Orphée et Eurydice – Atelier lyrique de l’Opéra de Paris
Elles sont trois solistes de l’Atelier lyrique de l’Opéra National de Paris à devoir franchir les portes de l’enfer. Le spectateur, lui, devra se déplacer à Bobigny pour assister à une mise en scène contemporaine de l’œuvre Orphée et Eurydice composée par Gluck dans la version française revue par Berlioz.
Le résultat pourra surprendre mais mérite de s’y arrêter pour deux raisons. La première vient du plateau vocal juvénile qui permet d’entendre de belles voix neuves et fraîches à la fois (deux distributions en alternance sont présentées). Le couple formé par la mezzo-soprano française Marianne Crebassa (Orphée) et la soprano chinoise Chenxing Yuan (Eurydice) le soir de la première fonctionne avec force vocale et conviction scénique bien que la prononciation manque encore à l’appel. Faute de comprendre vocalement parlant l’histoire somme toute assez simple (Orphée, qui vient de perdre son Eurydice, descend aux enfers la retrouver avec la complicité d’Amour), la mise en scène du tandem Dominique Pitoiset et Stephen Taylor viendra donner quelques indices à travers une enquête policière proche du Twin Peaks de David Lynch.
L’enfer sur terre
En choisissant le suicide comme toile de fond, les metteurs en scène captent efficacement l’attention. L’atmosphère en huis clos dans un appartement froid et austère style Mobalpa pèse dès le levé de rideau mais prend au fil du temps un caractère intriguant et étouffant. Au-delà du mythe lui-même, cette vision neuve propose un regard amère sur la jeunesse moderne, assez proche du regard du réalisateur Fabrice Gobert dans son récent film Simon Werner a disparu…
Esthétiquement beau et d’apparence simple, la scénographie tire cependant trop les larmes des yeux au travers de quelques éléments dispensables comme une vidéo rappelant les souvenirs d’antan du couple ou une chaise roulante où est assise une Eurydice paralysée. Un sentiment claustrophobique envahit alors le spectateur rappelant que l’enfer n’est pas que sous mais aussi sur terre. Par ce procédé, le mythe touche davantage à nous mortels qui ne pouvons rien faire face à la mort d’un proche. L’Amour réconcilie bien nos deux héros mais dans des circonstances particulières qui ne laissent pas forcément indemne. C’est ce sentiment paradoxal entre enfermement et ouverture qui permet au final d’apprécier cette production à première vue facile et sans prétention, dotée d’une orchestration aussi jeune et engagée que ses solistes.
Edouard Brane
Orphée et Eurydice
Musique : Christoph Willibald Gluck
Atelier lyrique de l’Opéra National de Paris
Directeur musical : Geoffroy Jourdain
Metteurs en scène : Dominique Pitoiset et Stephen Taylor
Les solistes de l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris
Orchestre Atelier OstinatO, Département supérieur pour jeunes chanteurs – Le Jeune Choeur de Paris
4 représentations tout public :
– lundi 2 mai 2011 – 20h30
– mercredi 4 mai 2011 – 20h30
– vendredi 6 mai 2011 – 20h30
– dimanche 8 mai 2011 – 15h30
2 représentations scolaires :
– mardi 3 mai 2011 – 14h30
– jeudi 5 mai 2011 – 14h30
Durée :1h40
Lundi 2, jeudi 5, dimanche 8 :
Marianne Crebassa, Chenxing Yuan, Elisa Cenni
Mardi 3, mercredi 4, vendredi 6 :
Alisa Kolosova, Ilona Krzywicka, Olivia Doray
Tarifs : de 9€ (- de 18 ans) à 25€ (plein tarif) – 6€ (représentations scolaires)
Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis
1, boulevard Lénine – 93000 Bobigny
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