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887 de Lepage : mon père ce héros

13 septembre 2015
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Lapage1

Robert Lepage 887

De Robert Lepage

Mise en scène de Robert Lepage

Avec Robert Lepage

Mercredi 9, jeudi 10, vendredi 11, samedi 12, lundi 14, mardi 15, mercredi 16, jeudi 17 septembre à 20h30

Tarifs : de 18 à 35 €

Réservation au
01 42 74 22 77 

Durée : 2h05

Théâtre de la Ville avec le Festival d’Automne
2, place du Châtelet
75004 Paris

M° Châtelet
(lignes 1, 4, 7, 11 et 14)

www.theatredelaville-paris.com

Du 9 au 17 septembre 2015

Dans un éblouissant solo qui traverse son enfance et l’histoire du Québec, le metteur en scène-acteur-réalisateur Robert Lepage, invité du Festival d’Automne, rend hommage à son père et au courage de ceux qui modestement ont construit le Québec. Théâtre, poésie et vidéo sont ici au service d’un texte au souffle bouleversant.

“Je me souviens”

C’est la devise inscrite sur les plaques d’immatriculation au Québec. Robert Lepage, tranquillement, armé d’un téléphone portable qui se transforme en mini-caméra ou en mini-projecteur, promène sa silhouette sombre sur le trottoir de son enfance : son immeuble au 887, une boîte illuminée par les fenêtres qui s’allument comme dans un jeu d’enfants et qui font apparaître en miniatures leurs habitants. Puis le taxi de son père, qu’il attendait gamin le soir en écoutant des sonates de Chopin jouées par une voisine. Lepage raconte, de manière anecdotique ou en alexandrins, en faisant vivre ses personnages – son père, sa mère, ses sœurs, ses voisins – avec une tendresse baignée d’un humour décapant. Et ces images, ce passé qui remontent avec des photos projetées, grossies à partir de son faux téléphone, télescopent la grande histoire du Québec libre proclamé par le Général de Gaulle en 1967.

Lapage2Speak white

C’est le titre d’un formidable poème de Michèle Lalonde que Lepage avait choisi de dire lors d’une journée consacrée à la poésie. L’injonction en anglais que les esclaves noirs dans les plantations de coton se devaient de respecter afin de parler à leurs maîtres blancs, expression reprise par les Canadiens anglais envers les Canadiens français qu’ils considéraient comme subalternes. Avec une émotion et une rage non dissimulées, Lepage revient sur le poème dans un final en point d’orgue qu’il dédie à son père, autodidacte d’origine modeste, maître nageur puis taxi, qui fit vivre femme et enfants, avec une grand-mère démente. Le fossé social entre Français dominés et pauvres et Anglais dominants et riches était dans les années 60 à son comble. Et le petit Robert n’intégrera d’ailleurs jamais l’école qu’il souhaitait faire, malgré des résultats plus que bons, en raison de la profession de son père.

Lapage3Magie de la scène

Seul avec un ami dans sa cuisine aujourd’hui, dans une scénographie remarquable de simplicité, ou enfant distribuant les journaux en pleine révolte, observant De Gaulle défilant dans la même voiture que J.F. Kennedy le jour de son assassinat, le metteur en scène joue comme à son habitude avec différentes échelles d’images – projetées, virtuelles, animées – en se déplaçant lui-même au milieu de ces maquettes à la précision technique prodigieuse. L’invention technique ici, qui conserve un aspect artisanal et humain, est totalement mise au service d’un propos sur l’homme et sur la mémoire finement écrit par l’auteur. Sur la grande scène du Théâtre de la Ville, il nous interpelle doucement, nous prend par la main pour nous expliquer ses origines et celles de son pays. Pour comprendre ce que “se souvenir” veut dire. C’est beau, c’est simple, c’est très habilement construit et bouleversant. 

Hélène Kuttner

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[Photo © Erick Labbé / Théâtre de la Ville]

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