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Noir Clair – GVQ

4 septembre 2012
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GVQ

Le noir, concentration de toutes les couleurs, le deuil mais aussi l’élégance, Goya et Chapman mais aussi l’ironie et la légèreté du dessin, nous jette dans la vie. Le noir de la souffrance nous fait ressentir une ambivalence continuelle entre le noir et la vie, entre la vie et le noir : la vie noire, parfois comme une Halte dans le désert. La maladie, la menace, la mort. Les autoportraits au crayon ou à la plume de Bob Flanagan, artiste SM, moments de souffrance et de jouissance conjugués ; les monstres moyenâgeux à l’assaut des noirs châteaux du Frioul de Tonino Cragnolini ; les « gueules cassées », gravures récentes de Mat Collishaw et ses dessins de tumeurs et de malformations ; l’univers chaotique de Lucien Murat. Et à l’extérieur de la galerie, en guise d’accueil, la guerre déclarée de Luc Mattenberger, cocktail Molotov inaugural. « J’ai peur, je veux être la peur » : ainsi dessine Eric Pougeau

La vie est grise aussi. Elle est hésitation. La vie se cherche, toujours, une autre vie, un nouveau souffle, une manière de sortir du dedans de l’aiguille, de se trouver un cavalier (Joseph Brodsky). La vie noire rencontre le doute à chacun de ses carrefours. Loin de figer, le doute, interrogation essentielle, scientifique ou existentielle, libère de l’énergie, initie le mouvement, entrouvre nos yeux vers de possibles réalités inexplorées encore. La conscience naît de l’hésitation. Les dessins en forme de questionnements de Julien Serve, les mots de Robert Montgomery, le répertoire polymorphe de l’apport du soi au monde de Martin Lord, les errances et itinérances de la dualité de Charley Case, les créatures étranges de Jeanine Woollard, les enfants (ou adolescentes déjà ?) de Françoise Pétrovitch, nous laissent flotter dans ce doute qui ne sait encore de quel côté pencher. 

Une conscience qui nous amène au processus. Processus de deuil, processus créatif, processus de réparation, aussi. Un processus dont le modèle même est mathématique, et musical : le dessin répétitif, les traits qui n’en finissent pas, les cercles qui ne se ferment jamais sur eux-mêmes, l’écriture, la formule, la synthèse, les portées, les notes, les mots. Les FAX de Rudy Shepherd & Frank Olive arriveront chaque jour dans la galerie, processus quotidien nous rappelant le passage des jours ; les équations poétiques de Jean-Michel Pancin nous rapprochent de l’« être rêvé » ; les dessins de Mounir Fatmi, références à La Jambe noire de l’Ange, esquissent un processus de guérison par la greffe de l’Autre ; ceux d’Andrea Mastrovito, processus abstraits et formels à la fois, nous font entendre leur musique, haut et bas et encore, alors que Fabrice Langlade, accroché à ses stylos, compulsif, griffonne des avions qui font s’envoler nos angoisses. 

« Noir Clair » évoquera aussi les liens entre patients (vivant le noir) et thérapeutes (déclencheurs de processus) et n’hésitera pas à entrer dans les sphères les plus personnelles des protagonistes, celles du doute quant à leur propre position existentielle – d’où la présence aussi de souvenirs d’autrefois, repères troublants plus qu’éclairants d’un chemin de vie entre le noir et la couleur, de Victor Hugo à Jacques Villon et Cocteau. Les trois volets de « Noir Clair » seront présentés en parallèle, suscitant l’oscillation du spectateur entre le noir, le doute et le processus et appelant au déséquilibre. Sans oublier la couleur ! 

Ces trois volets seront développés au cours de trois conférences données par trois experts de l’art sous toutes ses formes : Jean-Philippe Rossignol, écrivain, animé par le noir ; Philippe Hurel, compositeur, passionné de processus virtuels, abstraits, musicaux, et Régis Durand, historien de l’art et commissaire d’exposition. Les réflexions sur le gris et le noir de Régis Durand, inspirées tout autant de Fin de partie de Samuel Beckett que de la vie elle-même, formeront une partie essentielle du livre qui accompagnera l’exposition. 

Evènements autour de l’exposition 

3 conférences ponctueront l’exposition :

  • Vendredi 14 septembre à 19h : NOIR, Jean-Philippe Rossignol
  • Jeudi 18 septembre dès 18h : Light Black, lecture, Régis Durand – Présentation du livre Noir Clair dans tout l’univers 
  • Conférence-musique de Philippe Hurel, « Le processus en composition »

Noir Clair 

Commissaires de l’exposition : Victor de Bonnecaze et Barbara Polla  

Œuvres de Charley Case, Mat Collishaw, Tonino Cragnolini, Mounir Fatmi, Bob Flanagan, Fabrice Langlade, Martin Lord, Luc Mattenberger, Andrea Mastrovito, Robert Montgomery, Lucien Murat, Jean-Michel Pancin, Françoise Pétrovitch, Eric Pougeau, Julien Serve, Rudy Shepherd & Frank Olive et Jeanine Woollard 

Du 8 septembre au 10 novembre 2012
Du mardi au samedi, de 11h à 18h30 et sur rdv

Vernissage le 8 septembre 2012

GVQ
5bis, rue de Beauce
75003 Paris
M° Arts et Métiers ou Filles du Calvaire 

www.galerie-quang.com

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