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Un singe en hiver – Eddy Mitchell – Théâtre de Paris

16 décembre 2013
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Un singe en hiver

Mise en scène Stéphane Hillel
Assisté de Brigitte Villanueva et Emmanuelle Tachoires

D’après le film réalisé par Henri Verneuil
Dialogué par Michel Audiard // Adapté par François Boyer

Avec Eddy Mitchell, Fred Testot, Évelyne Dandry, Gérard Loussine, Chloé Simoneau et Stéphan Wojtowicz

Lumières : Laurent Béal // Scénographie : Édouard Laug // Costumes : Brigitte Faur-Perdigou

A partir du 27 février 2014
Du mardi au samedi à 20h30
Le samedi à 17h

Tarifs (hors frais de location) : 70 € (Carré or), 52 € (cat 1), 42 € (cat 2), 32 € (cat 3) et 22 € (cat 4)

Réservation par tél. 01.48.74.25.37

Durée : 1h35

Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009 Parie
M° Trinité

www.theatredeparis.com

À partir du 27 février 2014

Gabriel Fouquet arrive un soir d’automne dans l’hôtel tenu par Albert Quentin sur la côte normande. Une amitié va naître entre les deux hommes.

L’un boit, l’autre ne boit plus.
Fouquet est à la dérive, il vit une énième déconvenue amoureuse et cherche à renouer avec sa fille de dix ans, en pension à Tigreville. Les deux hommes se jaugent, s’apprécient, se reconnaissent, se livrent. Quentin va, pour une fois, une ultime fois, rompre son serment. Quentin et Fouquet enchaînent les sakés et les toasts : à l’Amiral Guéprate, à Manolete, aux fusiliers marins d’Extrême-Orient, à Joselito… Quentin redescend le Yang-tsé-kiang, Fouquet salue la foule à Madrid. Emportés dans un élan d’enthousiasme éthylique, ils décident de raser le littoral, rayer la Normandie de la carte et tirent un feu d’artifice mémorable.

Un Singe en Hiver n’est pas un éloge de l’alcoolisme. Le roman d’Antoine Blondin raconte surtout avec sensibilité et finesse une histoire d’amitié pudique, la rencontre d’un homme à l’automne de sa vie avec un jeune homme perdu qu’il cherche jusqu’au bout à protéger contre les conséquences accablantes de l’ivresse. Il reconnaît peut-être en lui le fils qu’il n’a pas eu.

Eddy Mitchell et Fred Testot reprennent avec complicité les rôles tenus au cinéma par Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. Ils nous invitent, dans cette adaptation pour le Théâtre, à redécouvrir l’univers d’Antoine Blondin et la langue jubilatoire de Michel Audiard. Dans les mémoires, Quentin et Fouquet resteront à jamais les princes de la cuite.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=uoeQna0K1PM[/embedyt]

Caroline-Nieszawer-Un-singe-en-hiver1Adaptation théâtrale de Stéphan Wojtowicz

Un singe en hiver, c’est avant tout un roman d’Antoine Blondin, puis un film dialogué par Michel Audiard. Autant dire qu’une adaptation pour le théâtre, à partir de ces « talents d’origine », nécessitait respect et humilité. Les dialogues d’Audiard proposent déjà une partition théâtrale, il fallait en retrouver la rythmique, les enchaînements, les silences et intervenir avec précaution. Le déroulement de l’histoire mêle l’intime et le flamboyant dans une petite ville normande qui ne demande qu’à reprendre des couleurs, ensommeillée dans la grisaille de la Toussaint.
J’ai fait le choix de recentrer l’action essentiellement dans les lieux de boisson, à l’Hôtel Stella, au Café normand et au Café chinois. Trois bars. Je me suis imprégné des mots de Blondin, de son univers, je me suis immergé dans l’atmosphère de l’histoire, j’ai plongé dans le début des années 60 dont la langue n’est pas exactement celle d’aujourd’hui, j’ai assisté à la naissance de cette amitié pudique et tendre entre Quentin et Fouquet. Une relation ponctuée par l’omniprésence de Suzanne, gardienne du serment, la sottise d’Esnault « l’affreux », l’enthousiasme de Landru, marchand de feux d’artifice et de pull-over, le charme naïf de Marie-Jo, la jeune serveuse du Stella, l’innocence de Marie, la fille de Fouquet.
Il m’a semblé essentiel d’aller rechercher chez Blondin quelques saveurs que le cinéma avait été obligé d’élaguer.

Le théâtre permet plus de mots. Et quels mots !

Stéphan Wojtowicz – Adaptateur

Caroline-Nieszawer-Un-singe-en-hiver2Mise en scène par Stéphane Hillel

Pourquoi porter à la scène une oeuvre qui initialement ne lui était pas destinée et dont le film issu du roman est devenu un classique du cinéma ? Qu’offre de plus la version théâtrale d’« Un singe en hiver »?

Avant le « comment » mettre en scène, c’est à cette question du « pourquoi » qu’il me semblait essentiel de répondre. En revoyant le film et surtout en relisant le roman, la réponse a commencé à apparaitre. Elle est devenue une évidence quand Stéphan Wojtowicz m’a fait lire une première version de son adaptation. Le cinéma, c’est la prépondérance de l’image. Le théâtre, c’est la prépondérance du texte. Là où le cinéma donne à voir, le théâtre donne à entendre.
Donner à entendre Blondin et Audiard… La voilà ma réponse au pourquoi… Elle va conditionner le comment…
Mettre en avant le texte, c’est évoquer tous les lieux où se situe l’action sans que les changements des différents décors ne viennent interrompre la narration et hacher le récit. C’est aussi éviter les effets de mise en scène inutiles et ne conserver que ceux nécessaires à l’action. C’est enfin donner toute la place à ceux qui vont porter le
texte, les voix de Blondin et Audiard. Eddy Mitchell, Frédéric Testot, Evelyne Dandry, Stéphan Wojtowicz, Gérard Loussine, Chloé Simoneau, ont été choisis parce ces acteurs-là parlent le Blondin-Audiard comme d’autres le chinois, le russe ou le javanais.

Stéphane Hillel – Metteur en Scène

Caroline-Nieszawer-Un-singe-en-hiver4Antoine Blondin

Romancier et journaliste, on se souvient de ses chroniques du Tour de France cycliste qu’il suivra à 27 reprises pour le journal « L’Équipe » (ses amis le surnommaient « chronicoeur »). On se souvient de son roman le plus connu, « Un singe en hiver », couronné par le prix interallié 1959. On a davantage oublié qu’il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages parus entre 1949 et 1988, ce qui ne l’empêchait pas d’ironiser sur son sort : « Je suis resté mince, mon oeuvre aussi ». Buveur notoire, il s’est servi de sa propre expérience pour raconter les affres de l’alcool que subit Gabriel Fouquet dans « Un singe en hiver ». Pour l’anecdote, Blondin lui-même aimait jouer à la corrida avec les voitures à Saint-Germain des Prés, bien avant de faire revivre ses frasques à son personnage lors d’une nuit de beuverie. Fouquet ressemble à Blondin, Blondin ressemble à Fouquet. Ils aiment les mots, les bars et l’amitié. Blondin considérait l’amitié comme son unique richesse. Lorsqu’il rencontrait une femme, il lui promettait : « Je vous présenterai mes amis ». La nouvelle compagne déchantait souvent rapidement au contact de cette richesse parfois envahissante.

S’il trouvait au fond des verres de quoi repousser ses fantômes, il est clair que l’alcool n’a rien apporté de plus à ses fulgurances d’auteur. Car, sans talent, Antoine Blondin n’aurait eu que des gueules de bois mais pas d’éditeurs. Parsemée d’humour désespéré et d’accents céliniens, la brillance et l’intelligence de son écriture fascinent toujours.

Caroline-Nieszawer-Un-singe-en-hiver5Michel Audiard

Présent au générique de plus de cent films entre 1949 et 1985 en tant que scénariste, adaptateur, dialoguiste, réalisateur, Audiard a laissé une empreinte indélébile dans le cinéma français. Tour à tour décrié, porté aux nues, considéré péjorativement par la Nouvelle Vague comme le symbole du « cinéma de papa », il fait aujourd’hui l’objet d’un véritable culte populaire. On se répète un grand nombres de ses répliques par coeur, à tel point que certaines sont devenues des maximes, d’innombrables auteurs avouent s’en inspirer régulièrement.

Outre « Un Singe en Hiver », citons pour mémoire quelques succès : Les Tontons flingueurs, Archimède le clochard, Rue des prairies, Le Baron de l’écluse, Un Taxi pour Tobrouk, Le Président, Le cave se rebiffe, Le Gentleman d’Epsom, Mélodie en sous-sol, Le Pacha, Garde à vue, Mortelle Randonnée, admirablement servis par plusieurs générations d’acteurs tels que Gabin, Belmondo, Blier, Serrault, Biraud, Ventura, Lefebvre, Delon… Audiard était malgré tout capable de modestie lorsqu’il disait : « Si on a du génie, on ne fait pas de cinéma, on écrit un grand livre. »

[Visuels : © Caroline Nieszawer]

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