Alabama Monroe – film de Felix Van Groeningen – Cannes 2013
En tout cas, cela restera sans doute l’émotion la plus incroyable vécue par l’auteur de ces lignes sur l’année cinéma 2013.
Réalisé par un Felix Van Groeningen déjà auteur de la marquante Merditude des choses, Alabama Monroe sortira dans nos salles à la fin du mois d’août. Mais il serait inconscient d’attendre jusque là, tant ce drame puissant et bouleversant a quasiment de quoi changer le cours de la vie de ses spectateurs. Tout commence comme dans un mélodrame classique, non loin d’un film comme Blue Valentine : on y suit alternativement la naissance d’un couple (elle tatoueuse, lui musicien) et leur combat, sept années plus tard, pour sauver leur jolie petite Maybelle des griffes d’un cancer salement tenace. De quoi faire pleurer dans les chaumières ? Oui, certes, mais pas seulement. La construction du film, qui opèrera ensuite un basculement inattendu, permet non seulement de radiographier un amour, mais aussi et surtout de s’interroger sur ce qu’est vraiment l’amour conjugal et sur ce qu’il peut supporter. Parce qu’on n’est plus jamais le même une fois qu’on est parent, et parce que certaines tragédies sont irréversibles, le couple d’Alabama Monroe est voué à un échec à plus ou moins court terme.
Déprimant ? Forcément, oui. Mais le style de Groeningen est d’une amplitude folle, entre poésie du quotidien et rage permanente, considérations sur la nécessité de croire et le revers de la médaille… Chaque scène semble fonctionner exactement comme son réalisateur l’a prévu, et c’est une tornade émotionnelle (mais jamais racoleuse) qui s’empare de vous. Adapté d’une pièce de théâtre co-écrite par l’acteur principal Johan Heldenbergh, Alabama Monroe est une ballade déchirante dont le ton colle de très près à sa bande originale bluegrass, branche de la musique country s’appuyant sur des harmonies mélodiques souvent ambitieuses et sur des instruments (banjo, contrebasse…) capables en quelques notes de vous ravir le coeur. Cette musique laisse pantois, ce film aussi, et l’idée de rencontrer les beaux artistes et les belles âmes à l’origine du projet devrait donner envie à tous les festivaliers de délaisser la grosse machinerie de Baz Luhrmann pour aller se réfugier, un soir au moins, du côté du Cinéma Star.
Thomas Messias
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Alabama Monroe
De Felix Van Groeningen
Avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh et Nell Cattrysse
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