Un court métrage français animé à la main : comment le loup d’Intermarché a conquis le monde ?
Le 6 décembre 2025, Intermarché publie un court métrage d'animation visionné 1 milliard de fois à travers le monde.
Réalisé par un studio montpelliérain, le court métrage de Noël d’Intermarché a dépassé le milliard de vues dans le monde, porté par une approche artistique saluée sur les réseaux.
Il ne parle pas. Il ne court pas après sa proie. Il doute. Dans une forêt enneigée, un loup observe les autres animaux rire autour d’un sapin de Noël. Il voudrait en être. Mais il n’y arrive pas. Cette scène, vue et revue sur les réseaux sociaux, a fait le tour du monde en quelques jours. À l’origine, ce n’est qu’une publicité. À l’arrivée, un phénomène mondial.
En dépassant le milliard de vues à travers le monde, le court métrage publicitaire d’Intermarché n’a pas seulement signé un succès marketing. Il a rappelé qu’à l’ère des images générées par intelligence artificielle, une histoire faite à la main, portée par des artistes, pouvait encore toucher juste.
Et si le secret de ce succès planétaire tenait justement à ce choix à contre-courant ?
Le choix du fait main face à l’intelligence artificielle
Diffusé pour la première fois début décembre, Le Mal-Aimé s’inscrit dans une tradition bien installée chez Intermarché : celle du conte de Noël au format long. Deux minutes trente sans promotions, sans prix affichés, sans slogan martelé. Juste une fable.
Mais cette année-là, le décor a changé. Le paysage publicitaire est saturé d’images artificielles, de vidéos générées en quelques clics, de campagnes mondialisées pensées pour l’algorithme. Intermarché a pris le chemin inverse.
Pour donner vie à son loup, l’enseigne fait appel à Illogic Studios, un studio d’animation montpelliérain. Pendant six mois, près de 70 personnes travaillent image par image sur ce film. Un choix revendiqué, presque politique, à l’heure où la tentation de l’automatisation est partout.
Chez Illogic Studios, le succès a d’abord été vécu avec incrédulité. Le film est livré, diffusé, puis partagé. Encore. Et encore. Jusqu’à dépasser les frontières françaises.
Pour Lucas Navarro, cofondateur du studio, ce succès est indissociable du processus de création : “Pour le faire, c’était important de passer par de vrais artistes très talentueux et non pas de faire appel à l’IA donc, c’est vraiment un choix qu’on a fait.”
Derrière chaque plan, il y a des dessinateurs, des animateurs, des spécialistes de la lumière, des couleurs, des textures. Un travail lent, exigeant, parfois invisible pour le spectateur… mais ressenti.

Le 6 décembre 2025, Intermarché publie un court métrage d’animation visionné 1 milliard de fois à travers le monde.
Les coulisses d’un succès inattendu
Sur les réseaux sociaux, les réactions affluent. Beaucoup ne parlent même pas d’Intermarché. Ils parlent du loup. De l’émotion. Du fait que “ça ressemble à un vrai film”, que “ça fait du bien”, que “ça a une âme”.
L’histoire, elle, est simple. Un loup, symbole de peur et de rejet, tente de changer pour être accepté. Il renonce à sa nature carnivore, se met à manger comme les autres, espérant enfin trouver sa place. Une métaphore lisible partout dans le monde, sans mots, sans culture ni langage spécifique. Cette universalité explique en partie la viralité du film. Les animaux parlent à tous. L’exclusion aussi.
Mais très vite, le message est interprété, débattu, parfois détourné. Certains y voient une promotion du végétarisme. D’autres une critique de la norme sociale. Face à ces lectures multiples, Intermarché tient à clarifier son intention. Thierry Cotillard, président du groupement Mousquetaires, insiste : “C’est pas ça le message. Le message, c’est “on n’exclut personne” […] ,c’est le vivre-ensemble.”
Et c’est peut-être là que le film touche juste. Il ne donne pas de réponse claire. Il ne tranche pas. Il laisse le spectateur interpréter, ressentir, projeter sa propre histoire. Pendant deux minutes trente, la publicité cesse d’en être une. Elle devient un conte. Comme ceux de l’enfance, auxquels on choisit de croire, même en sachant qu’ils ne sont pas vrais.
Le succès a dépassé tout le monde. Jusqu’aux commanditaires eux-mêmes. “On a perdu le contrôle”, reconnaît la direction du groupe. Le loup est devenu un personnage à part entière, décliné, commenté, attendu. Une peluche est même annoncée.
Mais au-delà des retombées commerciales, Le Mal-Aimé pose une question plus large : et si, dans un monde d’images générées en série par IA, l’imperfection et la sensibilité humaine était redevenue une force ?
Un loup fait à la main. Une histoire simple. Et une émotion partagée par des millions de personnes.
Parfois, il n’en faut pas plus.
Aurélien Cardot
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