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La Chambre bleue, policier de Mathieu Amalric

12 mai 2014
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La Chambre bleue

De Mathieu Amalric

Avec Mathieu Amalric, Stéphanie Cléau, Léa Drucker

Durée : 1h16

Sortie le 16 mai 2014

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Sélectionné à Cannes dans la section « Un certain regard », le nouveau film de Mathieu Amalric navigue avec virtuosité entre polar et profondeur psychologique, rendant à son propos toute la veine simenonienne, le sujet s’inspirant d’un court roman du père de Maigret. Une mise en scène au cordeau rehaussé d’une interprétation impeccable. Du très beau travail malgré un budget ridicule. Comme quoi…

 
Un homme marié entretient une relation extraconjugale fusionnelle avec une amie d’enfance. Les amants s’échangent des mots anodins après l’amour. Ces paroles vont prendre une grande importance lorsqu’il s’agira de les répéter devant le juge d’instruction et la police. La chambre bleue des ébats livrera-t-elle tous ses mystères ?

Quatre ans après son hommage atypique et néanmoins incandescent à une certaine forme de beauté féminine qui lui avait valu le prix de la mise en scène à Cannes (« Tournée »), l’inclassable Mathieu Amalric est de retour derrière la caméra et jalonne son parcours de cinéaste d’une étape Simenon. Le romancier belge à l’impressionnante « filmographie » (« d’après l’œuvre de » au générique) a inspiré les cinéastes les plus divers, de Duvivier à Chabrol, de Carné à Leconte, de Melville à Verneuil, de Tavernier à Granier-Deferre. Même Gainsbourg et Henry Hattaway s’y sont collés.

L’ombre de Chabrol

Mathieu Amalric est un virtuose dans l’art de débouler là où on l’attend le moins. Le voir adapter Simenon titille forcément la curiosité. Son film, ramassé sur moins d’une heure vingt, est un concentré d’imprévisibilité. Maniant les sinuosités de son récit, en en rajoutant même notamment par le procédé de la double narration, il navigue sans cesse entre les eaux troubles de cette histoire qui échappe totalement au cadre du polar tout en plantant le décor au milieu des flics et des juges. L’exercice de style se révèle passionnant et lorgne indiciblement vers Chabrol (avec lequel Amalric n’a pourtant jamais tourné), se jouant de ses personnages en permanence.

L’ombre du pourfendeur de la bourgeoisie demeure cependant discrète, le style Amalric s’imposant sans difficulté. Car si l’ambiance rappelle celui qui a adapté trois fois Simenon dans cet art de souffler le faux et le vrai, mensonges et contrevérités, à l’atmosphère simenonienne s’adjoint constamment ce mystère moins de l’enquête que du trouble des personnages. Un trouble que le comédien Amalric qui endosse le rôle principal n’a pas son pareil pour faire naître et cultiver avec le brio qu’on lui connaît. Magnifiquement épaulé par la sublime Stéphanie Cléau et Léa Drucker toujours parfaitement juste, il réalise avec un budget ridicule une œuvre audacieuse au montage nerveux et aux cadrages volontairement déséquilibrés que rehausse une musique que l’on croirait sortie d’un film de Chabrol, voire Hitchcock. Du très beau travail.

Franck Bortelle

 
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