0 Shares 3380 Views

Edvard Munch – Le cri

7 avril 2010
3380 Vues
Edvard Munch

Lorsque survient le scandale de l’exposition berlinoise en 1892, Edvard Munch est déjà reconnu par ses pairs. Symbole de la future sécession berlinoise, c’est dans cette lutte entre anciens et modernes que s’inscrit Le Cri et que se révèle cette tendance à l’expression d’une subjectivité artistique qui tend à déformer la réalité pour inspirer au spectateur une réaction émotionnelle forte. Peintre de ce qu’il voit mais aussi de l’intériorité, Edvard Munch est bien sûr profondément marqué par les drames qui jalonnent son existence.

De la mort de sa mère en passant par celle de sa sœur et de son frère, sans parler de l’austérité névrotique du père. Toutes ces épreuves influent durablement l’esthétique munchienne pleine de ce réalisme psychique qui dans Le Cri, La Voix, Cendres et Anxiété, suite de tableaux appartenant au cycle La frise de la vie, traduisent l’effroi par effet de réciprocité.

Sans pitié pour la société protestante dans laquelle il a grandit, Munch n’inscrit pas moins dans son œuvre tout le poids de la culture primitive nordique. En ce sens, il est très proche des avant-gardes de ce début du XXème siècle et devance même une certaine idée de la modernité dans sa démarche de désacralisation systématique qu’il inflige à l’œuvre d’art en lui faisant subir ce fameux « traitement de cheval ». Des photographies dans son atelier extérieur d’Ekely, un simple baraquement sans toiture, montrent les toiles de l’artiste exposées aux intempéries : les meilleures résisteront !

La douleur du geste artistique présente dans l’œuvre de Munch durant toute la période symboliste de l’artiste qui s’échelonne approximativement jusqu’en 1909, date à laquelle il sort de la clinique de Copenhague, tend par la suite à s’apaiser. S’installant définitivement en Norvège à cette date, la période artistique qui se prolonge jusqu’à sa mort en 1944, s’oriente vers une peinture plus sereine et colorée. Les crises d’angoisse pathologique ne se laissent plus appréhender désormais que dans le regard scrutateur que l’artiste porte sur lui-même au travers de ses autoportraits, racontant sa vie de peintre au quotidien.

« J’aime la vie, la vie même malade », écrivait Munch dans un de ces poèmes. C’est peut-être bien cette phrase qui résume à elle seule toute la vie de cet artiste inclassable.

Karine Marquet

A lire sur Artistik Rezo :
Edvard Munch ou l’« anti-Cri » à la Pinacothèque de Paris

Edvard Munch ou l’« anti-Cri »

Prolongation jusqu’au 8 août 2010
Tous les jours de 10h30 à 18h.
Fermeture de la billetterie à 17h15.
Le samedi 1er mai et le mercredi 14 juillet 2010, ouverture de 14h à 18h.
Nocturne tous les mercredis jusqu’à 21h (fermeture de la billetterie à 20h15).

Plein tarif : 10 € // tarif réduit (sur présentation d’un justificatif) : 8 €

Pinacothèque de Paris
28, place de la Madeleine
75008 Paris
M° Madeleine

www.pinacotheque.com

[Visuel : Norwegian painter Edvard Munch. 20 novembre 1933. Source : Galleri Nor Tilvekstnummer: NF.WA 03293 Internnr: NBR9407:02356. Domaine public]

Articles liés

“En Silence” : découvrez l’univers intimiste de Velours à travers un premier EP émouvant
Musique
12 vues

“En Silence” : découvrez l’univers intimiste de Velours à travers un premier EP émouvant

Le 19 avril dernier, marquait la sortie de “En Silence”, le premier EP de Velours, révélée dans “The Voice” en 2022. Avec cet opus, l’artiste dévoile un univers intime et poétique, marquant ses premiers pas prometteurs sur la scène...

Le Festival Format Court de retour pour une 5e édition du 25 au 28 avril au Studio des Ursulines
Agenda
40 vues

Le Festival Format Court de retour pour une 5e édition du 25 au 28 avril au Studio des Ursulines

Le Festival Format Court vous donne rendez-vous pour sa 5e édition, du 25 au 28 avril 2024, dans la mythique salle de cinéma nichée au cœur du quartier Latin, le Studio des Ursulines ! Venez découvrir sa compétition, 19...

GCA Gallery présente “Made in China” de Maxime Siau : quand la tradition chinoise fusionne avec la créativité contemporain française
Agenda
46 vues

GCA Gallery présente “Made in China” de Maxime Siau : quand la tradition chinoise fusionne avec la créativité contemporain française

Plongez dans l’univers envoûtant de Maxime Siau à travers son exposition intitulée “Made in China”, une ode contemporaine à la finesse de la porcelaine. L’artiste, originaire du sud de la France, vous invite à un voyage où le passé...