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Robin des Bois – film avec Russell Crowe

5 mai 2010
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Oyez, oyez ! Une nouvelle version de la légende de Robin des Bois vous parait aussi excitante, a priori, qu’un bain de mer (du Nord, tant qu’à faire) en hiver ? Vous vous êtes promis de snober farouchement les films de Ridley Scott depuis… pfff… « Une grande année » en 2006 ? Allez, soyons magnanimes, depuis La Chute du faucon noir cinq ans auparavant ? Fatales erreurs, gentes dames et gentils messires…

Car le nouvel opus du réalisateur britannique, en nous immergeant à l’aube du XIIIe siècle dans la brutalité d’un royaume menacé par la guerre civile, en remontant aux sources du mythe au fond, donne à voir ce que l’on n’attendait plus au cinéma : une geste épique et néanmoins épatante ! Ni trop spectaculaire, ni trop sentencieuse, ni trop folklorique : ce Robin des Bois-là, qui explique comment un simple archer de l’armée du roi Richard Cœur de Lion a pu devenir un héros, ressemblerait presque à une première fois !

Boutés les Douglas Fairbanks, Errol Flynn, Sean Connery et autres Kevin Costner ? Heu, oui, dans le rôle titre, la mâle assurance de Russell Crowe – sa maturité paisible, immédiate – occit haut la main la composition impassible du tiède Kevin (naufragé du 7e art depuis). En revanche, de ses aimables aînés, l’acteur australo-néo-zélandais, malin, a su tirer le meilleur, oscillant comme il se doit, mais sans ostentation, entre humour, bravoure et “sportivité”. Il est juste et bon, comme son personnage bien sûr, mais aussi dans son jeu. Idem pour l’ensemble de la distribution, qui de Max Von Sydow à Cate Blanchett (une Marianne idéale d’énergie et de profondeur), de William Hurt à Mark Strong, Mark Addy ou Oscar Isaac, séduit par sa finesse et sa truculence. A la façon des troupes shakespeariennes, et pourtant parfaitement raccord avec la rapidité et la mobilité du cinéma d’aujourd’hui.

Enfin, d’un cinéma épargné, quand même, par les effets trop spéciaux et autres montages clipesques qui polluent couramment ce genre de fresque… Yes ! Point trop de zooms écœurants, ni de ralentis superfétatoires : Ridley Scott qui a particulièrement soigné les extérieurs et les décors de son film – ample et surprenante Angleterre médiévale – maîtrise subtilement… les gros moyens dont il dispose. Cela se voit – très belles scènes d’invasion, à fleur de falaises et de côtes venteuses – sans aveugler pour autant !

Foisonnante de batailles et d’humanité, cette énième version a la très bonne idée, en fait, de distiller un sentiment d’intemporalité. Plus rugueuse que les précédentes, sans doute, mais sachant aussi combiner mystères et poésie. On pense, notamment, à la sarabande nocturne des enfants sauvages, dans la forêt, qui reviennent régulièrement hanter et ponctuer le récit, à la façon des elfes merveilleux et primitifs qui ouvrent certaines pièces en forme de songes de Shakespeare, là encore. Étourdis et happés, on finirait presque par croire à ce qui nous est raconté ! C’est dire si certaines fables n’en finissent jamais d’être explorées…

Ariane Allard

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=aIpboNx8YpQ[/embedyt]

Robin des Bois

De Ridley Scott

Avec Russell Crowe, Cate Blanchett, William Hurt, Max Von Sydow et Léa Seydoux

Sortie le 12 mai 2010

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