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Loopkin, l’artiste street art aux multiples projets

Lou Barbato 13 juillet 2020
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D.R.

Loopkin est une illustratrice d’origine française, qui évolue à Montréal depuis 2012. Pour ses dessins, elle s’inspire de son quotidien, du tatouage et du graffiti, en y ajoutant souvent une touche d’humour. Le crâne – symbole des Vanités – est un élément récurrent dans son œuvre, comme une marque de fabrique.

Justine, quelques mots sur toi et ton parcours ?

Je suis Justine, j’ai 30 ans, je vis à Montréal depuis 8 ans mais je viens de France. J’ai reçu mon DNAP Art (Diplôme National d’Art Plastique) des Beaux-Arts d’Annecy ; papier qui ne m’a pas servi à grand chose à part douter fortement de certaines formes de l’art contemporain et me dire qu’être artiste ne veut pas dire être bon pédagogue.
J’ai toujours aimé dessiner depuis petite. Aujourd’hui ma pratique est pluridisciplinaire : j’aime beaucoup le collage, même si j’en fais moins. J’ai réalisé plusieurs murs, que ce soit dans le cadre de festivals comme Under Pressure, Osheaga ou juste pour le plaisir entre ami.e.s ; je fais aussi des illustrations et de la peinture. Je n’ai pas d’atelier donc je peins ou dessine majoritairement sur des petits formats. J’ai aussi des micros bases d’animation,  grâce à l’invitation précieuse de MAPP MTL. Je suis assez curieuse de toutes les formes d’art donc j’aime beaucoup essayer de nouvelles choses, même si parfois cela ne rend rien.

Festival Under Pressure édition 2018

Œuvre de Loopkin et Gentil Crew © Mark Wlodarczyk

Je fais partie de deux collectifs, l’un justement avec lequel nous réalisons principalement des murs, le Gentil Crew (avec MSHL, Bosny, Sbu, Monstr, LSNR et Maylee Keo), qui est un projet tout frais né en 2019 sur l’invitation de Mshl, et le SKINJACKIN qui est un collectif qui est né à Bordeaux il y a 10 ans et qui pourrait s’affilier à du bodypainting mais en clairement plus fun, plus coloré et beaucoup plus loufoque ! On a d’ailleurs sorti un livre pour les 10 ans du collectif.
J’adore dessiner des crânes et des petits monstres ; j’ai développé un style propre il y a plus de 5 ans et qui évolue depuis. Je m’évade quelques fois dans de l’abstrait.

J’ai pu comprendre que tes œuvres sont inspirées de ton quotidien, quel est-il ?

Un quotidien assez commun je crois : travail, amour, amitié, société de consommation, réseaux sociaux et tout ce qu’ils apportent (slang, memes, etc.). Je passe pas mal mes émotions par mes dessins ou mes idées. Des fois c’est explicite, des fois c’est moins évident. 

Ton travail minimaliste laisse apparaître principalement des symboles, quelles sont ceux qui reviennent le plus, et pourquoi ? Il y en a qui t’inspirent, qui te correspondent ? 

Cela se joue très souvent sur la qualité graphique d’une image ou d’une forme plutôt que ce qu’elle symbolise. Beaucoup d’interprétations peuvent être faites selon les personnes qui regardent mes dessins, des fois l’utilisation des symboles est consciente mais elle est aussi très souvent purement esthétique, ou inconsciente.

© Loopkin

J’ai aussi une grande admiration et passion pour le milieu du tatouage, donc je me vois un peu faire le même travail mais sur mes petits monstres dessinés. Des fois les tatouages racontent une histoire mais pour certaines personnes ils sont purement esthétiques. Je pense que mon travail oscille entre ces deux idées.
Les yeux, sabliers, étoiles ou signes du temps qui passent sont très souvent présents dans mes dessins. Le feu ou larmes sont également récurrents.
Le crâne dont je parlais est aussi un item majeur dans ma création, il a évolué sur quelques années. Une personne m’a une fois dit qu’elle ne voyait pas un crâne mais un éléphant… 

Murale réalisée dans le cadre du festival Canettes de ruelle

© Loopkin

Beaucoup de femmes s’investissent dans la scène artistique à Montréal. Cela a-t-il influencé ton envie d’aller développer tes projets professionnels au Canada ? 

Je suis arrivée à Montréal en 2012 ne sachant pas trop quoi faire de ma vie et en ayant découvert dans un stage en France que Montréal était une belle plateforme pour la culture et l’art. J’ai toujours été passionnée par le milieu de l’art urbain et cela ne manque pas à Montréal. À l’époque, il y avait une galerie appelée la FreshPaint qui était gérée par une équipe de bénévoles hyper dévoués et qui m’a permis de faire mes premières rencontres avec le milieu culturel de la ville. Elle se démarquait vraiment des galeries classiques qu’on peut connaître.
Pour la question de la présence de femmes, je pense que beaucoup s’investissent en art et en culture partout dans le monde, quelque soit la ville, peut-être simplement a-t-on plus d’espaces et de possibilité d’exposer à Montréal – et encore, c’est à vérifier -, mais cela n’a pas été une raison majeure de mon arrivée ici.
La présence des femmes dans l’art, c’est un enjeu de représentation et de place qui n’est pas nouveau malheureusement ; peut-être a-t-on vu émerger plus de femmes dans les dernières années au Canada, ou plus spécifiquement à Montréal. Cependant on voit à travers les époques que les femmes sont souvent oubliées ou relayées au second plan dans l’histoire de l’art. On ne va pas se mentir, l’histoire de l’art qu’on nous présente encore aujourd’hui, est quand même très androcentrique, et très blanche.

Quel conseil pourrais-tu donner aux personnes qui souhaitent se lancer dans ce milieu artistique ? 

Ce qui m’a beaucoup aidée et que j’apprécie toujours énormément c’est de rencontrer des artistes et créateurs au cours des années, de créer des projets collectifs et de rester ouverte et curieuse sur ce qui se fait. Aller dans les vernissages ou dans les événements artistiques et culturels, regarder les stickers, les graff ou les collages qui apparaissent dans les rues.
J’ai aussi fait beaucoup de bénévolat entre 22 et 25 ans et c’est comme ça que j’ai rencontré des personnes avec lesquelles je pouvais échanger et faire évoluer mon travail artistique.
Le collectif Skinjackin par exemple regorge de personnes talentueuses et créatives qui se retrouvent aujourd’hui dans plein de domaines : on a des illustrateurs.trices jeunesse (Aurélie Grand, Julien Castanié), des gens dans le motion et le graphisme (Maylee Keo, Amélie Tourangeau ou encore Dalkhafine), des tatoueurs (Mirabolle) etc. On s’est créé une petite famille et même si nos styles sont différents on s’influence et on s’apporte toutes et tous beaucoup ! Sans parler de la montagne de talents en France dans ce collectif entre Paris et Bordeaux et les premières générations du collectif ! Gros cœur sur Cookie Kalkair et Lili Sohn.

Tattoo Skinjackin

© Loopkin

Des projets à venir ?

La pandémie a supprimé plusieurs contrats que j’avais de prévus pour cet été mais j’ai quelques murs et autres projets de prévus. Vous pourrez retrouvez tout ça sur mon Instagram ou mon Facebook.

Propos recueillis par Lou Barbato

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