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Rencontre avec la photographe Bénédicte Karyotis

© Bénédicte Karyotis

Bénédicte apprécie les teintes hivernales, l’habitat urbain et l’Homme qui l’agite. Tous les jours, accompagnée d’un petit compact, elle photographie avec douceur et pureté, des détails de la rue, de ses passants, des villes qui l’inspirent. 

Qui êtes-vous et pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

Je suis Bénédicte, photographe professionnelle depuis 6 ans. J’ai grandi entre le Nord et le Nord-est et vis désormais à Paris. Après un parcours scolaire classique, j’ai tout d’abord étudié pendant deux années l’économie à la fac avant de me tourner vers une école de cinéma. Étant cinéphile, j’ai d’abord pensé que ce secteur me plairait, mais je me suis rendue compte que c’était avant tout l’image de manière générale. Le métier de photographe m’est donc venu naturellement. 

Comment avez-vous découvert l’envie de capturer l’instant présent ? 

Je dirais que le point de départ est à l’adolescence, grâce à des amis. Ils me prêtaient régulièrement leurs appareils photos et j’ai pu apprendre les bases en soirées, au skatepark ou dans la rue. Pour mes 18 ans, mes parents m’ont offert un appareil photo que j’avais constamment avec moi. Au début, je photographiais tout et faisais beaucoup de photos de nature, d’animaux dans leur état naturel. Arrivée à Paris, je me suis tournée vers l’humain dans son habitat urbain. 

© Bénédicte Karyotis

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’en faire votre métier ?

Comme beaucoup, arrivé à un certain âge, on se pose pas mal de questions sur nos envies et motivations. C’était compliqué de trouver un métier dans le domaine de l’audiovisuel. Après plusieurs années à travailler en parallèle dans un cinéma tout en continuant la photo, j’ai réalisé que la photographie était vraiment ce que je voulais faire. Au début, ce n’est bien sûr pas évident mais j’ai eu la chance d’avoir été très soutenue par mon entourage et petit à petit des personnes m’ont fait confiance. J’ai aujourd’hui des clients réguliers et c’est agréable d’avoir une certaine stabilité et une confiance mutuelle. À côté de ça, je suis amenée à rencontrer de nouveaux clients, à travailler dans de nouveaux domaines. Je ne suis pas spécialisée, car j’aime bien toucher un peu à tout, me diversifier. On apprend constamment dans ce métier, c’est très enrichissant et motivant.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Le cinéma m’a beaucoup inspirée dans un premier temps. Je suis très sensible aux cadrages, à l’ambiance et aux jeux de couleurs ou de lumière. Parfois, je ne me souviens pas exactement du film mais simplement d’un plan, d’une séquence. Certains films et certaines séries m’ont beaucoup plu esthétiquement. Sinon bien entendu, il y a les grands maîtres de la photographie notamment les précurseurs de la photographie couleur : Harry Gruyaert, Joel Meyerowitz, Fred Herzog, Wim Wenders, et beaucoup d’autres. Instagram est également devenu une grande source d’inspiration. Je suis des photographes aux univers complètement différents et ça me permet d’ouvrir mes connaissances et visions sur d’autres thèmes ou sujets.

© Bénédicte Karyotis

Qu’aimez-vous capturer dans la rue ?

La photographie de rue est arrivée petit à petit. Au début, c’était assez compliqué pour moi de braquer un appareil photo sur quelqu’un. Un gros reflex n’est en plus pas très discret. J’aime bien ne pas être repérée, être un peu en mode espion pour que le moment soit le plus naturel possible. L’achat d’un petit compact m’a permis de me lancer et je l’ai désormais toujours dans ma poche. J’aime beaucoup composer avec les formes, les couleurs, la luminosité. La rue peut être un terrain de jeu. Ce que je préfère est de repérer un endroit et d’attendre que quelqu’un passe. Sinon, je garde une approche assez minimaliste comme pour les paysages. J’adore isoler une personne, un objet, un détail ou un animal dans un décor et encore plus dans les villes assez denses.

Quelle série de photos vous a le plus marquée ? 

Je dirais que c’est la série à New York, ce voyage restera un souvenir. Je rêvais d’y aller depuis toute petite et forcément, quand on arrive dans cette ville qui ne dort vraiment jamais on est subjugué. C’était un challenge puisque c’est sûrement la ville la plus photographiée au monde, du moins les photos les plus relayées donc il a fallu trouver une approche spécifique. Je voulais partir en hiver, je préfère les teintes hivernales et cela m’a permis de réaliser une petite série de rue telle que je l’imaginais.

© Bénédicte Karyotis

On retrouve un grand nombre de photographies de Paris sur votre compte Instagram, notamment depuis le confinement. En quoi cette ville vous inspire-t-elle ?

Il y a toujours un décalage entre ce que je poste et le moment de la prise de vue. Beaucoup restent sur le disque dur et peuvent ressortir plus tard. Ce n’est pas toujours facile d’être satisfait d’une photo au premier regard donc c’est parfois mieux de revenir dessus plus tard.

À l’annonce du confinement, un élan de motivation m’a envahie. Comme beaucoup de photographes, on a un rapport étrange avec la ville dans laquelle on vit, une sorte de lassitude. Dans la vie de tous les jours, on ne fait plus forcément attention à certaines choses, surtout sur les trajets habituels. Ce confinement m’a donné envie de redécouvrir la ville, majoritairement vidée de ses habitants et de son trafic. La ville est calme, on redécouvre plein de choses et surtout, les sorties étant restreintes, je pense qu’on apprécie plus de sortir. 

Depuis quelques mois, j’ai intégré un collectif de photographes de rue : Street Roamers. On communique beaucoup, on se donne des avis sur les dernières photos et nous faisons chaque mois une sélection. Ça m’a beaucoup motivé dernièrement et m’a permis de me rendre compte que c’était important de photographier notre propre ville. 

 Le confinement que nous vivons vous oriente-t-il vers de nouvelles perceptives ? 

À l’heure qu’il est, j’aimerais répondre oui pour ce qui est de mes photos de rue. L’envie de s’attarder un peu plus sur certains endroits, de prendre le temps de regarder autour de moi, d’apprécier plus chaque moment. Professionnellement, je sais que ça va reprendre et c’est déjà le cas petit à petit, à distance notamment, mais sur le long terme je n’ai pour l’instant pas idée des répercussions que cela aura sur les entreprises et notamment sur les plus petites. Le secteur de la photographie, déjà bien fragilisé, en subira les conséquences tout en nous offrant peut-être de nouvelles opportunités. 

Si vous voulez voir ses photographies, c’est ici, sur son site & Instagram 

Propos recueillis par Marie Coindeau-Mattei 

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