Virginie Delmas : “Capter la fulgurance d’instants d’émerveillement saisis sur le vif”
Techniques mixtes et références picturales nourrissent le travail original de Virginie Delmas. De quoi révéler la poésie de l’ordinaire ! Rencontre avec cette artiste peintre (peinture figurative libre) à la riche actualité.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Mon travail est nourri par l’observation incessante du monde qui m’entoure. La vibration d’une couleur, le miroitement d’une lumière, le chatoiement d’une étoffe, l’iridescence d’un éclat guident mes choix et ma main. Il s’agit pour moi de capter et de transmettre la fulgurance de ces instants d’émerveillement.
L’humain est au centre. Pourquoi ?
Tout simplement car j’aime les gens. Les observer est un réel plaisir. Or, le banal réserve parfois d’agréables surprises. Passionnée d’histoire de l’art, j’ai beaucoup étudié l’espace de la représentation. J’admire Cézanne qui a su recréer tout un monde, à partir de son propre univers. Rembrandt m’inspire aussi beaucoup, sa maîtrise de la lumière et de la forme. Je partage le point de vue de Bacon sur la pertinence de ne pas céder à la facilité de la narration. Mais je suis aussi une fan du photographe Saul Leiter, dont le grain si particulier saisit à merveille la beauté autour de lui. J’aime ses cadrages, ses points de vue originaux.
De mon côté, je mise sur la composition et les techniques. Si je cadre en plan resserré pour laisser mes sujets s’imposer, je décentre sur un geste, une intention, un détail insoupçonné. Je cherche à faire vibrer la matière, je modèle la lumière pour suspendre la sensation d’un moment et révéler sa qualité de présence. Autour de ces palpitations, chacun peut ainsi construire un monde à sa mesure.
Bien que traditionnelles, vos techniques ont un rendu très contemporain. Comment vous y prenez-vous ?
Je procède d’abord par collages, des papiers collectés, transferts ou imprimés par mes soins. J’aime animer mes fonds avec des éléments qui ont un passé (photos de paysages, emballages, papiers peints, etc.). Puis, je recouvre d’un dessin au fusain et de peinture à l’huile. Ces sous-couches apparaissent au gré des aléas du dessin, tout comme de nombreux détails, personnages ou références à l’histoire de l’art (l’œil intérieur, doigts admoniteurs…). Je laisse alors interagir les couleurs. Et je reviens plusieurs fois sur chaque tableau, dans une approche très ludique. Tel un palimpseste, cette accumulation, porteuse de sens, induit une certaine temporalité.
Comment parvenez-vous à ces effets de vibrance ?
Je cherche principalement à jouer avec la lumière, en posant sur mes toiles de la peinture au couteau. J’accorde un soin tout particulier au rendu des textures et des matières, et à la façon dont elles captent la lumière. Du reste, j’ai beaucoup appris sur les contrastes de clair-obscur durant ma formation en gravure.
Vous venez de réaliser une exposition personnelle au Palais épiscopal de Béziers. Pouvez-vous nous en dire plus ?
À la rentrée, j’ai eu carte blanche pour occuper trois salles de cet ancien Palais des évêques, longtemps tribunal, en voie de regrouper un ensemble muséal d’envergure d’ici 2024. J’y ai exposé plusieurs toiles de ma série « Instants de vies ». Alors que l’on fait généralement de moins en moins attention aux autres, l’artiste est captivée par les gens dans des situations courantes, voire triviales. Or, la grâce peut advenir de n’importe qui, n’importe quand, n’importe où !
Où pouvons-nous découvrir votre travail ?
Actuellement, je participe au Salon des Beaux Arts (exposition à l’Orangerie du Sénat, jusqu’au 4 octobre) et à l’exposition collective Foisonnement, dans le cadre d’Artcité (à Fontenay-sous-Bois, jusqu’au 22 octobre).
Ensuite, je serai au Salon d’Automne, dont je suis sociétaire depuis 2015 (exposition à la Grande Halle de la Villette, du 21 au 23 octobre) et au Salon des Artistes Français, dont j’ai obtenu une mention cette année, (exposition dans le cadre d’Art Capital, au Grand Palais Ephémère, du 15 au 19 février 2023). Enfin, plusieurs galeries m’ont fait des propositions que j’étudierai après cette rentrée effectivement intense.
Propos recueillis par Sarah Meneghello
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