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Israël Horovitz

6 juin 2013
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Un New-Yorkais à Paris, Éditions Grasset

Israël Horovitz naît dans l’État américain du Massachusetts en 1939, dans une famille juive. L’enfance cabossée de ce gamin, cahoté entre les coups d’un père violent, chauffeur routier, et les disputes incessantes de ses parents, au bord du divorce, ne vient pas à bout de son talent précoce.
 
Son amour des mots et son humour s’en trouvent même renforcés. A l’âge de 13 ans il écrit son premier roman et, à 17 ans, met en scène son premier spectacle, The Comeback, à Boston. Le jeune artiste s’envole bientôt pour Londres où il fait d’une pierres deux coups ; il intègre la Royal Academy of Dramatic en 1962 et, en 1965, la Royal Shakespeare Company.

De retour sur le sol américain, Israël Horovitz produit, en 1967, quatre pièces de théâtre en l’espace de six mois; Les Rats, Line, L’Indien cherche le Bronx et Sucre d’orge; un succès retentissant. En plus d’avoir du talent, l’artiste a du flair. Aussi, c’est un Al Pacino tout frais émoulu d’Actor Studio et un John Cazale qu’il réunit sur le plateau de l’Indien cherche le Bronx. Des œuvres notables voient bientôt le jour, à savoir Sucre d’orge (1968), Clair-Obscur (1969), Le Premier (1976) ou Le Baiser de la Veuve (1983). Suivront encore Trois semaines avant le paradis, Quand Marie est partie, Le Soixante-Quinzième, La Course du 1er mai ou L’Amour dans une usine de poissons. Au total, l’écrivain nous livre plus de cinquante de pièces de théâtre, traduites dans une vingtaine de langues à travers le monde. Les plus grands interprètent son théâtre, de Richard Dreyfuss, à Jill Clayburgh en passant par Diane Keaton, Gérard Depardieu ou Jane Birkin

L’emploi d’une langue condensée, incisive, précise, caractérise le style du dramaturge. Horovitz marie profond réalisme et absurde, tendresse et humour noir. Samuel Beckett, alias « Sam »ou Eugène Ionesco sont ses pères spirituels. Ce dernier, qui le qualifie affectueusement de « tendre voyou », déclare : « Israël Horovitz est à la fois réaliste et sentimental. Je vous laisse donc imaginer à quel point il peut être féroce. ». Il tire encore son inspiration des dramaturges réalistes américains des années 1950, tels Edward Albee et Arthur Miller. Fort de cette panoplie d’outils, l’écrivain s’attaque, avec violence et subtilité, aux travers de la société américaine, notamment à l’esprit de concurrence exacerbé ou au sexisme. Il aborde également le thème de la catastrophe, à travers la Shoah ou le 11 septembre 2001.

L’homme de théâtre mène bientôt de front une carrière dans le grand et le petit écran, en tant que scénariste ou acteur. Il participe à l’écriture, en 1999, du film Sunshine de István Szabó. Son adaptation de la pièce Un homme amoureux de Diane Kurys, voit défiler un florilège de stars, Claudia Cardinale, Peter Coyote, Jamie Lee Curtis…

Israêl Horovitz, qui jouit d’une gloire internationale, est nommé professeur dans les prestigieuses universités américaines, de Waltham, Brandeis à Columbia. Il fonde bientôt le New York Playwrights Lab et la Gloucester Stage Company. L’artiste partage son temps entre les États-Unis et la France, pays avec lequel il noue des attaches particulières : « C’est en France que je finirai mes jours, j’en suis convaincu. Je me sens parmi les miens là-bas », déclare-t-il. Horovitz y est actuellement l’auteur américain le plus joué. En 2009, Line Renaud campe notamment l’héroïne de That Old Lady (Très chère Mathilde), au théâtre Marigny.

« La vie m’a sauvé » s’exclame ce père de cinq enfants dans son autobiographie, Un New-Yorkais à Paris. De son enfance écorchée, l’artiste a su puiser force, amour de la vie pour faire jaillir son œuvre ; un bel exemple de résilience par l’art.

Jeanne Rolland

Bibliographie sélective (éditée en France)

  • 1987 : L’Indien cherche le Bronx, éditions Théâtrales
  • 1990 : Quelque part dans cette vie, l’Avant-Scène Théâtre
  • 1994 : Des rats et des hommes, l’Avant-Scène Théâtre
  • 1995 : La Marelle, l’Avant-Scène Théâtre, 1993 – éditions Théâtrales
  • 1995 : Le Baiser de la veuve, éditions Théâtrales
  • 1995 : Didascalies, l’Avant-Scène Théâtre, 1993 – éditions Théâtrales
  • 1995 : Sucre d’orge, éditions Théâtrales
  • 1995 : Les Rats, éditions Théâtrales
  • 1995 : Clair-obscur, éditions Théâtrales
  • 1995 : Acrobates, éditions Théâtrales
  • 1995 : Stand de tir, éditions Théâtrales
  • 1995 : Le Soixante-quinzième, éditions Théâtrales
  • 1995 : Le Champion de basket à la retraite, éditions Théâtrales
  • 1995 : La Course du 1er mai, éditions Théâtrales
  • 1997 : Quand Marie est partie suivi de L’Amour dans une usine de poissons, éditions Théâtrales
  • 1998 : Les Sept Familles, l’Avant-Scène Théâtre
  • 1998 : Lebensraum (Espace vital), l’Avant-Scène Théâtre
  • 1999 : Voyage entre père et mère suivi de Terminus, l’Avant-Scène Théâtre
  • 1999 : Dix pièces courtes, éditions Théâtrales
  • 2002 : Le Premier, éditions Théâtrales
  • 2004 : Les Poings qui volent, l’Avant-Scène Théâtre
  • 2005 : John a disparu suivi de trois pièces courtes, éditions Théâtrales
  • 2006 : Péchés maternels et autres pièces courtes, éditions Théâtrales
  • 2006 : Opus Cœur suivi d’Inconsolable, l’Avant-Scène Théâtre
  • 2008 : Trois semaines après le paradis suivi de Beyrtouh Blues, l’Avant-Scène Théâtre, 2008
  • 2009 : Très chère Mathilde, l’Avant-Scène Théâtre

Mémoires

  • 2011 : Un New-Yorkais à Paris, Grasset

Distinctions

  • Deux Obie Awards
  • Un Emmy Award
  • Prix Plaisir du théâtre (Paris)
  • Prix du jury du festival de Cannes
  • New York Drama Desk Award
  • Prix des Los Angeles Critics
  • Prix de littérature décerné par l’Académie Américaine des Arts et des Lettres

Citations

  • « J’ai compris que c’est ce que la vie a de plus excitant et de plus effrayant : nous ne serons jamais ce que nous étions. La vie change. »

  • « Dans la vie, nous avons les pères que nous nous donnons. Samuel Beckett était évidemment le père que je m’étais donné. »

  • « Samuel Beckett ne disait pas non à une petite blague grivoise de temps en temps. Le jour où il a fait la connaissance de ma femme, Gillian, il a commandé un double whisky. «J’ai besoin d’une boisson bien raide. Pas grand-chose de raide par les temps qui courent !»

  • « Oui, j’ai conscience que les dramaturges ont la détestable habitude de choisir des évènements de leur vie pour les passer à la machine, leur donner une nouvelle forme et les suspendre sur le fil à linge le plus public possible. Je le sais et je m’en excuse. »

  • « Le premier jour où j’ai été à Paris, j’ai fait de l’œil à Simone de Beauvoir. Et elle m’a fait de l’œil. J’aime bien cette ville. Elle me porte bonheur. »

Citations extraites de Un New-Yorkais à Paris

www.israelhorovitz.com

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