0 Shares 752 Views

Robert Capa et la couleur – Château de Tours

28 octobre 2015
752 Vues
JeuDePaume copie copie

Robert Capa et la couleur

Commissaire : Cynthia Young, conservatrice des archives Robert Capa

Du 21 novembre 2015
au 29 mai 2016

Château de Tours
25, avenue André Malraux
37000 Tours

www.jeudepaume.org

JeuDePaume copie copie copieRécemment présentée à New York sur les cimaises de l’International Center of Photography, l’exposition « Robert Capa et la couleur » présente pour la toute première fois les photographies en couleur de Robert Capa. Connu surtout pour ses images en noir et blanc, technique dont il fut l’un des maîtres, il travailla régulièrement en couleur à partir de 1941, utilisant ce support jusqu’à sa mort en 1954. Si quelques-unes de ces images furent publiées à l’époque dans la presse magazine, la grande majorité d’entre elles n’a jamais été tirée sur papier ni a fortiori vue sous quelque forme que ce soit.

Révélant près de cent cinquante tirages couleur d’époque, de nombreuses revues les ayant publiées ainsi que des documents personnels, « Robert Capa et la couleur » apporte un éclairage inédit sur un aspect inattendu de sa carrière et jusqu’à présent absent des ouvrages et expositions posthumes. Capa a adopté la couleur pour l’intégrer à sa pratique de photojournaliste dans les années 1940 et 1950.

Robert Capa (1913-1954), l’un des plus éminents photojournalistes du XXe siècle, est né sous le nom de Endre Ernö Friedmann à Budapest. Naturalisé citoyen américain en 1946, il fut salué par la revue Picture Post comme le « plus grand photographe de guerre au monde » à l’occasion de la publication, à la fin de l’année 1938, de ses images de la guerre d’Espagne. Travaillant au cours de la Seconde Guerre mondiale pour des magazines comme Collier’s et Life, il a dressé un portrait détaillé de ces conflits, de leurs préparatifs et de leurs ravages. Symbolisant pour beaucoup la barbarie de la guerre, mais aussi l’héroïsme qu’elle suscite, ses images les plus célèbres ont changé la perception de la photographie de guerre par le public tout en redéfinissant le genre.

Le 27 juillet 1938, alors qu’il séjournait depuis huit mois en Chine pour couvrir la guerre sino-japonaise, Robert Capa écrit à son agence new-yorkaise, demandant à un ami de lui « faire parvenir douze rouleaux de Kodachrome avec les modes d’emploi ; envoie les “Via Clipper”, parce que je tiens une idée pour Life ». Aucune de ces pellicules en couleur de Chine n’a été retrouvée – seuls subsistent quatre tirages publiés par Life dans son numéro du 17 octobre 1938 –, mais cela montre que Capa s’intéressait à la photographie en couleur avant même qu’elle soit massivement adoptée par les photojournalistes.

En 1941, il photographie Ernest Hemingway, en couleur, dans sa résidence de Sun Valley, en Idaho, et utilise encore la couleur pour réaliser un reportage sur un cargo accompagnant un convoi allié traversant l’Atlantique, des photos qui seront publiées par le Saturday Evening Post. Il est certes plus connu pour ses images en noir et blanc du débarquement en Normandie, mais il n’en a pas moins épisodiquement utilisé la couleur au cours de la Seconde Guerre mondiale, notamment en 1943 pour photographier les soldats américains et les régiments français de méharistes stationnés en Tunisie.

Après guerre, il fait un usage généralisé de la couleur à l’occasion de reportages qu’il publie dans diverses revues comme Holiday (États-Unis), Ladies’ Home Journal (États-Unis), Illustrated (Royaume-Uni) et Epoca (Italie). Visibles jusqu’à présent uniquement dans des doubles pages de magazine et montrant aux lecteurs américains et européens des images de gens ordinaires ou de pays lointains, ces photographies sont sensiblement différentes des reportages de guerre qui avaient constitué auparavant l’essentiel de son travail. Son talent et sa technique, conjugués à sa volonté de témoigner des émotions vécues dans ses reportages en noir et blanc d’avant guerre, lui permettaient d’utiliser alternativement la pellicule noir et blanc et la pellicule couleur, intégrant ainsi cette dernière et complétant avec elle les sujets qu’il photographiait. Ces premiers reportages regroupent notamment des photographies de la place Rouge à Moscou réalisées en 1947 lors d’un voyage en URSS avec l’écrivain John Steinbeck, ou de réfugiés et de colons débarquant en Israël dans les années 1949-1950. Dans le cadre de son projet Generation X, Capa s’est rendu à Oslo et dans le nord de la Norvège, à Essen et à Paris, pour photographier la vie et les rêves de la jeunesse née juste avant guerre.

Les images de Capa offraient également aux lecteurs de la presse magazine un aperçu sur des existences plus mondaines qui dépendaient en partie du charme et de la séduction qu’exerçait la photographie en couleur. En 1950, il fréquente les stations de ski huppées des Alpes suisses, autrichiennes et françaises, ainsi que des stations balnéaires prestigieuses, comme Biarritz et Deauville, pour couvrir le marché en pleine expansion du tourisme sur lequel capitalisait la revue Holiday. Il s’essaie même à la photographie de mode sur les berges de la Seine et place Vendôme. Mais il photographie aussi des vedettes hollywoodiennes et des cinéastes sur les lieux de tournage de leurs films en Europe, notamment Ingrid Bergman dans Voyage en Italie de Roberto Rossellini, Orson Welles dans La Rose noire et Moulin Rouge de John Huston. Parmi d’autres portraits saisissants de cette période, on remarquera ceux de Picasso, à la plage en compagnie de son jeune fils Claude. Ces images en couleur sont indissociablement liées à l’après guerre, aux reconstructions mais aussi à l’exubérance de cette période.

Après la guerre, quand il part en reportage, Capa s’équipe systématiquement d’au moins deux appareils, l’un chargé en pellicule noir et blanc, l’autre en pellicule couleur. Il utilise alternativement des pellicules Kodachrome 35 mm et 4 x 5, ainsi que des Ektachrome moyen format, mettant en avant l’importance de ce nouveau médium dans l’évolution de son travail photographique. Il continue à utiliser la couleur jusqu’à la fin de sa vie, notamment en Indochine où il trouve la mort en mai 1954. Les photographies en couleur qu’il réalise à l’occasion de cette dernière campagne annoncent les images en couleur qui allaient dominer la couverture photographique de la guerre du Viêtnam dans les années 1960.

Partenaires : Exposition produite par l’International Center of Photography en collaboration avec le Jeu de Paume, diChroma Photography et la Ville de Tours.

L’exposition est rendue possible grâce à l’ICP Exhibitions Committee et aux fonds publics du New York City Departement of Cultural Affairs en partenariat avec le City Council.

Articles liés

“One Day At A Time” : Vernissage de l’exposition de l’artiste SOWAT à la galerie Le Feuvre & Roze le 23 mai.
Agenda
171 vues

“One Day At A Time” : Vernissage de l’exposition de l’artiste SOWAT à la galerie Le Feuvre & Roze le 23 mai.

Retrouvez le travail de Sowat, artiste franco-américain aux multiples facettes et inspirations, lors d’un vernissage qui lancera l’ouverture de son exposition “One Day At A Time” à la galerie Le Feuvre & Roze. Rendez-vous le 23 mai à partir...

Rosalind Franklin, la physico-chimiste britannique oubliée : un hommage au Théâtre la Reine Blanche
Agenda
93 vues

Rosalind Franklin, la physico-chimiste britannique oubliée : un hommage au Théâtre la Reine Blanche

Les femmes scientifiques ont été invisibilisées malgré leurs découvertes majeures qui ont parfois changé la face du monde. Privées des récompenses et de la reconnaissance réservées à leurs collègues masculins, elles ont été écartées de l’histoire des sciences. La...

“Grandiose” :  Découvrez deux pianistes d’exception à la Scène Musicale le 9 juin !
Agenda
135 vues

“Grandiose” : Découvrez deux pianistes d’exception à la Scène Musicale le 9 juin !

Pour ce dernier concert de la saison, et avant de vous retrouver, cher public, en automne 2024 pour de nouveaux concerts populaires, l’Orchestre Pasdeloup vous propose non pas un, mais deux pianistes fabuleux : Maxime Zecchini et David Bismuth...