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Christophe Delavault – directeur artistique du salon CHIC Dessin 2012

2 avril 2012
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Christophe Delavault

Pourquoi « CHIC » ?

Christophe Delavault : « CHIC », parce que ça se retient très facilement. Lorsqu’on est à l’étranger, l’idée de « chic parisien » est l’une des premières notions qui viennent à l’esprit. On a créé cette identité avec l’idée que, dans quelques années, on aurait une foire à l’internationale, un label CHIC : un CHIC New York, un CHIC Dubai…

Quels est le profil des exposants ?

On a reçu une centaine de dossiers et on n’a retenu qu’une vingtaine de propositions. Pour la plupart, ces exposants sont de jeunes galeries. On ne cherche pas à avoir l’ensemble des propositions des grandes galeries parisiennes. Ce n’est pas forcément leur place. On aime l’idée de défrichage (trouver de jeunes artistes) et notre public correspond au profil de ces galeries.
On a également une volonté d’ouverture vers les galeries de province, et les galeries étrangères. J’ai sélectionné la YAM Gallery, une galerie mexicaine qui n’avait jamais exposé en Europe (ndlr : ainsi que la D406 arte contemporanes, une galerie italienne). Au final, on a des artistes de tous les continents.
Aujourd’hui, dix des galeries, qui dans le passé, ont fait leurs armes ici sont présentes à Drawing Now Paris. On est ravis de voir qu’elles prennent de la force et de l’importance sur le marché. Cela fait partie de notre volonté que de les positionner dans un premier temps puis de les voir évoluer vers d’autres sphères. En tant que responsables de foire, on est également heureux de voir des artistes débuter dans de petites galeries et se retrouver, quelques années plus tard, dans les plus grosses institutions.

Qui choisit les artistes présentés, le galériste ou la direction de la foire ?

Lorsqu’un galériste monte un dossier de candidature, un peu comme dans toutes les foires, il soumet un certain nombre d’artistes. On demande à ce qu’il y en ait moins de cinq car les stands ne sont pas très grands (ce que nous considérons comme un stand correspond à un ou deux murs). Disposer plus de cinq artistes sur deux murs est difficile, peut perturber le regard et manquer de cohérence.
On étudie les dossiers, et soit on accepte la galerie car il y a des choses à prendre parmi la sélection des 5 artistes, soit on estime qu’elle n’a pas le niveau ou qu’elle ne correspond pas à l’esprit du salon (œuvres trop figuratives, trop classiques…). Si elle est retenue, on choisit ensemble les artistes et les œuvres. On ne prend jamais de décisions tant qu’on n’a pas reçu un certain volume de dossiers. Il nous faut des éléments comparateurs : le salon est assez petit et on ne voit pas, par exemple, l’intérêt d’avoir deux types de travaux similaires sur le salon.

Peut-on parler de salon scénographié ?

CHIC Dessin a l’ambition de déformater les clichés — ex. la galerie où il faut sonner pour savoir si on peut rentrer, comme dans une banque… — qui constituent un frein pour un jeune de 25 ans. Ici, il peut boire un verre au bar, faire le tour dans le salon et demander les prix (qui sont parfois indiqués sur les cartels).
CHIC Dessin s’est toujours inscrit dans la tradition du studiolo à l’italienne — c’est à-dire du cabinet de curiosités — aménagé de manière contemporaine. On ne met pas de moquette sur le sol, on n’essaie pas de faire des choses feutrées… La white cube classique ne nous intéresse pas, on aime que le parquet craque, que les accrochages soient aléatoires…
On n’utilise pas non plus de cloisons pour fermer l’espace. On souhaite utiliser l’ensemble des murs existants, jouer avec l’architecture pour créer une scénographie et davantage aérer le salon. Ici, plusieurs galeries partagent un même espace. La volonté est de créer un ensemble cohérent sans sectionner l’espace comme on peut le voir dans d’autres salons avec des stands classiques. Le visiteur respire et peut avoir une appréhension globale des œuvres à 360°. Quelques unes se répondent, certaines séduisent ou repoussent d’autres… Il y a des échanges qui se forment, et c’est tout l’intérêt de cette mise en scène.

Que présentez-vous exactement : des dessins au sens strict du terme ou des œuvres sur papier ?

On présente des œuvres sur papier. On a des déclinaisons : des pièces plus architecturées, plus structurées qui ne sont pas des dessins. On définit souvent le dessin comme un trait et on va au-delà de ça (ndlr : Philippe Mougey, caricaturiste du Canard enchaîné). Ce n’est pas une erreur de direction artistique de ma part.
On a, bien sûr, des œuvres originales mais également de l’édition (stand de la galerie Graphem). Il y a un renouveau manifeste de l’édition au sein de l’art contemporain. On le voit bien avec de très grands artistes… qui font maintenant des lithographies alors que pendant des années la gravure et la lithographie avait été abandonnées.
On aurait pu intégrer le dessin animé et diffuser certaines vidéos avec un travail intéressant sur le trait, mais on n’a pas voulu créer de confusion. Peut-être que dans une prochaine édition on initiera une petite section ? J’y pense.

Quel est le profil de l’acheteur type ?

L’acheteur type de ce salon est parisien, quadra ou quinqua. Très souvent, il effectue son premier achat ou veut franchir le premier pas de la collection. Une œuvre sur papier est peu chère — ici, le prix des œuvres oscille entre 80 à 6’000 euros — et l’acheteur craque en se disant qu’il ne prend pas beaucoup de risques. L’achat d’un dessin est généralement spontané, un coup de coeur, pas forcément raisonné.

A seulement quarante ans ou cinquante ans ?

En France, curieusement, oui, le premier achat intervient autour de quarante ans. La maturité professionnelle aidant, c’est autour des quarante ans qu’on se stabilise… En Belgique et en Angleterre, il se déroule plutôt autour des vingt-cinq ans. Ils collectionnent très tôt, c’est dans leur culture…

Propos recueillis par Jean-David Boussemaer

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