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Kaguyahime à l’Opéra Bastille

12 juin 2010
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Le chorégraphe Jiri Kylian a ôté tout folklore japonais au ballet Kaguyime. La première scène très épurée s’ouvre sur un monde sonore en suspens. Dans une nuance pianissimo, émergeant lentement du silence, tout en scintillements de cymbales et de grelots, la princesse exilée de la lune apparaît comme par magie. Seule la musique évoque cette cour du Japon, musique subtile et spirituelle, délicate et raffinée, jouée par l’ensemble Gagaku.

Comme une apparition, Marie-Agnès Gillot danse en solo, vêtue d’un juste au corps blanc brillant, en fond de scène, au centre, élevée au-dessus de bambous qui tournoient dans la nuit.

Le temps semble en suspens comme les pas de la danseuse. Suprême beauté, Marie-Agnès Gillot marche à un autre rythme que ses prétendants, ce qui lui permet de leur échapper : elle est inaccessible. Tantôt oiseau dans la première partie, aux gestes décomposés et amples et plutôt féline, souple dans la seconde partie. Avec grâce, cinq prétendants, l’un après l’autre, s’élancent vers elle. Leur corps s’arqueboutent, se plient, s’effondrent vainement.

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Un grand souffle de gaieté naît de l’arrivée des jeunes filles tourbillonnantes et riantes entraînant les prétendants dans des danses folkloriques. Mais les tambours traditionnels japonais des Kodos résonnent dans la fosse et sur scène, ils annoncent les conflits violents des villageois. La musique de Maki Ishii étourdit, devient extraordinairement violente et sauvage. La danse des combats commence, opposant les danseurs en costume blanc et noir. L’antinomie des couleurs fonctionne efficacement.

Kiri Jilian crée un univers merveilleux et cosmique. L’ordre des éléments naturels semble bouleversé : on aperçoit d’immenses chevaux noirs suspendus étrangement par les pattes. Des barres de métal décrivent des lignes géométriques très pures au plafond. Des portes s’avancent d’elles-mêmes empêchant la jeune fille de s’enfuir, devenant des miroirs. Avec une économie de moyens, le chorégraphe unit un instant l’empereur ardent, Stéphane Bullion, récemment nommé étoile, noble et sobre, dont la puissance est symbolisée par un immense rideau or et par la jeune fille enserrée quelques secondes dans ses griffes.


Marie Torrès



Kaguyahime
Chorégraphie : Jiri Kylian
Musique : Maki Ishii
Direction musicale : Michael De Roo
Décors et lumières : Michael Simon
Costumes : Joke Visser
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet 
Kodo, Ensemble Gagaku et Ensemble de percussions invité
Entrée au répertoire
Nouvelle production

Durée du spectacle : 1h40 avec un entracte


Jusqu’au 15 juillet 2010

Réservations : 08 92 89 90 90 ou sur le site de l’Opéra.

Prix des places : 5€, 10€, 18€, 31€, 46€, 57€, 68€, 82€

Opéra Bastille
Métro Bastille

www.operadeparis.fr

 

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