Chantal Ladesou est une sacrée Peau de vache au Théâtre Antoine
|
Peau de vache De Barillet et Grédy Mise en scène de Michel Fau Avec Chantal Ladesou, Grégoire Bonnet, Anne Bouvier, Urbain Cancelier, Maxime Lombard, Stéphanie Bataille et Gérald Cesbron Jusqu’au 31 décembre 2016 Du mardi au samedi à 21h, samedi et dimanche à 16h Tarifs : de 22 à 68 € Réservation en ligne Durée : 1h30 Théâtre Antoine M° Strasbourg – Saint-Denis |
Jusqu’au 31 décembre 2016
Après avoir fait triompher Catherine Frot avec Fleur de cactus dans ce même théâtre, Michel Fau reprend un autre succès des années 70 de Barillet et Grédy en dirigeant Chantal Ladesou dans le rôle tenu jadis par Sophie Desmarets. La comédienne y est explosive et maîtrise la folie de son personnage du début à la fin, au sein d’une équipe artistique à l’unisson de cette épatante énergie. Entrer dans la folie
Telle une locomotive fulminante qui entre en gare à plus de 300 km/h sans freiner, Chantal Ladesou déboule sur la scène avec son sécateur de jardin à la main, donnant des ordres, invectivant, hurlant, alors que son violoncelliste de mari, pantalon fuchsia à pattes d’éléphant (Grégoire Bonnet), encaisse les coups et les cris avec son flegme habituel. Marion est une mégère non apprivoisée, une virago domestique qui sème la terreur dans le voisinage lorsqu’elle tond son jardin ou arrache les mauvaises herbes. En réalité, Marion est une tigresse qui fait le vide autour de son protégé de mari, vedette de la musique classique, qui tremble devant sa femme et fait ses coups en douce. Dans des toiles peintes d’une nature fleurie aux couleurs de bonbons acidulés (décor de Bernard Fau), les comédiens sont projetés sur des nacelles roulantes qui les font ressembler à des personnages d’une bande dessinée. Ils prennent des poses, soulignent leurs mouvements, nous sommes bien dans une carte postale où valsent les clichés, un monde où la folie et la fantaisie règnent en maîtres et où les acteurs nous embarquent avec bonheur. Ponctuée entre chaque acte par un tube des années 70 et un rideau de publicités, la pièce enchaîne les scènes au fil d’un tempo rapide, avec des silences syncopés comme du jazz. Et c’est bien cela la réussite de cette nouvelle mise en scène de Michel Fau. Dès le début, le ton est donné et sera celui d’un décalage dans le burlesque, le surréaliste, l’onirique. On suit Marion-Chantal Ladesou parce qu’elle nous embarque avec son débit de blonde camionneuse dans une folie furieusement clownesque, à la Louis de Funès. Son énergie, son débit vocal, sa manière d’avaler les syllabes font d’elle un phénomène comique, une créature fantastique, hybride, qui tiendrait de l’homme et de la femme à la fois, voix grave et gouailleuse, autorité de colonel d’armée. Autour d’elle, habillés de tenues aux couleurs pétantes (costumes de David Belugou), les autres comédiens nous donnent le même plaisir de jeu. Grégoire Bonnet en mari débonnaire et faiblard, Anne Bouvier en hystérique journaliste, Urbain Cancelier en vétérinaire goguenard, Maxime Lombard en voisin délirant, Stéphanie Bataille et Gérald Cesbron en voisins ridicules nous plongent dans un univers à la fois trop vrai et trop factice, où la farce est toujours présente. Barillet et Grédy, maîtres du boulevard contemporain Alors que Potiche a été adaptée au cinéma par François Ozon, ces deux auteurs font leur miel des comédies de boulevard moderne dont le metteur en scène Michel Fau se saisit avec délectation. Bien écrites, et bien jouées, ces comédies où triomphent souvent les femmes de caractère font aussi le pendant aux comédies américaines dans lesquelles des héroïnes comme Katharine Hepburn par exemple, intelligente, vive et gouailleuse, menaient tout leur petit monde par le bout du nez. Une manière de se libérer de siècles de domination masculine pour des fortes en gueule dont l’intelligence et le culot sont les principaux atouts. Chantal Ladesou, dans Peau de vache, tient la pièce de bout en bout, avec une malice sans cesse renouvelée. Hélène Kuttner |
Articles liés

“Détail d’un vase grec à figures rouges”, du théâtre déconstruit à l’Athénée
Ce spectacle n’est pas un spectacle. Ou peut-être que si ? En tout cas, ce n’est pas un spectacle. Inscrits avec humour dans une démarche de déconstruction de la représentation théâtrale, Flavien Bellec, Étienne Blanc, Clémence Boissé et Solal Forte...

L’adaptation du conte “Poil de Carotte” à l’Athénée Théâtre
À rebours d’une adaptation littérale du conte cruel de Jules Renard, Poil de Carotte, le trio Flavien Bellec, Étienne Blanc et Solal Forte s’appuie sur l’expérience de l’humiliation portée par le roman pour déconstruire la représentation théâtrale. Entre geste...

Le Popup! accueille Laura Stevenson en concert pour une date unique
Dans les quatre années écoulées depuis la sortie de son album éponyme, la vie de Laura a été bouleversée par la maternité en pleine pandémie, une séparation douloureuse et l’exploration de nouveaux amours. Son nouvel album parle de lâcher...

Jusqu’au 31 décembre 2016
Entrer dans la folie
Sheila et Dalida en intermèdes vintage



