Festivals danse d’avril – II : Hautes Tensions à La Villette

A La Villette, le festival Hautes Tensions réunit le cirque et le Hip Hop. Mais « Hautes Tensions » n’est pas une référence à d’éventuelles difficultés à coexister. Au contraire, le titre souligne l’état de corps qui prévaut dans les deux genres, où l’engagement physique est extrême.

Dans la Grande Halle de La Villette, salle Charlie Parker, Hip Hop et cirque peuvent même se partager une soirée sur un même plateau. Danseurs de break et acrobates se succéderont pour faire preuve de virtuosité. Et puis, cerise sur le gâteau et expérience vraiment nouvelle, ils partageront un Free Style improvisé.

Réunir Hip Hop et cirque ? L’idée peut paraître curieuse. En effet, les B-Boys qui aiment former un cercle pour se lancer dans un défi sont animés par la volonté à se surpasser les uns les autres, alors que les circassiens ne jurent que par la solidarité. Aux Anglais de Gandini Juggling, au collectif de la bascule, et aux breakers d’O’Trip House de s’affronter les 11 et 12 avril ! Mais l’opposition entre les genres n’est qu’apparente. Un Mourad Merzouki, aujourd’hui directeur du Centre chorégraphique national de Créteil et d’un centre de danse près de Lyon, n’a-t-il pas commencé par le cirque ?

Hautes Tensions met cependant en exergue comment les uns et les autres s’approprient leur savoir-éblouir. En cirque, les écoles sont des institutions où se forgent des collectifs d’artistes. Le Lido à Toulouse par exemple, où s’est créé la compagnie Sacékripa (comme son nom l’indique) qui présente le duo « Marée basse » et le solo « Vu ». Le Lido a aussi vu passer l’Israélienne Tania Sheflan dont on verra « Tania’s Paradise » sous yourte Kirghize. Sans oublier le duo espagnol Fet A Mà qui mélange acrobatie et chorégraphie en créant le genre du « porté dramatique ».
Mais l’école de cirque du moment est la DOCH de Stockholm ! Cette académie de danse et de cirque a vu se former La Meute, un ensemble de six garçons qui s’envoient en l’air grâce à la bascule. Leur tenue de scène : Baskets, chaussettes, serviette et barbichette. Plutôt marmaille que meute, ils n’hésitent jamais à s’amuser – ensemble ! « La Meute opère systématiquement à six car l’enjeu est gros. A l’heure de l’individualisme, elle préfère la coopération », revendiquent-ils. C’est vrai aussi pour les trois garçons issus de la DOCH qui forment la compagnie Sisters. Danois, français ou espagnol, ensemble ils sont prêts à tout dans « Clockwork », à voir le 12 et le 13 avril !

Quand le battle fait rage, les groupes s’affrontent dans des chorégraphies toujours plus audacieuses. Le fameux BOTY (Battle of the year) voit passer des groupes du monde entier. Les 4 et 5 avril, à la Grande Halle de la Villette, nous en verrons trois. Les Italiens de De Klan, les Russes de Jack’s Garret et les Coréens (du Sud, naturellement) de Morning of Owl. Ce sera l’occasion de vérifier quelles différences peuvent se former dans le langage partagée et adulé qu’est la Break Dance.

Plusieurs créations, dont « Cru » de Fet A Mà, sont par ailleurs présentées non loin de La Villette, au Théâtre au fil de l’eau à Pantin, lieu plein de charme au caractère intimiste, que l’on rejoint par une balade au fil du Canal de l’Ourcq.

Thomas Hahn

Egalement au festival Hautes Tensions: Anne Nguyen avec “bal.exe”. Cliquer ici pour lire l’article sur Artistik Rezo

[Photos : La Meute ©Queralt Vinyoli, Sisters (DR) De Klan au BOTY ©Berger Mark]