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La vie en formes d’Armelle Fox

11 juin 2009
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C’est en habitante du quartier, en voisine presque, qu’Armelle Fox vient exposer dans l’un des arrondissements qui aura probablement le plus vu Paris changer. Pourtant, ça  n’est pas un attachement à un lieu marqué par l’histoire que l’artiste nous démontre à travers ses toiles, mais bien davantage à des murs ayant abrité d’innombrables destinées. Armelle Fox s’intéresse, se passionne pour le corps, la peau, en tant que témoins des épreuves d’une vie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la première oeuvre présentée, apparemment en décalage complet avec le reste, est la représentation d’un mur: plein de cicatrices, toujours debout mais salement amoché, attachant dans sa banalité, il est, dans la main de notre hôte, un humain parmi d’autres.

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La technique des peintures de cette jeune quarantenaire est surprenante, intelligente: son support est en général fait de journaux marouflés sur de la toile chinoise, pour un résultat tout en rugosité, parfaitement en adéquation avec son propos, mais aussi avec son parcours: Armelle a en effet commencé sa carrière, au début des années 1990, en superposant des affiches trouvées dans les rues, avant d’évoluer vers une technique mettant en valeur les formes, accentuées le plus souvent par des couleurs vaporeuses, aqueuses, presque fuyantes.
Voilà d’ailleurs le reproche, bien qu’il soit difficile d’avoir à redire sur un parti pris artistique, que l’on ferait à des toiles qui, dans leur ensemble, laissent transparaître à la fois amertume et tendresse: le propos est là, mais la personnalité nous échappe. Il ne s’agit pas de celle de l’artiste, qui transparaît sans la moindre difficulté tant l’oeuvre est cohérente, mais de celle des modèles. Le léger sentiment de gêne éprouvé, peut-être, par un visiteur attentif viendra d’ailleurs d’un fait flagrant: aucun des personnages représentés n’a de regard. Jamais une simple paire d’yeux ne vient humaniser un amas de chair dont on comprend qu’il doit se suffire à lui-même. Il n’y a pas de défaut ici, juste une attirance, une focalisation sur la matière, qui ne manque ni de profondeur ni de beauté; mais la chosification ici opérée n’est-elle pas contradictoire avec cette attachement affiché à la véritable nature des êtres?

Matthieu Balu
Epidermes, Exposition de l’artiste peintre Armelle Fox Du 4 au 27 juin 2009.
Galerie Canopy 19 rue Pajol 75018 Paris Métro La Chapelle

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