Démons : couples au bord de l’enfer
Démons Mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo Avec Anaïs Demoustier Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h Tarifs : de 12 à 38 € Réservation en ligne Durée : 1h50 Théâtre du Rond-Point M° Franklin D. Roosevelt ou Champs-Élysées Clémenceau |
Entouré d’acteurs vedettes – Romain Duris, Marina Foïs, Gaspard Ulliel, Anaïs Demoustier –, Marcial Di Fonzo Bo signe au Rond-Point une mise en scène précise et forte de cette tragédie du quotidien de Lars Noren. Âmes sensibles s’abstenir.
Une pièce en forme de brûlot Démons met en scène deux couples qui vont s’entraîner l’un l’autre au désamour et à la déchirure. Frank (Romain Duris) et Katarina (Marina Foïs) vivent bourgeoisement dans un grand appartement, sans enfant, mais leur relation conjugale est autant énigmatique que chaotique. La violence verbale et physique, l’ironie, la moquerie et la méchanceté colorent leurs rapports et leurs dialogues sans qu’on sache exactement de quoi chacun des deux souffre réellement et la nature de leur sincérité. Désœuvrés, pervers, ils invitent leurs voisins, Thomas (Gaspard Ulliel) et Jenna (Anaïs Demoustier) à prendre un verre. Soucieux de surveiller leurs enfants en bas âge en laissant décroché leur téléphone alors qu’ils sont à l’étage supérieur, ils se laissent peu à peu ébranler par la déviance de Frank et de Katarina qui ne cessent de les provoquer et de mettre en pièces leur prétendue harmonie familiale. Sexualité et fantastique “Tu vois… j’ai finalement découvert qu’on pouvait baiser par amour et qu’on pouvait baiser sans amour… je veux dire, baiser avec toi sans amour, ce que j’ai fait ces dernières semaines… C’est une expérience terrifiante… comme d’arriver au crépuscule dans un endroit qui vient d’être ravagé par la guerre, et on compte les cadavres. C’est comme coucher avec un cadavre”, dit Frank à Katarina. Jeu d’acteurs éblouissant Pour interpréter ces personnages monstrueux ou brisés, un quatuor d’acteurs en or se saisit du plateau. Romain Duris, beau gosse à moustache dans un costume cintré, est éblouissant de présence dans sa composition de macho pervers à la sexualité ambivalente. Sauvage et mutique, Marina Foïs trottine, égarée et moulée dans des robes hyper sexys, à la recherche d’un amour impossible que ni Gaspard Ulliel, dans une composition de jeune époux coincé et gauche, ni Anaïs Demoustier, touchante en mère de famille castratrice et angoissée, ne peuvent satisfaire. Chacun d’eux y va de sa vérité d’acteur en construisant dans cette scénographie hors du temps, mouvante, une boule d’affects en fusion. C’est assez magnifique. Hélène Kuttner [Photos © Giovanni Cittadini Cesi] |
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