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Gaspard Royant créé son propre espace-temps à la Maroquinerie

15 avril 2016
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Gaspard Royant à la Maroquinerie

11/04/2016

FB – Gaspard Royant
Twitter – @gaspardroyant

Quelques jours après la sortie de son deuxième album « Have You Met Gaspard Royant ? », le plus américain des crooners français faisait son retour sur scène dans l’intimiste Maroquinerie. Du rock’n’roll originel des États-Unis des 50’s à la Northern Soul britannique des années 60/70, Gaspard Royant et son univers rétro-chic nous ballade dans l’espace et dans le temps. Retour sur une soirée dépaysante et génialement vintage.

Le ton est donné dès qu’on pénètre dans la Maroquinerie. Les standards de la country et du blues « I’m Movin’ On » de Hank Snow et « Mannish Boy » de Muddy Waters résonnent dans la salle. On a déjà un orteil aux États-Unis. Quand débarque Theo Lawrence sur scène, c’est notre corps et notre esprit tout entier qui s’échappe de l’autre côté de l’Atlantique. Du haut de ses santiags et de ses à peine 20 ans, le jeune parisien semble avoir déjà tout vu, tout vécu. Tel un George Ezra hexagonal, il cache derrière ses cheveux gominés et sa chemise à carreaux la voix rocailleuse d’un bluesman noir de 50 ans qui aurait passé sa vie à barouder sur les routes américaines. Avec pour seul compagnon sa guitare acoustique et le faible battement de ses talons sur le sol, il raconte des histoires, les siennes et celles des autres, en mélangeant compositions personnelles et reprises. Face à lui, la Maroquinerie l’écoute religieusement. 

Alors quand Gaspard Royant et ses quatre musiciens investissent la scène avec « Hard Times», le changement d’ambiance est radical. Extrait de son tout nouvel album « Have You Met Gaspard Royant ? » cette pépite pose le décor d’une soirée terriblement dansante. Il enchaine dans la foulée « Getaway », premier single et morceau d’ouverture dudit album. Dans ce second opus, Gaspard Royant délaisse légèrement son amour pour le vieux rock’n’roll made in USA. Sa nouvelle passion ? La Northern Soul. Et comme le chanteur d’origine savoyarde ne fait pas les choses à moitié, il s’allie à un connaisseur du genre pour la production: Edwyn Collins, à qui l’ont doit notamment l’indémodable  « A Girl Like You ».  Plus qu’un simple genre musical héritier de la Motown et de la soul, la Northern Soul, c’est surtout une sous-culture, faite de danse et de looks chiadés.Cette sous-culture, Gaspard Royant s’en inspire et se l’approprie à sa manière.

Cheveux gominés, smoking blanc cintré et chaussures rutilantes, seul la paire de Ray Ban manque à sa panoplie habituelle. Même dress-code pour son groupe, tous en costume noir. Cet esthétisme créé une homogénéité élégante à la Beatles.  D’autant plus que leur complicité et leur plaisir de jouer ensemble sont évidents.

Le groupe enchaine les morceaux enlevés et sautillants extraits des deux albums. Sur « All the Cool in You Is Me », « Europe », ou « 7 Inch Club », Gaspard Royant tambourin à la main, fait démonstration de son jeu de jambes étourdissant. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a la bougeotte. Sur scène, d’abord, où il évolue comme un poisson dans l’eau. Mais dans la vie aussi. Son album, il l’a enregistré entre Carpentras, Londres et le nord de l’Écosse. Ses vagabondages sur les routes américaines nourrissent sa musique. Évidemment, son livre préféré, c’est Sur la route, de Kerouac.  Et son héros ? Marty McFly.

Ses chaussures cirées arrêtent de s’agiter sur le plus calme « Here For Nobody ». Gaspard Royant troque son tambourin pour une guitare acoustique. Il se fait suppliant sur « The One You Need », fait du rock’n’roll sa religion sur « New Religion », devient storyteller sur « The Woods ». À plusieurs reprises, il confesse, un grand sourire aux lèvres, son bonheur d’être face à un public, après des longs mois passé entre les quatre murs d’un studio. Et le plaisir est partagé. Après le très enjoué et Miles Kane-esque « Solo Artist of the Year », le groupe s’éclipse. Avant de revenir au plus vite calmer le jeu avec le mélancolique « Summer’s Song », que le chanteur décrit comme le tube de l’été.  Quand il entonne les premières paroles de Marty McFly, single phare du premier album, le public les hurle avec lui. L’audience se dandine, l’acclame.  Sur « All Is Truth », dernier morceau du set, Gaspard Royant s’offre même un bain de foule dans l’euphorie générale.  Il quitte la scène discrètement, laissant à son groupe l’honneur de clôturer le concert. Pierre Durand à la batterie redouble d’énergie, Julien Zanetti gratte les cordes de sa basse sans relâche, l’excellent guitariste Laurent Blot et le complétement génial et ultra-enthousiaste pianiste Léo Cotten se répondent par instruments interposés. Un final en apothéose pour une soirée survoltée. 

Si nous étions physiquement au 23 rue Boyer ce soir là, Gaspard Royant et sa clique nous ont transporté dans un espace-temps loin, très loin d’ici. Sur “Marty McFly”, le chanteur proclame vouloir se réveiller en 1985. La Maroquinerie, elle, s’est retrouvée quelque part dans le passé. Ou le futur. On ne sait plus trop, on est perdu. Peu importe. En s’inspirant d’une époque révolue qu’il n’a pas connu, Gaspard Royant délivre un univers empreint de nostalgie, et pourtant profondément moderne. Il tire ses influences du producteur Phil Spector, de Roy Orbison ou des Everly Brothers, et ajoute sa patte contemporaine à ce savant mélange. Surtout pas rétrograde, encore moins bloqué dans une époque passée, Gaspard Royant créé son propre-espace temps. Intemporel. 

Allez vite écouter son dernier single « Baby I’m with You ». Ça vous rendra joyeux, et vous pourrez même dire que vous écoutiez le monsieur avant que son nom soit sur toutes les bouches. 

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=EVCSuh6GV00[/embedyt]

Setlist : 

  • Hard Times
  • Getaway
  • All the Cool in You Is Me
  • Europe
  • 7 Inch Club
  • Do I Love You
  • Here For Nobody
  • The Woods
  • Monkeytown
  • Speed Your Heart 
  • The One You Need
  • New Religion
  • Cutest in Town
  • Follow the Rythm
  • Higher and Higher
  • Baby I’m With You
  • Solo Artist of the Year
  • Summer’s Gone
  • Marty McFly
  • All is Truth


[Crédit Photo : © DR / Cléa Jouanneau ]

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