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Sylvain Demercastel

6 novembre 2011
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eolkids

Quel message vouliez-vous transmettre à travers votre film ?

Au lieu de faire un nième film qui moralise sur l’écologie, on a décidé de faire passer le message sous la forme de l’autocritique : un surfer égoïste — moi-même en l’occurrence — est le portrait de l’humanité, même si tout un chacun ne le verra pas comme ça. Il se retrouve en 2049 à faire le point sur sa vie de consommation d’espaces, de filles ou d’alcool, et se rend compte de la vanité de cette existence. A travers ce projet, on a en fait réalisé le premier film noir de l’histoire de la glisse, ce qui n’a pas été accepté partout. Cela a notamment créé un certain remous dans un milieu où ce genre n’est pas spécialement mis en avant. On casse un peu le mythe du surf movie, ou le surfer n’a rien à dire et ne sert qu’à vendre des T-shirts.

Et quelles ont été les retombées du film sur le milieu écolo ?

Les mauvais échos ont été parfois très agressifs même dans ce milieu. Notre théorie c’est que le discours ambiant qui prône une série de petits gestes pour sauver la planète est mensonger et ne sert qu’à alimenter le greenwashing. Ce que beaucoup d’écolos n’arrivent pas à comprendre c’est qu’il faut remettre en cause toute une philosophie de vie et que le progrès n’est pas forcément la croissance de la consommation.


Comment votre travail de photographe parvient-il à démontrer cette philosophie ?

Le but était surtout de montrer les contrastes avec des photos très belles, à double lecture, comme celle représentant des façades à Hong-Kong, symbolisant l’horizon de consommation qui inonde le milieu urbain. Il s’agit d’apporter une vision globale de l’écologie qui ne se centre pas seulement sur les problèmes de pollution ou de réchauffement climatique, mais sur les conditions de vie de tout un chacun, pour réfléchir à faire en sorte que l’humain et l’économie s’intègrent dans l’écosystème sans le détruire, et se détruire par la même occasion. Nous ne sommes cependant pas dans l’idée de dicter l’interprétation des photos ; on peut trouver une photo intéressante sans forcément comprendre ce qu’elle dénonce, ou le comprendre des années après en revenant dessus.


Avez-vous des souvenirs particulièrement marquants de cette expédition ?

Les phénomènes climatiques que nous avons rencontrés au Maroc étaient assez inquiétants, nous avons eu 10 jours de pluie et les rivières en crue charriaient sans cesse des tonnes de déchets vers la mer, c’était vraiment une vision apocalyptique. En Californie, nous avons côtoyé des endroits sauvages et préservés, à quelques kilomètres seulement de la débauche énergétique et de l’étalement urbain. En Indonésie, la prolifération des infrastructures est ahurissante. L’obscénité du tourisme de masse dans un pays où il n’existe même pas de traitement des eaux usées est frappante. Mais le summum de l’horreur est pour nous associé aux Philippines, où la misère humaine, la surpopulation et les enfants qui se shootent à la colle sur les trottoirs de Manille sont seulement à quelques kilomètres de l’Eldorado pour le surf. Cela dit, il a une limite entre voyeurisme et témoignage ; ce qu’on va trouver dans les photos est suffisamment dur et suggestif pour que je n’ai pas à y montrer des scènes de vies particulièrement douloureuses auxquelles j’ai pu assister.

Propos recueillis par Sophie Thirion

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