0 Shares 3051 Views

Black Swan – film de Darren Aronofsky

11 février 2011
3051 Vues
black_swan

black_swan::

Tape à l’œil. L’expression est presque trop simple pour un film aussi boursouflé ! Elle a le mérite, néanmoins, d’être parlante, rappelant incidemment que dans le cinéma de Darren Aronofsky, les corps ont mal. Jusqu’à l’épuisement. Ou la folie. Une petite précision liminaire qui n’est pas inutile : Black Swan se présente explicitement comme le pendant féminin de The Wrestler, l’ouvrage précédent – également perclus de douleur – du réalisateur. Le second volet d’un diptyque dédié au sacrifice, en somme, ceci pour la beauté de l’art : le catch chez les garçons (volet 1), la danse classique chez les filles (volet 2, quand même, l’inverse aurait été plus audacieux !). En bref, à des années lumière des gracieux Chaussons rouges de Michael Powell – auxquels on ne peut pas ne pas penser – Darren Aronofsky vise l’électrochoc. C’est peu dire qu’il charge. Et… que l’on souffre. Aïe !

black_swan_filmOr donc, voici la jolie Nina (Natalie Portman, impressionnante, pas seulement physiquement), ballerine du prestigieux New York City Ballet qui, par la grâce d’un directeur artistique aussi ténébreux que manipulateur (excellent Vincent Cassel), se voit confier le rôle principal du fameux Lac des cygnes. Gros défi : il s’agit d’incarner à la fois la pureté du cygne blanc et la sensualité du cygne noir. Toute d’innocence et de frustrations mêlée, cette perfectionniste monomaniaque saura-t-elle ouvrir la porte à ses démons sans se perdre ? On s’interroge… peu de temps ! A grands renforts d’effets appuyés, de jeux de miroirs et de masques, de rivalités mère-fille et de confrontations entre danseuses antinomiques, on comprend vite que la dualité est le nerf de cette guerre intime. Voire le dédoublement. Voire la schizophrénie. De fait, Nina brouille ses cartes entre réel et fantasmes. Daronofsky aussi. Et nous… on soupire.

Pourtant, a priori, le thème anxiogène de la métamorphose (jusqu’à la bascule finale) accompagne assez idéalement ce genre de cinéma, trouble, tourmenté, évidemment sexué. Après tout, Black swan – et son cortège de symboles, freudiens et/ou gothiques – n’est jamais qu’une nouvelle plongée, en forme de chute, dans la psyché d’une jeune fille en passe de devenir femme. Tada… Le hic, c’est que les tourments de la sexualité féminine, vus à travers l’œilleton de Daronofsky, sont tellement hystérisés sur grand écran que l’on a juste envie… de se frotter les yeux. A moins d’être totalement sidéré par la performance de Natalie Portman – ça sent l’Oscar à plein nez – ou agréablement chahuté par l’aisance de Mila Kunis,  impossible de ne pas être agacé par les surlignages grossiers de la mise en scène (et de la musique, Tchaïkovski revisité par Clint Mansell, pfff…). Black swan, hélas, n’est pas un film complexe. C’est une expérience un peu ridicule. Et, pour finir, assez épuisante.

Ariane Allard

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=4ImE8QP0Hq4[/embedyt]

A lire aussi sur Artistik Rezo :
les films à voir en 2011
Le Lac des cygnes au Théâtre des Champs-Elysées.

Black swan

De Darren Aronofsky

Avec Natalie Portman, Mila Kunis et Vincent Cassel

Sortie le 9 février 2011

Articles liés

Un hommage au monde naturel : la Galerie du Génie de la Bastille accueille l’exposition  “Birdland (in Loveland)”
Agenda
70 vues

Un hommage au monde naturel : la Galerie du Génie de la Bastille accueille l’exposition “Birdland (in Loveland)”

Depuis deux ans, ARySQUE dresse un inventaire d’oiseaux ; ceux qu’elle a entendus, ceux qu’elle a vus, ceux qui l’ont accompagnée pendant qu’elle dessinait, pendant qu’elle rêvassait. Une manière de garder la trace de la beauté fragile et menacée des...

Aux influences world et néo-classiques, Simon Denizart nous dévoile “Piece of Mind” en concert au Studio de l’Ermitage
Agenda
69 vues

Aux influences world et néo-classiques, Simon Denizart nous dévoile “Piece of Mind” en concert au Studio de l’Ermitage

Simon Denizart nous dévoile au fil des mois des extraits de son nouvel album “Piece of Mind” sorti sur le label canadien Justin Time Records. Piece of Mind est une œuvre orchestrale en huit tableaux, tant introspective qu’émotionnelle puisqu’il...

Pépite du rap français : ZKR en concert à l’Olympia le 19 avril
Agenda
67 vues

Pépite du rap français : ZKR en concert à l’Olympia le 19 avril

« Déterminé, j’viens choquer la France ». Cette phrase qu’il a prononcé dans un freestyle d’anthologie sur Skyrock pourrait résumer l’arrivée fracassante du rappeur ZKR, originaire de Roubaix, sur la scène rap. ZKR va à l’essentiel et remet à...