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Fernand Pelez (1848-1913) au Petit Palais. La parade des humbles

24 septembre 2009
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Fernand_Pelez_marchand_de_citrons

 

Le Petit Palais possède un ensemble exceptionnel de peintures et de dessins légués par Fernand Pelez à la Ville de Paris. L’exposition met parfaitement en valeur cette collection inestimable et met à l’honneur avec brio un artiste méconnu qui mérite d’être redécouvert. Des œuvres académiques de jeunesse aux tableaux naturalistes de la maturité, le Petit Palais retrace l’itinéraire artistique du « peintre de la pitié », selon les termes de Joséphin Péladan, écrivain mystique et fondateur du Salon de la Rose+Croix.

 

Élève dans l’atelier d’Alexandre Cabanel entre 1870 et 1873, Fernand Pelez se consacre d’abord à la peinture d’histoire et expose au Salon, qui se tient tous les ans au palais de l’Industrie, de grandes huiles sur toile aux thèmes inspirés de la Bible et de l’Antiquité. De cette formation académique il garde, tout au long de sa carrière, un goût prononcé pour la figure et le dessin. Mais dès 1880, il se détourne de la peinture d’histoire, qui n’intéresse plus la critique, pour peindre la vie des misérables du Paris de la Belle Époque. Des personnages anonymes, victimes du libéralisme économique de la société moderne, remplacent les martyrs et les damnés antiques. La sobriété des œuvres, qui mettent en scène des figures marquées par la douleur et la misère, sans contexte précis, accentue l’atmosphère sinistre. La femme occupe une place centrale dans ces tableaux naturalistes d’une grande qualité d’exécution: parfois soumise à des travaux ingrats, parfois représentée en mater dolorosa, entourée d’enfants affamés, elle dévisage tristement le spectateur.

 

Réalisme poignant

Le thème des « Petits misères » est encore plus récurrent dans l’œuvre de Pelez : de nombreuses toiles sont consacrées aux enfants des rues, contraints à exercer toutes sortes de métiers – marchand de citrons, de mouron ou de violettes. L’artiste les représente toujours de la même façon, de manière frontale, dans un espace neutre, sans profondeur ni décor. La gamme chromatique restreinte souligne le désarroi de ces « loupiots », titre d’un poème d’Aristide Bruant que les commissaires de l’exposition ont eu la bonne idée de reproduire, et la précarité de leur situation. La compassion du peintre transparaît dans ces portraits anonymes, d’un réalisme poignant. Ces enfants nécessiteux sont également présents dans des œuvres aux thèmes plus larges – les saltimbanques, la Vachalcade, fête populaire créée à Montmartre en 1896, à laquelle Pelez a activement participé et qui occupe une place importante à l’exposition.

 

L’exposition se clôt sur les œuvres – de plus en plus monochromes – de fin de vie de l’artiste, sur le thème de la charité et des danseuses de l’opéra. Outre la redécouverte d’un peintre majeur de la fin du XIXème siècle, l’exposition évoque le contexte social et artistique dans lequel il a évolué et offre de judicieuses comparaisons avec les œuvres d’autres artistes de l’époque. Son sous-titre, « La parade des humbles », résume à merveille l’art de Fernand Pelez, remis à l’honneur dans une exposition captivante qui mérite le détour.

 

Maureen Charlet

 

Commissariat: Gilles Chazal, conservateur général et directeur du Petit Palais, et Isabelle Collet, conservateur en chef du Petit Palais.
Du 24 septembre 2009 au 17 janvier 2010.
Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf les lundis et jours fériés. Nocturne le jeudi jusqu’à 20h (uniquement exposition temporaire).
Plein tarif: 9 euros; Tarif réduit: 7 euros; Tarif jeune: 4,50 euros.

 

Petit Palais
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
Métro Champs-Elysées-Clemenceau (l. 1 ou 13) ou Concorde (l. 1, 8 ou 12); RER C, station Invalides, ou RER A, station Charles-de-Gaulle-Étoile.

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