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La déferlante des biopics

28 mars 2009
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En bon Français, on dit « film biographique », mais si on veut être à la mode, on dit « biopic » (la contraction des termes anglais « biographical motion picture »). Le principe est simple : l’histoire d’une personne célèbre (un artiste, un homme politique, une figure historique ou même un criminel) portée à l’écran dans un film généralement à gros budget, avec une star ou un quasi-inconnu dans le rôle principal.

 

Le genre du film biographique n’a certes pas été inventé hier. Pour preuve des films comme Lawrence d’Arabie (1962), Raging Bull (1980) ou Amadeus (1984). Mais, depuis quelques années et le film Ali consacré au boxeur Mohammed Ali, le genre est revenu sur le devant de la scène.

 

Il faut dire que le concept est alléchant. Faire un film sur une personnalité déjà reconnue c’est, pour les producteurs, un moyen de s’assurer une certaine sécurité quant au succès du film au box-office. Et donc d’investir dans des budgets souvent importants.

 

Un rôle à Oscar ou à César…

 

 

Pour les acteurs, jouer dans un biopic est aussi l’occasion de s’offrir un rôle marquant, de ceux qui construisent une carrière. Marion Cotillard a obtenu une reconnaissance internationale grâce à La Môme, Jamie Foxx est devenu une star grâce à Ray et Julia Roberts a obtenu un Oscar pour Erin Brockovich. Car incarner une personne ayant existé c’est un excellent moyen d’obtenir un Oscar ou un César. Il suffit de regarder les palmarès de ces dix dernières années pour s’en rendre compte.

 

Aux Oscars, lors des dix dernières éditions, sept actrices (Hillary Swank, Julia Roberts, Nicole Kidman, Charlize Theron, Reese Witherspoon, Helen Mirren et Marion Cotillard) et cinq acteurs (Adrien Brody, Jamie Foxx, Philip Seymour Hoffman, Forest Whitaker et Sean Penn) ont été récompensés pour un film biographique.

 

Aux Césars, le constat est moins flagrant. Mais ces deux dernières années, les Césars de la meilleure actrice et du meilleur acteur sont allés, en 2008, à Marion Cotillard et Mathieu Amalric (pour son interprétation de Jean-Dominique Bauby dans Le Scaphandre et le papillon) et, cette année, à Yolande Moreau (dans le rôle de la peintre Séraphine de Senlis) et Vincent Cassel.

 

Même la France semble avoir succombé au phénomène après le succès de La Môme. Jusqu’au film sur Edith Piaf, le film biographique semblait davantage destiné à faire les beaux jours de la télévision. Un beau téléfilm en deux ou trois parties, avec un acteur de cinéma « qui a accepté de prendre des risques en jouant à la télévision », et c’est le succès assuré auprès de la fameuse « ménagère de moins de 50 ans ». Mais les choses ont changé et même un film comme Sagan, produit pour la télévision, a bénéficié d’une sortie dans les salles de cinéma trois mois avant sa diffusion sur le petit écran.

 

 

Le grand embouteillage

 

 

Depuis 2005, les biopics déferlent donc sur les écrans et ce n’est pas près de s’arrêter. Et le public a même le choix dans le sous-genre. Il y a le biopic musical : Ray, suivi par Dreamgirls, sur les Supremes, Cadillac Records sur les chanteurs Chuck Berry, Muddy Watters et Etta James. Le biopic artistique : Frida sur la peintre mexicaine Frida Kahlo ou Pollock consacré à Jackson Pollock. Il y a le biopic politique : Harvey Milk de Gus Van Sant, W et Nixon d’Oliver Stone, consacrés à George W. Bush et Richard Nixon. Le biopic historique avec The Queen de Stephen Frears, ou Le Dernier Roi d’Ecosse de Kevin McDonald sur Idi Amin Dada. Bref, il y en a pour tous les goûts…

 

19063894_w434_h_q80 Mais le problème avec les modes c’est, qu’au bout d’un moment, tout le monde commence à faire la même chose. Et ce problème commence à sérieusement affecter la mode des biopics. Pour exemple, en avril, les spectateurs français auront le choix entre deux films consacrés à Coco Chanel : Coco avant Chanel d’Anne Fontaine avec Audrey Tautou et Chanel & Stravinsky, l’histoire secrète de Jan Kounen avec Anna Mouglalis. Certes les deux films s’attachent à des périodes différentes de la vie de la créatrice de mode, mais on peut tout de même se demander pourquoi deux films en une si petite période de temps.

 

Au rayon des embouteillages, on compte aussi deux projets autour du photographe Robert Capa, l’un par Yvan Attal, l’autre par Pierce Brosnan ; deux projets aussi autour de Steve McQueen et enfin pas moins de trois projets consacrés à Salvador Dali.

 

Vouloir faire de grands films sur de grands personnages est une entreprise très louable, mais là, le risque que le public arrive à saturation commence à grandir. On dit souvent « Le trop est l’ennemi du bien », alors Mesdames et Messieurs les gens du cinéma, n’en faites pas trop. Un biopic ça va, à deux ou trois, bonjour les dégâts !

 

Elorri Manterola

 

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