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Qui a envie d’être aimé ? – Eric Caravaca

9 février 2011
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Antoine ne va pas très bien. Il a des problèmes avec son père, froid et désagréable (Jean-Luc Bideau), avec son petit frère, toujours injustement préféré, (Benjamin Biolay) et répercute ce mal de vivre sur son fils. Fort heureusement il peut compter sur le soutien de sa soeur, la lunaire Hortense (Valérie Bonneton) et de sa femme aimante et pragmatique (Arly Jover). Mais tout bascule lorsque, contraint et forcé, Antoine doit se rendre à un cours de catéchisme, par un bizarre concours de circonstance. Vous l’aurez compris, le scénario tient sur un mouchoir de poche et peine à convaincre sur le papier. Il aura donc fallu le succès du livre « Catholique anonyme » de Thierry Bizot, sorti en 2008, pour que sa compagne, Anne Giafferi, livre au grand public cette expérience troublante, sous forme de film. Que se passe-t-il ici ? À peu près rien. Pas de mouvement de caméra insolent, pas de cadrage improbable, pas de révolution cinématographique : juste le récit d’une métamorphose douce et lente, incompréhensible. Par petites touches délicates, Anne Giafferi « convertit » son personnage, c’est-à-dire le fait changer de direction, ou plutôt de regard sur sa propre vie. Plus mature, il apprend à exprimer ses craintes, à matérialiser son laisser-aller, à tomber l’armure. Au contact des autres en souffrance, dans cette Église que l’on juge moribonde, Antoine s’estime à une nouvelle valeur. Ça paraît tout simple, mais cela fait du bien.

Les acteurs se donnent énormément au film, distillant tour-à-tour joie, faiblesse, malaise et abandon dans les scènes de confrontation familiale. Les « têtes-à-tête » de Caravaca avec une statue du « Christ aux liens » du XIVème siècle, souligne avec dépouillement les entraves insupportables de son personnage. On finit par se sentir proche d’Antoine, enfermé dans une histoire familiale trop pesante. Nulle prosélytisme cependant : il n’y a pas de tour de passe-passe, les problèmes ne disparaissent pas, mais sont éclairés différemment, tout comme ce paysage de Bretagne, superbement capté. Le film présente simplement des trajectoires, où des paumés tentent ardemment de trouver une réponse, un placebo, pour faire un pas de plus. Le catholicisme n’est ici qu’un choix parmi d’autres, plus douloureux sans doute, car il touche aux problèmes de l’amour, de la reconnaissance, de la transmission filiale… Et quand Claire, devant les absences non justifiées d’Antoine, pose la question cruciale : « Y a-t-il une autre femme ? », on comprend qu’à l’interrogation « Qui a envie d’être aimé ? » on puisse répondre : « Tout le monde. »

Mathilde de Beaune

Qui a envie d’être aimé ?
Un film d’Anne Giafferi
Avec Erica Caravaca, Jean-Luc Bideau, Benjamin Biolay

 

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Sortie le 9 février 2011


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