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Robert Altman – Rétrospective à la Cinémathèque française

30 janvier 2012
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Robert Altman

L’œil, et le bon… Nul hasard si la Cinémathèque française, à Paris, a choisi de s’attarder (jusqu’au 11 mars) sur le regard aigu de Robert Altman – après Clint Eastwood et Steven Spielberg – pour étoffer sa balade hivernale dans le 7ème art américain.

D’une part, c’est un « géant », au même titre que ses deux camarades cinéastes, ne serait-ce que par l’ampleur et la richesse de sa filmographie (une bonne trentaine de longs métrages entre 1957 et 2006, année de sa mort, auxquels s’ajoutent téléfilms et documentaires). On reste bel et bien dans la « légende » avec lui. Et d’autre part, c’est un franc-tireur. Qui n’a rien trouvé de mieux que de chahuter le rêve américain par le cinéma – tiens donc – l’une des représentations identitaires les plus fortes des Etats-Unis, pourtant… ! L’œil est le bon : Altman incarne la figure exemplaire de l’artiste corrosif – exigeant, indépendant – qui, jamais par ailleurs, n’a perdu le sens du spectacle. Quitte à le bousculer et même à le réinventer. Doublement intéressant… D’ailleurs, sa carrière au long cours exhale comme peu ce parfum de légende « made in USA », oscillant de hits colossaux — M*A*S*H en 1970 — en traversée du désert (les années 80, grosso modo), de succès critiques têtus — John McCabe, Le Privé, Nashville, The Player — en déceptions non moins résolues (Prêt-à-porter, par exemple), ou, enfin, de coups de gueule (ses relations durablement compliquées avec les studios) en coup de génie (Short cuts, en 1993, élevé au rang de film matriciel par certains jeunes réalisateurs, tel Paul Thomas Anderson).

Un grand directeur d’acteurs

Caustique, satiriste, voire misanthrope, mais encore formidablement attentif à l’humain, bon vivant et mélomane : Robert Altman échappe d’autant mieux aux étiquettes que son « genre » à lui, c’est d’avoir exploré tous les genres cinématographiques – comédie musicale, western, film noir, chronique, road movie – et, partant, tous les mythes qui ont forgé l’image de son pays. Cela, évidemment, pour mieux les relire et les rafraichir. Seul contre tous, quand bien même on l’a associé, un peu hâtivement, aux jeunes trublions du Nouvel Hollywood (il avait une bonne dizaine d’années de plus qu’eux). Mais nanti chaque fois de castings prestigieux : c’est peu dire que de Paul Newman à Tim Robbins, de Lilian Gish à Meryl Streep, d’Elliott Gould à Kristin Scott Thomas ou… d’Harry Belafonte à Tom Waits, les acteurs ont aimé fréquenter ses fameux « films chorale », ceux-là mêmes qui le définissent désormais pour la postérité !

Mention spéciale à deux de ses comédiens fétiches, Shelley Duvall et Keith Carradine, qu’il a su révéler dans leur grâce singulière, et qui hantent, de fait, l’une des périodes les plus fécondes de son œuvre (les années 70). D’ailleurs, la Cinémathèque ne s’y est pas trompé, ouvrant sa rétrospective le 18 janvier dernier avec Nous sommes tous des voleurs, un film de gangsters dans l’Amérique de la Dépression (donc un univers a priori archi codé). Leur jeu naturaliste – les personnages sont gauches, égarés – capté au cordeau par la mise en scène d’Altman font de cette balade tragique une antithèse surprenante au lyrisme glamour du Bonnie and Clyde d’Arthur Penn. Une autre façon de voir, décidément : allez, à votre tour d’ouvrir l’œil… et le bon !

Ariane Allard


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Rétrospective Robert Altman

Jusqu’au 11 mars 2012
Du lundi au dimanche (la Cinémathèque est fermée le mardi).

Calendrier des projections consultable sur le site : www.cinemathèque.fr

Rencontre et conférence, le lundi 30 janvier, à 19h : « Altman, le sens du spectacle », par Vincent Amiel, professeur de Cinéma à l’université de Caen et critique à la revue Positif.

Cinémathèque française
51 rue de Bercy
75012 Paris
M° Bercy

www.cinematheque.fr

[Visuel : Robert Altman at the Cannes film festival, 1992. Travail personnel de Georges Biard. Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported]

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