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Cannes en direct – French touch

16 mai 2010
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Grandeur et misère du cinéma… en français dans le texte ? Un peu quand même. Le plus drôle à Cannes – bourgade située, rappelons-le, au cœur des Alpes-Maritimes, donc en France… – enfin le plus ironique, étant d’observer la fréquentation des conférences de presse, dès lors que le film est français, et/ou francophone et/ou américain. Un indice formidable quoique cruel du regard que porte le monde, aujourd’hui – puisque la presse, ici, est internationale – sur le 7e art hexagonal (à quelques exceptions près).


Oliver Stone et son mediocre “Wall Street 2” ? Embouteillage, voire quasi-émeute à l’entrée vendredi (les places sont chères, les comportements hystériques). Woody Allen et son plaisant – mais nullement transcendant – “You will meet a tall dark stranger” ?  Salle comble et extatique samedi, quand bien même l’accorte Antonio Banderas, pourtant à l’affiche, brillait par son absence et l’aimable cinéaste new-yorkais par la banalité souriante de ses propos. C’est dire si le cinoche de l’Oncle Sam – blockbuster ou pas, mais hors compétition à tout point de vue – continue de sidérer les regards hong-kongais, argentins, allemands, suédois, australiens ou polonais. Évidemment, en squattant la majorité des salles dans le monde entier, ça aide ! De fait, même à Cannes, festival pourtant soucieux d’ouverture, il continue d’occuper la première place – médiatique tout du moins – minorant, incidemment, les irréductibles Gaulois. Puissante invitante, pourtant.


 

Tavernier, déception mais respect


Pour preuve(s) ? Mathieu Amalric et sa tendre “Tournée” : les rangs des journalistes, d’emblée, étaient plus clairsemés ce jeudi. Des rangs joyeux et bilingues cela étant : le Français a tourné avec Spielberg et au côté de James Bond, ça aide pour la reconnaissance planétaire. Et puis ses comédiennes extravagantes du “New Burlesque” sont américaines… Autre exemple : Bertrand Tavernier et son drame historique, “La princesse de Montpensier” (second film français en compétition pour la Palme d’or), ce dimanche. Même motif (qui plus est dans un français châtié, pour cause de sujet historique, voire aristocratique), même leçon ! Seuls les inconditionnels se sont déplacés.


Certes, on a connu de plus vibrants longs métrages sur la passion amoureuse. Disons le clairement, ça n’est pas son meilleur ouvrage. Belle photo, belle musique, belle campagne… française. Et puis ? L’audace d’adapter en 2010 une nouvelle écrite par Mme de La Fayette, au 17e siècle, peut-être. Sa distribution aussi, de Lambert Wilson à Gaspar Ulliel en passant par l’intense Raphaël Personnaz, étonnant duc d’Anjou, et vraie découverte du film. Manquent le souffle, l’élan dramaturgique, l’incarnation. Reste que  la rencontre cannoise, atypique, à des années lumière (en effet) du formatage des conférences de presse américaines, fut jolie.


Grâce aux digressions du fidèle et chenu coscénariste de Tavernier, Jean Cosmos. Grâce au trac… gracieux de Mélanie Thierry. Grâce à l’érudition prodigieuse du réalisateur français, enfin. Surtout. Président de l’Institut Louis Lumière en sa bonne ville de Lyon, capable de passer d’un thriller moite et cajun, en 2009, à  une chronique sur la guerre entre huguenots et catholiques en 2010, l’homme n’a peur de rien. Pas même de citer William Faulkner dans le texte, avec un accent “frenchy” du tonnerre : “The past is not dead, it’s not even past” (“le passé n’est pas mort, ça n’est même pas le passé”).

 


Godard, Beauvois, Assayas : on y croit


Un qui, en revanche, ne craint nullement ce “Je t’aime moi non plus” entre la France et le reste du monde, c’est le très fameux Jean-Luc Godard. Pourtant lui aussi bousculé par l’hégémonie ricaine. Peut-être parce qu’il est Suisse, donc d’une neutralité ancestrale ? Le fait est que le cinéaste d'”A bout de souffle” créera l’événement sur la Croisette ce lundi 17 mai. Notamment (et justement) en rencontrant la presse : avec ses formules malicieuses et ses aphorismes à l’emporte-pièce, l’ermite vaudois est ce que l’on appelle dans le jargon “un excellent client”. Certes, sa francophonie peut, éventuellement, faire hésiter quelques timorés – moins, pourtant, que le contenu de plus en plus abscons de ses longs métrages – mais son retour à Cannes est éminemment attendu. Précisément parce qu’il a su se faire rare depuis des années. Et que le festival adore se trouver des figures tutélaires (après Manoel De Oliveira jeudi dernier).


Hommage aux aînés, donc. C’est dire si le cinéma français s’est quelque peu figé, aux yeux du monde, dans sa cinéphilie formol (la Nouvelle vague, ou ce qu’il en reste) ! A moins que le “troisième homme”, alias Xavier Beauvois – “Des hommes et des dieux”, troisième film sous la bannière française en compétition – ne vienne bousculer ces a priori quelque peu réducteurs. Rendez-vous est pris pour mardi. Ou que “Carlos”, le film-monstre de l’alerte quinqua qu’est Olivier Assayas – il dure 5h33 – parvienne à éveiller une curiosité sans frontières mercredi. Son sujet, au coeur du terrorisme international des années 70 et 80, témoigne, en tout cas, d’une ambition ardente, itinérante et polyglotte…


Allez, de sélections parallèles en niches coups de coeur (“les amours imaginaires” du très jeune canadien francophone Xavier Dolan, acclamé samedi dans la section “Un certain regard”), la “french touch” ne relève pas encore tout à fait du paradis perdu. En témoigne cette chronique solidaire… à peine truffée de franglais amusé. Oh yeah !


Ariane Allard

 

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