Esthétique du fétiche, l’Afrique dans notre Histoire
Fascination ! C’est la sensation qui domine à la sortie de cette exposition. Ces objets secrets et sacrés offrent au visiteur une autre vision sur le monde, mais encore sur soi-même. Dans le folklore africain, ces fétiches protègent, guérissent. Ces objets étaient parfois utilisés par les colons pour passer des accords avec les chefs des villages africains. Ils témoignent aussi du choc des cultures : agrémentées d’éléments hétéroclites, les croix de missionnaires chrétiens ont été transformées. Accaparées par la sorcellerie africaine, elles chassent le mauvais œil ! Certains de ces objets trouvés dans la nature, ont été divinisés sans modification. Cet aspect fascinait André Breton auquel l’exposition rend hommage en évoquant l’Exposition surréaliste d’objets de 1936. On songe à l’art moderne en contemplant certains fétiches.
« Soigner le corps et l’esprit. »

Le Chien-Nkisi voit les esprits invisibles. Les clous sur son dos figurent la violence de l’agression.
Il n’est pas sans rappeler le chien Cerbère, médiateur entre le monde des vivants et des morts dans la mythologie grecque. On peut également faire le parallèle avec Saint-Sébastien le guérisseur transpercé par des flèches dans les tableaux de la Renaissance.
Le visiteur est confronté à un monde magique où chaque « grigri » a une signification propre et mystique. L’inquiétante étrangeté n’est pas loin ! On ressent comme une répulsion face à l’objet sacré « Boli », la pièce maîtresse de l’exposition qui vient du Mali. Elle est composée de griffes, de crocs, d’écorces, de racines, le tout enveloppé de placenta. Quelque chose d’insaisissable se dégage de cette grosse boule noire qui doit « soigner le corps et l’esprit. ». Visiter cette exposition, c’est s’interroger sur soi-même en se confrontant à l’étrange ; à son instinct, à son histoire personnelle. C’est surtout se rendre compte d’une fascination exercée par l’Afrique sur nos artistes occidentaux.
Le dialogue des cultures
On a tous à l’esprit des images de rites initiatiques, souvent évoqués dans les œuvres littéraires ou dans les films. A la fin de la visite, dans une vidéo tournée au Gabon, un homme est initié à une nuit de visions. Le rituel commence devant « l’arbre esprit » où l’on voit un sorcier faire des prières, cracher, gratter l’écorce et sacrifier des animaux. Les objets sont élaborés à partir de bouts d’ongles, de cheveux. L’initié se purifie en se baignant dans la rivière. Ensuite, il consomme des racines hallucinogènes : « Quand quelqu’un se fait initier ici, il voit ce qu’il a envie de voir » s’exclame le sorcier. Le visiteur du musée du quai Branly est bel et bien initié au « dialogue des cultures » !
Jean-Christophe Le Blévec
Recettes des dieux, Esthétique du fétiche
Du 3 février au 10 mai 2009
Tél : 01 56 61 70 00
mardi, mercredi et dimanche : de 11h à 19h
jeudi, vendredi et samedi : de 11h à 21h
Musée du quai Branly
37, quai Branly
75007 – Paris
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