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Thé à la menthe ou t’es citron ?

24 avril 2010
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fontaine

La metteuse en scène suissesse (Isabelle Spade) a fort à faire avec sa troupe. Le mélange des comédiens professionnels et des amateurs est loin d’être homogène ! Courageuse et optimiste, elle galvanise ses troupes. Le jeune premier (Patrick Haudecœur ) qui doit tout à sa parentèle est un maladroit pathologique, un cas d’école. Mille fois sur le métier des répétitions, il ratera son entrée ou ébouillantera sa partenaire, qui ne rêve que de l’étrangler. Mais on ne peut pas renvoyer le fils du producteur !

La pièce qu’il tente de répéter est une pièce de boulevard classique avec amant dans l’armoire, quiproquos, portes qui claquent. Notre jeune premier fait ses premières armes, et visiblement il n’est pas doué du tout. Il rate toutes ses entrées, ne sait pas son texte, bref il est aussi à l’aise sur scène qu’une escouade de pingouins déboussolés. Certes il est gentil, mais si ce mélange de Pierrot lunaire et de Pierre Richard ne manque pas de poésie pour ceux qui ne travaillent pas avec lui, pour ses partenaires c’est une calamité, un cauchemar.

Sa partenaire est au bord de l’explosion ou du meurtre selon les heures. Le technicien goguenard en a connu d’autres, il est d’une placidité à toutes épreuves, la costumière vit dans une autre galaxie, et le grand premier rôle masculin est un cabot intersidéral. Le rideau se baisse, murmures dans la salle et grâce à l’espace temps théâtral, nous sommes propulsés le soir de la première. Les sentiments qui assaillent la metteuse en scène doivent être proches de ceux du capitaine du Titanic !

La pièce de Patrick Haudecœur utilise tous les ressorts classiques du genre, quiproquos, gags, décalages pour atteindre à une catastrophe annoncée, nous emmenant sur le plus haut barreau de l’échelle de Richter du rire ! L’auteur interprète le jeune premier cataclysmique, le temps n’a aucune prise sur lui, Patrick Haudecœur est-il le fils du créateur du rôle ? D’une souplesse diabolique, il est craquant dans ses maladresses. Isabelle Spade nous offre une metteuse en scène à l’accent suisse délicieux. Sa patience, son optimisme est une leçon pour le métier. Nathalie Cerda est une comédienne « inoxydable », son autorité est mise à rude épreuve, mais qui est son modèle au théâtre subventionné ? Il faut, enfin, le talent de Jean-Luc Porraz pour jouer un tel cabot.

Le succès de ce spectacle est un véritable phénomène puisqu’il se joue à guichet fermé et qu’il faut réserver sous peine de rater l’un des spectacles les plus historiquement drôles.

Marie-Laure Atinault


Thé à la menthe ou t’es citron ?

De Danielle Navarro-Haudecœur et Patrick Haudecœur
Mise en scène de Patrick Haudecœur

Avec Nathalie Cerda, Jean-Luc Porraz, Isabelle Spade, Patrick Haudecœur, Jean-Pierre Lazzerini ou Bob Martet, Edouard Pretet et Sandra Biadalla


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