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Rencontre avec Marion Louisa, à l’initiative d’un tour de France des savoir-faire

Marion Louisa est une créative dans l’âme avec une passion communicative du vêtement et de la mode. Elle est attachée à rapprocher la création à la transmission et au partage. Marion s’est appropriée le média vidéo à merveille pour partir faire un tour de France des savoir-faire précieux qui perdurent et partager sa passion. Elle a pour futur projet de lancer sa marque de patron de couture.

Quel a été ton parcours ?

J’ai commencé par un bac économie et social, puis à l’université en économie-gestion, qui était un cursus complexe. Je pensais que la créativité ne s’apprend pas forcément à l’école, mais que les comptes de rentabilité ne pouvaient s’apprendre autrement que par un cursus dédié. Je me suis orientée vers la mode qui pouvait croiser à la fois l’aspect artistique et le commerce. Je suis ensuite allée à l’IAE Management International en 3e année qui m’a permis d’aller en Erasmus en Suède, j’en garde une très belle expérience. 

J’ai poursuivi en master dans ce secteur en suivant, pendant l’été, un cours Esmod en stylisme – modélisme et ai voulu viser l’IFM. J’avais créé un blog sur la mode éthique pour y rentrer et j’ai continué sur un master en marketing digital. Cela m’a permis d’avoir des expériences professionnelles chez Chanel et au Printemps en tant qu’assistante chef de produits sur les chapeaux et les textiles. 

Pendant le premier confinement tu as pris un nouveau tournant ?

Oui, j’ai pris le temps de savoir ce que je ferai plus tard s’il n’y avait aucune contrainte. Je me suis remise à coudre et j’avais un projet personnel avec le master, de développer mon blog et mon Instagram, j’ai vraiment pris ce projet à cœur. Je me suis mise à faire des vidéos qui permettent d’amener un réel univers, plus que sur Instagram où l’ensemble est plus figé. Je n’avais pas conscience du travail que c’était, c’est très prenant, et j’ai vraiment aimé découvrir tout cela. 

D’où te vient cette attirance pour la mode et le vêtement ?

J’ai une grand-mère qui est très coquette et qui a fait beaucoup de ses vêtements que je lui pique régulièrement. L’intérêt pour la mode est que j’aime l’art et le beau en général. Le problème de l’art, c’est que c’est bien souvent présent dans les musées mais cet esthétisme touche une minorité de personnes. La mode touche plus de personnes, et permet de faire entrer la création dans la vie de tous. J’aime aussi l’aspect sociologique du vêtement. 




Tu as démarré des vidéos de tutos couture, d’où te viennent ces inspirations ? 

J’ai toujours été nourrie de beaucoup d’images ce qui m’amenais à aimer des pièces que je ne trouvais pas en boutiques, où ce que j’aime est trop onéreux, ce qui est un souci pour un budget d’étudiante. Je me suis rendue compte qu’en cousant, nous pouvions réaliser de très belles pièces dans de belles matières et connaitre la provenance des matières premières, ce qui m’importe. J’ai pris conscience que je pouvais m’habiller sans faire de mal à personne, ce qui est compliqué avec les grandes marques répandues. On incarne aussi différemment le vêtement lorsque nous avons créé la pièce. 

Tu as eu l’idée de faire un tour de France des savoir-faire il y a 6 mois, peux-tu nous parler de la venue de ce projet et sa réalisation ?

J’avais travaillé dans la mode sans vraiment savoir comment été créé les collections. Nous sommes une génération peu connaisseuse des étapes de création des vêtements. Je pensais m’orienter en merchandising, ce sont ceux qui analysent les chiffres des collections précédentes pour celles à venir.

À la fin de mon alternance, je me suis dit que j’allais faire un tour de France des savoir-faire. Ma manager de l’époque que j’admire beaucoup, m’a poussée, ainsi que mes proches, à aller au bout de ce projet. Ayant une période devant moi, j’avais envie de développer les vidéos, ne pas rester enfermée chez moi et porter un projet ayant du sens. Il a fallut un temps d’adaptation pour coordonner les réseaux sociaux, les voyages, les rencontres et les montages vidéos. La situation actuelle m’a permis de réfléchir et d’étaler les tournages afin de mieux m’organiser. La création des explications et le montage prennent environ une semaine de travail. Je me suis concentrée sur les savoir-faire au début, et j’aimerais me pencher sur la mode du futur et les nouvelles initiatives. Ma dernière rencontre a été avec Maison Cléo à Lille pour initier ce nouveau format.




Comment as-tu trouvé ces ateliers de création ?

J’ai au départ lancé un crowdfunding pour présenter mon projet et l’ai partagé sur Linkedin en premier lieu. Ça a fait l’effet d’un buzz et beaucoup de structures m’ont contactée. J’ai ensuite recentré sur les lieux qui m’intéressaient réellement, car je ne suis pas payée pour faire découvrir ces ateliers. Je les ai trouvés ensuite en faisant des recherches sur les spécificités de chaque région, comme la Normandie avec la dentelle. C’est à chaque fois de nouveaux univers et des rencontres inspirantes. 

> Lien des vidéos du tour de France des savoir-faire.

Qu’est-ce que cela apprend de monter un projet comme celui que tu portes ?

Ça apprend beaucoup de choses ! Je me suis lancée sur Youtube sans avoir trop de repères car il s’agit d’un sujet non exploité auparavant. Il a fallut faire preuve de créativité et que j’apprenne quel était mon rythme de travail. Je tenais à avoir des horaires “de bureaux” pour avoir l’impression d’avancer, mais ce n’est pas forcément la meilleure option. Quand on gère toutes les facettes toute seule, il faut se faire confiance. J’aime partager et échanger des idées, cela m’a permis de me rapprocher de personnes ayant les mêmes intérêts que moi, ce qui était peu le cas dans mon entourage, au niveau créatif.

© Marion Louisa

En quoi le “Made in France” est important pour toi ?

Je ne dirais pas que c’est le “Made in France” qui est indispensable pour moi mais de produire plus localement. Avant de réaliser la vidéo sur les pulls, j’avais rencontré Laine Paysanne, qui est basée près de la frontière espagnole et qui disait avoir des matières premières venant d’Espagne, ce qui bloquait certaines marques à venir à eux, pour produire exclusivement en France. Ce projet c’était avant tout d’aller découvrir les richesses et l’artisanat en France. Cela m’a permis d’explorer des endroits encore inconnus pour moi et me permet de partager du contenu aussi sur les bons plans et bonnes adresses à découvrir. Notre territoire regorge d’endroits merveilleux, n’oublions pas que de très nombreuses personnes viennent visiter notre pays, c’est qu’il y a bien des raisons !

Y-a-t-il des modèles avec qui tu te construits ?

Il y a des femmes entrepreneuses qui m’inspirent beaucoup comme Lisa Gachet avec Make My Lemonade, son interview pour le podcast Entreprendre dans la mode était très inspirant. J’écoute souvent des podcasts, ça m’a permis de découvrir Peggy Frey, journaliste, que j’adore et dont j’admire le parcours. Je conseille un livre, GirlBoss de Sophia Amoruso, une série Netflix raconte son histoire, que je recommande aussi. Clara Victoria est aussi une grande inspiration, depuis que je créé des vidéos, j’admire encore plus son esthétique et son travail. Léna Situations a aussi une qualité de montage impressionnante et une force de travail remarquable.  

Pour les personnes qui te découvriraient, et qui veulent effectuer des achats plus responsables sur le plan écologique avec néanmoins une contrainte budgétaire, comment fait-on ?

Pour ma part, je n’ai pas eu de moment où ça a réellement commencé. Juliet Bonhomme ou Rosa Bonheur, aussi créatrices de contenus vidéos, disent qu’elles étaient accro au shopping, ça n’était pas mon cas. Je réfléchissais à ce que j’achetais, j’allais déjà chez Emmaüs étant étudiante, car ma mère y allait pour trouver des meubles et aménager notre maison. Le piège pourrait être de passer d’accro de fast fashion à accro à Vinted par exemple. 

Ca dépend alors de ses revenus, on va trouver plus facile d’aller dans une friperie ordonnée au départ que d’aller dans un Emmaüs très fournit où il faut fouiller et y passer du temps. Sur Paris, pour commencer, je conseille le dépôt-vente La Frange à l’envers, tout est classé par taille, ça reste accessible et il y a de belles pièces. Je me tourne maintenant plus vers les dépôts-vente avec des pièces plus choisies, de meilleures qualités. Enfin, coudre ses pièces est vraiment satisfaisant ! Si vous voulez découvrir le tour des Emmaüs de Paris, le voici.




Quelles sont tes découvertes récentes ?

J’ai eu le grand plaisir d’arpenter le Marché St-Pierre, temple des tissus à Paris. Quelle merveille ! Le CENTQUATRE-PARIS est aussi un lieu superbe dans le 19e que j’ai découvert récemment juste à côté de l’immense Emmaüs Riquet. 

As-tu un mantra ?

Il y a en effet une phrase qui me guide dans ma façon de m’organiser, c’est que la discipline libère. Quand on travaille seule il est nécessaire de se donner un cadre. Au début de ce projet, je me suis mise au sport, au yoga, à la méditation pour me sentir mieux, des efforts qui au début me pesaient, mais une fois installés dans sa vie, apportent beaucoup de bien et de positif. 

Pour découvrir les vidéos de Marion Louisa : https://www.youtube.com/channel/UClrz4Ej6-04UGeYKfp7P89g

Son Instagram : https://www.instagram.com/_marionlouisa_/

Son blog : https://www.thelook.fr/

Propos recueillis par Mona Dortindeguey

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