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Ben Mazué : “Paradis, c’est des airs que j’ai fredonnés, puis j’ai écrit”

Apolline Erneste 10 novembre 2020
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© Romain Philippon

Après trois ans d’absence, il fait son grand retour avec Paradis. Un album honnête, mature, optimiste qui raconte la vie de l’artiste, mais aussi la nôtre. Le temps d’une balade, rencontre avec son auteur, compositeur et interprète, Ben Mazué. 

Paradis, c’est votre quatrième album, vous parlez principalement de rupture, notamment sentimentale, mais curieusement de manière assez optimiste ?

Ça arrive assez souvent de parler de la rupture dans la chanson… C’est un thème inspirant parce que c’est quelque chose de déséquilibrant. Les chanteurs écrivent sur leurs grandes joies, leurs grandes peines, les choses qui les émeuvent. Mais l’angle de dire qu’il y a de grandes belles histoires d’amour qui se terminent, c’est singulier et j’avais envie de dire ça. J’ai vécu une très belle histoire d’amour, on est allés tout au bout et maintenant je suis heureux de pouvoir dire que ça existe, que ça arrive.

“Nous sommes lundi soir, Paradis est sorti le vendredi précédent, et Ben m’interrompt…”

Excusez-moi… Je viens d’avoir les chiffres des ventes cinq minutes avant de vous avoir au téléphone… et on est numéro un des ventes. Du coup, j’en reviens pas, je suis un peu… C’est un peu incroyable. Ça fait quelque chose ! Je suis pas sûr d’être très bon pour cette interview [rires] mais on va s’en sortir !

La rupture, vous la voyez aussi dans les modes de vie qu’on a, vous pensez à des façons de vivre différentes, notamment avec la parentalité dans le titre Parents… Pour vous, c’est quoi être parent aujourd’hui ?

Je ne pense pas qu’il y ait plusieurs façons d’être parent. Être parent, c’est avoir la responsabilité d’un enfant, de son éducation, de son épanouissement. Des responsabilités très fortes, aliénantes mais aussi très belles, avec beaucoup de gratitude et d’amour. Mais il y a plusieurs façons d’être une famille, c’est plein de conjugaisons. On peut avoir un amour filial pour sa tante, son oncle, son parrain… Cette idée de tribus est quelque chose d’intéressant, parce qu’il faut intégrer les couples qui n’ont pas de désir d’enfant. Il ne faut pas qu’ils soient mis au ban de la société, ce qui est encore le cas aujourd’hui.

© Romain Philippon

© Romain Philippon

Au fil de l’écoute, beaucoup d’images nous viennent en tête, de moments qu’on a tous vécus, qu’on va sûrement vivre… C’est important pour vous de convoquer un imaginaire commun, de nous montrer des images en chantant ?

Mon but quand je fais des chansons est d’écrire sur une émotion commune, partageable et transmissible, pas vraiment sur une image. Néanmoins, cette émotion peut se traduire par une image, et tant mieux. Je ne sais jamais vraiment comment elle va être reçue. Si je vois, je rêve, je fantasme, je vis une émotion que je trouve universelle, je vais avoir envie d’en parler.

Vous avez écrit cet album à La Réunion, qu’est-ce que ça a changé à votre processus de création ?

Oui, énormément. C’était très inspirant. C’était un rêve pour moi de vivre là-bas, j’y étais allé plus jeune pour mes études, je voulais y retourner avec ma femme et mes enfants. Le fait d’accomplir un rêve, de cocher cette case, c’est très inspirant. Puis pourquoi cette île, cette attitude, ces sommets… je ne sais pas. Il y a des endroits comme ça, quand vous les découvrez, ils vous sont familiers. Et vous vous dites qu’on pourrait y passer son existence entière, pourtant rien ne vous y attache vraiment. Il y a déjà cette énergie, et là-bas j’ai beaucoup marché. C’est un processus de création, j’ai écrit les chansons en marchant. C’est des airs que j’ai fredonnés, puis j’ai écrit.

Il y a quelque chose de très sincère, très pur dans votre album, dont le titre Semaine A / Semaine B avec Anaïde Rozam, qui je pense a su toucher beaucoup de monde… Comment ça se passe quand on décide de se livrer sur des choses aussi intimes ?

C’est pas vraiment ce que je vis qui compte, c’est plutôt si ça a un écho chez vous. Est-ce que mon histoire a un écho dans la vôtre, est-ce que ça vous émeut ? Si ça vous parle, c’est gagné. C’est ça la musique, le fait de transmettre des émotions. Après, on écrit avec ce qu’on vit, ce qu’on voit, ce qu’on rêve. On est à la frontière de ces trois domaines : le vécu, le vu et le fantasmé. Et ça crée des situations, des personnages, puis ils deviennent des propos de chansons.

Avec la situation actuelle, vos dates sont reportées… Comment vous appréhendez cette période ? On vous retrouve quand sur scène ? 

Vous avez vu, aujourd’hui, les scientifiques ont sorti la nouvelle comme quoi le vaccin est efficace à 90 % ? C’est cool ça, c’est une très bonne nouvelle ! J’ai bon espoir de remonter sur scène en 2021.

Le paradis, c’est quoi finalement pour vous ?

Dans ce contexte d’album, c’est un endroit, l’île de La Réunion où tout s’est passé. Il y a cette luxuriance, cette beauté, ce climat… En tout cas, cette idée que je m’en fais, c’est plus un endroit qu’un moment ou un état. Pour moi, c’est le paradis. Puis il y a quelque chose d’assez ironique, parce que c’est au paradis qu’il se passe des choses dramatiques. J’ai appelé l’album comme ça parce que ce mot est un peu partout dans mes chansons, donc c’est qu’il a envie de se faire une place. Par ailleurs, c’est un joli mot. Et le titre d’un album, on l’utilise beaucoup, mieux vaut l’aimer. Il faut quand même qu’il ait un sens, parce que les journalistes vont nous demander pourquoi avoir choisi ce titre… [rires]

Paradis est disponible sur toutes les plateformes de streaming.


Propos recueillis par Apolline Erneste

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