0 Shares 2648 Views

We need to talk about Kevin – film de Lynne Ramsay

29 septembre 2011
2648 Vues
We need to talk about Kevin - film de Lynne Ramsay

Eva est une femme passionnée et comblée. Sans raison rationnelle, par amour, elle accepte de faire un enfant à son compagnon. Commence alors une longue descente aux enfers, une relation-miroir et perverse qui la mettra face à ses contradictions.

Sans volonté de livrer une quelconque explication logique aux massacres adolescents, le livre comme le film apportent un contre pied rare, celui de la mère. Et ici, c’est elle qui s’exprime. La relation complexe qui lie Eva à son enfant n’est jamais une relation animale. De la chair à la chair en découle la rancœur et les questions, pour lui, du pourquoi de son existence qui sont les mêmes finalement que chez sa mère. Très vite, à la naissance presque, le rapport de force est instauré. Comme une hydre qui ne voudrait avoir qu’une tête, il est évident que seul un des deux peut survivre de cette relation. Trop semblables pour se respecter, trop fiers pour passer la main.

Mais là où l’impressionnant roman de Lionel Shriver proposait un retour sur toute la vie du personnage principal, ses sentiments les plus profonds puis les dialogues avec son fils en prison, le film se concentre sur la montée de la violence jusqu’à lakmé. Le choix d’une absence de voix off est d’autant plus incompréhensible qu’il soustrait au film la principale qualité de l’œuvre originelle l’honnêteté de l’analyse. Préférant se concentrer sur un rapport de force silencieux et implacable, une violence par palier au quotidien, la réalisatrice joue des effets visuels et sensoriels pour exprimer la complexité du drame. Un choix audacieux qui lui sera fatal. Le film est alors comme désincarné, aussi beau que creux.

Comme une introduction et une mise en image osée d’un des romans les plus complexes et les plus réalistes sur le malaise maternel, We need to talk about Kevin est aussi ce qu’il n’aurait pas du être : un énième récit de massacre en milieu scolaire, un fait divers anecdotique. Plus fort que la déconstruction artificielle du récit et les effets de style arty, la véritable force de We need to talk about Kevin se cache là où ne s’y attend pas : dans le visage et le physique sec, dur et désespéré de Tilda Swinton. Décevant bien qu’impressionnant.

14/20

Lucile Bellan (Twitter)

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=MfB7SKn6xoo[/embedyt]

Festival de Cannes 2011

  • 5 nominations : Palme d’Or, Grand Prix, Prix du Jury, Prix du Jury Oecuménique et Prix de la Jeunesse


Festival International du Film de Toronto 2011

  • 1 nomination : Prix de la Critique Internationale – Présentations spéciales

We need to talk about Kevin

Film de Lynne Ramsay

Avec Tilda Swinton, John C. Reilly et Ezra Miller

Sortie le 28 septembre 2011

Articles liés

« Six personnages en quête d’auteur » : le Pirandello magnifique de Marina Hands
Spectacle
175 vues

« Six personnages en quête d’auteur » : le Pirandello magnifique de Marina Hands

La comédienne Marina Hands signe sa première mise en scène avec la captivante pièce de Pirandello, qui avait fait scandale dans les années 1920. Avec l’auteur Fabrice Melquiot qui a réalisé une traduction nouvelle, elle adapte le texte et...

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”
Agenda
3689 vues

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”

À partir du 12 juin 2024 et pour la première fois, le Petit Palais ouvrira ses portes aux artistes d’art urbain, les invitant à engager un dialogue subtil avec ses collections permanentes et son architecture. Une véritable exploration d’art...

“Symfolia” : une ode à l’art, à la musique et à l’environnement à voir à la Philharmonie de Paris
Agenda
128 vues

“Symfolia” : une ode à l’art, à la musique et à l’environnement à voir à la Philharmonie de Paris

À l’occasion des Jeux Olympiques 2024, la Philharmonie de Paris dévoile la sculpture monumentale de l’artiste américaine Rachel Marks. Visible jusqu’au 8 septembre, cette œuvre s’inscrit dans le cadre des Olympiades Culturelles, une initiative visant à faire dialoguer l’art...