat

© Thomas Von Wittch

Mêlant abstraction du lettrage, architecture et archéologie, le duo de street artists Lek & Sowat crée une sorte de land art contemporain. Anciens pensionnaires de la Villa Médicis, pionniers de l’exploration des « ruines contemporaines », Lek & Sowat sont ceux par qui le graffiti est entré au Centre Pompidou. Tous deux quadragénaires, ils travaillent ensemble depuis 2010 et repoussent les limites du graffiti traditionnel. En 2012, leur projet Mausolée et l’installation d’une résidence artistique sauvage au cœur d’un centre commercial abandonné proche de Paris, menée avec l’aide d’une quarantaine d’artistes, les fait remarquer hors les murs tagués.

Madame

© Nicolas Giquel

Née à Tours en 1982, Madame vit et travaille à Paris. Issue d’une famille d’artistes peintres, diplômée en Lettres, comédienne et scénographe de formation, Madame s’est très vite redirigée vers les arts plastiques, la sculpture, la peinture, puis progressivement le collage. Non sans négliger ses premières amours Madame, avec divers matériaux d’époque (papier, bois, métal, tissus etc.) déconstruit l’iconographie ancienne, pour la faire parler (d’) aujourd’hui. Articulant son travail de collage entre texte et image, elle construit en atelier des petits formats, sortes de petites scènes en volume, qu’elle transpose ensuite en grandes affiches pour les apposer dans la rue.

Andrea Ravo Mattoni 

© thomas Von Wittch

Rendre accessible les grands classiques de la peinture en leur donnant une nouvelle vie  dans la rue, voilà la philosophie qui anime Andrea Ravo Mattoni. Issu d’une famille d’artistes, « Ravo » se plonge naturellement dans le monde de la peinture dès son plus jeune âge. D’abord en tant que graffeur puis dans une voie plus classique à l’Académie des Beaux-Arts de Brera où le peintre italien se consacre à l’huile et l’acrylique. C’est en fusionnant ces deux passions qu’Andrea Ravo Mattoni crée son style « dal classicismo al contemporaneo » et un projet ambitieux : recréer des grands chefs d’œuvre du passé à la bombe sur les murs afin de les rendre accessibles à tous. « Nous avons tellement de beauté derrière nous que nous pouvons inonder le monde de poésie. Mon projet est ambitieux, mais je le considère surtout comme une mission. Je me sens comme un chef d’orchestre qui aime présenter Beethoven. »

Sifat

© Thomas Von Wittch

Sifat est une artiste autodidacte née en 1987 à Dacca. Sa double identité, française et bengalie, nourrit son univers artistique. Ses recherches se sont initiées dans la création d’un langage prenant la forme d’un tracé automatique équilibré et harmonieux. Elle puise son inspiration dans l’alphabet, les motifs et couleurs des tissus du Bengale, ainsi que dans les paysages du quotidien ou ses souvenirs d’enfance. Le graphisme urbain, l’effervescence de la ville, ou encore le foisonnement de la nature composent des partitions de tracés, de formes et de couleurs qui s’épanouissent sur une multitude de supports. Elle crée ainsi son propre langage qui invite à la contemplation et à l’évasion.

WAR !

© Nicolas Giquel

Artiste autodidacte issu de l’art urbain, WAR! choisit ce pseudonyme en 1998 en référence au morceau de Bob Marley et à sa rebel music. C’est en adoptant la perche télescopique et les rouleaux comme outil de prédilection qu’il s’est fait connaître, à Rennes notamment, pour y avoir réalisé des peintures monumentales dans l’espace public souvent la nuit et sans autorisation. Toujours masqué et vêtu de son costume, le personnage qu’il incarne, entre super-héros nocturne et guerrier mystique, a pour mission de mettre un peu de poésie dans la ville, un peu de poésie dans nos vies.
« Armé de mes rouleaux de peinture, je sème des graines dans le béton de notre époque. »

Un projet artistique animé par Artistik Rezo et créé avec le soutien de la Ville de Paris. Curaté par Nicolas Laugero Lasserre.

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