Prince of Texas – comédie dramatique de David Gordon Green
Il faudrait remonter à Straight story (Une histoire vraie en français) de Lynch et à la partition que lui avait composée son alter ego Angelo Badalamenti pour trouver une telle perfection, une pareille osmose entre un film et sa bande originale. Plus présente et accrocheuse que celle de Titanic, dernier triomphe en date dans cette discipline si traitresse, plus indissociable que celle de Into the Wild, cette musique signée Explosions in the Sky et David Wingo mériterait d’entrer au panthéon du genre entre Neil Diamond pour Jonathan Levingston le Goéland et Ennio Morricone pour (entre autres) la trilogie des « Il était une fois… ».
Les plages musicales trouvent un ancrage dans une succession de paysages tout aussi remarquables à l’intérieur desquels évoluent deux personnages. Nous sommes en 1988. David et Lance travaillent ensemble sur les marquages des routes endommagées par le feu. Leurs aspirations sont diamétralement opposées. Tandis que le premier se languit de sa jeune épouse, le second ne pense qu’à faire la fête et s’amuser avec les filles.
Jouant sur diverses confrontations des extrêmes (la vie foisonnante des personnages dans un décor de mort et de désolation, les oppositions qui animent David et Lance), le scénariste et cinéaste David Gordon Green livre une œuvre terriblement attachante menée comme un road-movie du pauvre, les deux héros traçant leur route (au sens fort) à pied avec la brouette à la main. Ils sont comme deux frères ennemis qui finissent par s’apprivoiser et si la mise en scène joue, en dépit de toute la tragédie que sous-tend la situation, la carte de la légèreté et de la comédie, l’ensemble n’en demeure pas moins une superbe leçon d’humanité. Et Paul Rudd et Emile Hirsch illuminent de leur extraordinaire présence cette symphonie pastorale où le voyage initiatique n’est jamais très loin.
Franck Bortelle
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Prince of Texas
De David Gordon Green
Avec Emile Hirsch, Paul Rudd et Joyce Payne
Durée : 94 min.
Sortie le 23 octobre 2013
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