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Matt Wilson, Carnets – Galerie les Filles du Calvaire

9 octobre 2014
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Carnets

De Matt Wilson

Du 31 octobre au 30 novembre 2014

Vernissage le 30 octobre à partir de 18h

Galerie Les Filles du Calvaire
17 rue des Filles du Calvaire
75003 Paris
M° Filles du Calvaire

fillesducalvaire.com

Du 31 octobre au 30 novembre 2014

A l’instar des carnets de voyages de l’anglais Bruce Chatwin qui nous ont livré une vision incroyablement sensible et humaniste d’un monde aujourd’hui à jamais perdu, l’errance photographique de Matt Wilson, lui aussi globe-trotter anglo-saxon, produit parfois quelques images des différents pays qu’il parcourt sans à priori, et selon l’humeur et les rencontres.

Peu nombreuses certes, mais si particulières, ces photographies modestes, voire anodines, dans leur sujet sont, de plus, présentées – à l’encontre des tendances actuelles de la photographie contemporaine -, dans de si petites dimensions que nous sommes obligés de nous arrêter pour les scruter de plus près.
L’image est la plupart du temps quelque peu endommagée à cause des films parfois hors d’usage que l’artiste utilise.

Le résultat visuel est opalescent avec un grain très présent et une lumière décadente provoquant des zones d’ombres intimistes dans les scènes nocturnes ou un rendu charbonneux et embrumé dans les paysages diurnes.

Cette technique de prise de vue « aléatoire », qui intègre l’accidentel à la vision photographique, fonde le langage de Matt Wilson. Tout ceci finit par nous troubler la vue pour, petit à petit, nous aimanter et nous faire basculer dans un univers poétique et hors du temps.

Au fur et à mesure, cette écriture structure l’ensemble par une trame visuelle, vaguement narrative, qui nous mène dans des contrées fictionnelles à la limite d’un rêve éveillé.

Les scènes capturées par Matt Wilson se placent en dehors d’une époque précise. Parfois elles évoquent un paysage breughélien ou une description romantique telle serait celle issue d’une page de littérature anglaise du XIXème.

Entre réel et onirisme, l’artiste sait aussi nous transporter, presque brutalement, dans une rue coupe-gorge à la rencontre de travestis interlopes; nous mêler à un combat de boxe d’enfants noirs, alors même que l’œil tente de rattraper la vision fugace d’une vielle automobile américaine d’une photographie précédente…

Autant de situations quasiment irréelles qui ne sont pas sans rappeler l’atmosphère des films américains des années soixante. A l’évidence, Matt Wilson ne souhaite pas tant rendre compte de la réalité que d’un instant tel qu’il l’a rêvé ou ressenti, plutôt que vu ou traversé. Une sorte d’inframince photographique surgit ainsi d’un infime espace-temps

Il a photographié, d’abord un peu partout en Europe, à commencer par son pays natal, l’Angleterre, mais aussi en France, pays avec lequel il a ses affinités, sans omettre les pays de l’Est où il retourne fréquemment entre deux séjours à Cuba.

Plus récemment, il a fini par désirer parcourir un vaste continent : les Etats-Unis où il habite depuis une dizaine d’années. Il aurait pu craindre de toucher à ce territoire-là, tant les photographes américains s’en sont magnifiquement chargés, mais là encore, son étonnante vision délivre des instantanés de paysages et d’hommes brulés par un soleil brutal qui finit malgré tout, par se coucher sur cette rude contrée.

La lumière est si blanche ou, au contraire, si ténue que la perception aquarelliste de ces scènes impressionnées en deçà des capacités chromatiques du medium photographique est trompeuse. Nous pourrions qualifier ce travail de « métaphore picturale » et même de dérive pictorialiste si les personnages n’étaient pas si ancrés dans leur époque et dans leur quotidien.

Car si Matt Wilson livre ce qu’il voit selon un prisme poétique, il rend compte de la société contemporaine à travers des sujets souvent crus, parfois même indigents, traités toutefois sans tragique ni misérabilisme. Son regard est attentif et bienveillant, sous-tendu par une discrète mélancolie humaniste mais coloré d’une légèreté tragi-comique à l’anglaise.

Il peut s’inscrire dans la tradition « humaniste » car il capture souvent un « instant photographique » si cher à Cartier-Bresson. Mais Wilson n’est pas reporter, il détourne le sens du réel au profit d’une charge émotionnelle et esthétique telle, qu’elle parvient à émouvoir au plus profond.

Propos de Christine Ollier

[Visuel : Matt Wilson, de la série Untitled, USA, Untitled Picacho #8, 2011]

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