Sarabande – Le Lucernaire
Marianne, avocate sexagénaire, décide de retrouver son ancien mari alors qu’elle contemple des photos de sa vie passée. Persuadée qu’il l’appelle de son antre de solitude dans laquelle il s’est réfugié depuis des années, elle va partir raviver un amour dont la force a laissé des sillons malgré la rupture et l’absence. Mais les motifs de la rupture, bien qu’indicibles, se révèleront vivaces eux aussi. Car Johan ne regrette rien : ni ses infidélités, ni le mal qu’il a pu faire autour de lui. L’égoïsme dont il fait preuve happe également sa relation avec son fils, Henrik, qu’il s’applique à dédaigner copieusement. Seule Karin, la fille d’Henrik, trouve grâce à ses yeux.
Le tout sous l’ombre omniprésente d’Anna, défunte mère de Karin, qui bénéficie d’une égale adoration de la part d’Henrik et de Johan. Les qualités magnifiées de cette femme décédée ne font qu’accentuer cette impression que les deux protagonistes masculins ne savent pas développer avec leurs contemporains des relations heureuses.
La justesse de la mise en scène et du jeu des acteurs éclaire le déséquilibre fondamental que cette pièce donne à voir sur les deux sexes : un portait de l’homme peu flatteur, engoncé dans son égoïsme et sa faiblesse à endosser le rôle de vivant. Tandis que les femmes allient des qualités telles que le courage, la douceur et une part maitrisée de sacrifice pour atténuer la douleur de ces hommes qui partagent leur vie mais ne sont pas taillés pour faire face à leur propre existence.
Les thèmes chers à Bergman s’entrelacent donc dans cette pièce testamentaire qui fut initialement un film ; et si les dialogues ne sont pas les plus puissants que l’auteur ait légués, ils témoignent sans aucun doute d’une bonne connaissance de certains travers de l’âme humaine.
Sophie Thirion
Sarabande
D’Ingar Bergman
Avec Annie Sinigalia, Pierre Constant, Alice de Lencquesaing et Fabrice Eberhard
Mise en scène de Jean-Claude Amyl
Décor : Jean-Pierre Schneider // Lumières : Benjamin Nesme
Conception numérique : Pierre-Alfred Eberhard et Emilien Grezes
Conseiller musical : Yann Chiffoleau
Du 16 janvier au 24 février 2013
Du lardi au samedi à 21h30
Le dimanche à 17h
Réservations : 01.45.44.57.34
Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
M° Vavin ou Notre-Dame des Champs
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Les pièces à voir à Paris en janvier 2013 // février 2013
Articles liés
“Qui a peur”: une comédie cruelle et drôle, à découvrir dès le 7 mai au Théâtre 14
Claire et Koen, comédiens vétérans, condamnés à jouer depuis des années “Qui a peur” de Virginia Woolf. Mais c’est alors que leur carrière déclinante prend un tournant lorsque deux jeunes acteurs entrent en scène. Sous la direction d’Aurore Fattier,...
“We do not remember” : la première exposition personnelle de Levi van Veluw à la galerie Les filles du calvaire
Du 2 mai au 8 juin, la galerie Les filles du calvaire présente l’exposition “We do not remember” de l’artiste néerlandais Levi van Veluw dans laquelle il met en scène son monde intérieur dans des installations monumentales aussi bien...
Un voyage à Buenos Aires avec “Tango y Tango” au Théâtre Marigny
Après le succès au Théâtre du Rond-Point, Tango Y Tango revient sur scène au Théâtre Marigny à partir du 16 mai 2024 ! Plongez dans une milonga de Buenos Aires, un bar, une piste de danse, comme le rêve...